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PetitPrince
Super-Mouton
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Posté le : 30/07/2004 23:48:57 Sujet du message :

Les piaillements du piaf commençaient sérieusement à me taper sur les nerfs et... j’avais faim. Très faim. Je ne sais pas si c’est un effet pervers du désert ou du Médaillon, mais je me sentais prêt à avaler un éléphant d’un coup. Heureusement, nous arrivâmes à destination rapidement.

Celle-ci était pourtant discrète : une simple entrée à même la roche que rien ne distingue des autres grottes désertiques… si ce n’est une très jolie série de rune.
En entrant, on pouvait voir des peintures sur le mur, qu’un œil non-averti aurait prit pour des dessins pré-civilisation. Mais de toute façon, l’œil non-averti se serait fait déchiqueté par un superbe spécimen de chimère.

Le combat, qui semblait à priori dur (les chimères ne sont pas des créatures de légendes pour rien), fut d’une facilité déconcertante, avec un Rolland combatif à l’extrême. On aurait dit un molosse enragé. Encore heureux qu’Eidoreen soit là pour le calmer après la bataille…

Quoiqu’il en soit, l’essentiel du sanctuaire se trouvait sous le sable. Une température stable était la bienvenue après les journées de marche torrides et les nuits glacées. Après une centaine de mètre parcouru sous terre, nous arrivâmes à un croisement. La sortie gauche donnait sur une vaste grotte, tandis que la droite continuait dans l’ombre. Nous choisîmes la droite. Mais après avoir marché une dizaine de pas, le bellegeulette changea son babillage humain en un piaillement assourdissant. Plusieurs d’entres nous sentirent également le gaz, ainsi que le danger.
- Vers la grotte, vite !
Nous nous ruâmes vers la grotte avant de voir la sortie bouchée par l’explosion.


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macteyss
Le Gritche
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Posté le : 31/07/2004 13:59:46 Sujet du message :

Et bien on a encore eu chaud aux fesses ! On a échappé de justesse à l’explosion, mais nous voilà bloqués dans une vaste caverne. On voit pas grand chose mais Nerym a encore ses bâtons éclairant. Ils nous en donne un à chacun. On a pas l’air bien vaillant : Rolland qui a de plus en plus un regard exalté, Yphria qui semble avoir trop chaud et n’arrête pas de se frotter le cou, Victor et son piaf en cage, Nerym qui semble avoir de plus en plus l’envie de le bouffer, Virgile complètement dépassé par les événements et moi de même. Seul Serthyn a gardé son assurance.

Je demande :
« On fait quoi maintenant ? On creuse ?
- On explore d’abord cette grotte, répond Virgile.
- Ben voyons ! Et, bien sûr, on va trouver un passage secret qui nous permettra de sortir !
- Mais nous sommes certainement très proche du but ! » proteste Yphria.

Elle a vraiment pas l’air bien. Elle transpire maintenant à grosses gouttes et se touche sans cesse la base du cou, comme si quelque chose l’irritait à cet endroit.
Je reprends :
« On est peut-être proche du but mais on est coincé !
- Suffit, Eidoreen ! dit Serthyn. En tout cas, on ne peut pas rester plantés là. Suivons donc Virgile. »

Mais c’est qu’il commence à me gonfler, le prêtre ! Fais ci, fais pas ça ! Et ce mépris dans sa voix !
Enfin, ça sert à rien de gueuler et nous voilà tous à la queue-leu-leu en train de longer la paroi de la grotte. J’me suis glissée juste derrière Rolland : ça me permets d’avoir à l’œil le paladin et le médaillon. Et on marche, on marche, on marche…

Pffff ! C’est long et, évidemment, on trouve rien ! Je me mets à fredonner une petite chanson de ma jeunesse :

Galadriel prend sa faucille
Larirette, larirette,
Galadriel prend sa faucille
Et s’en va couper des zghel
Et s’en va couper des zghel

Elle rencontre en chemin
Larirette, larirette,
Elle rencontre en chemin
Une douzaines d’affreux gobelins
Une douzaine d’affreux gobelins


« Assez, femelle impie ! Je ne veux pas ouïr ces insanités ! beugle Serthyn.
- Hola c’est bon ! Pas la peine de te mettre dans un tel état ! Regarde Rolland, il ne dit rien lui !
- Et c’est bien ce qui m’inquiète », ajoute le prêtre.

Il a raison. Le paladin a de plus en plus l’air absent. Il suit le mouvement et c’est tout.
« Rolland ! Rolland ! Dis quelque chose ! »
Mais il ne répond pas…

« Il est sous l’emprise du médaillon, annonce Victor. Mais son comportement est étrange. Il devrait nous attaquer.
- Non, dit Serthyn. Parce que cet endroit est totalement neutre. Je ne perçois strictement aucune influence : ni le Mal, ni le Bien ne semble dominer ici.
- En tout cas, il n’y a pas d’issue cachée, concède Virgile. Nous voilà revenus à notre point de départ et je n’ai rien décelé. Quelqu’un a une idée ? Yphria ?
- Non… Je ne sais pas… » elle marmonne.

Bizarre ! Normalement, elle a toujours un avis à donner et là, muette ! Et en sueur ! Et en train de se frotter le cou !

« Moi, j’ai bien une petite idée, dit Nerym, mais c’est vague.
- Dis toujours, au point où on en est, je réplique.
- Je voudrais que l’on refasse le tour de la caverne, mais cette fois ci en dessinant sur un parchemin le contour exact que forment les parois.
- Tu avais raison : c’est une idée de merde !
- A quoi penses-tu, Nerym ? demande Serthyn en me lançant un regard noir.
- C’est juste une impression… Je voudrais vérifier.
- De toute façon, on n’a rien de mieux à faire pour le moment. Yphria, tu dessines ? » conclut Virgile.

Et on se remet en route ! J’le crois pas ! J’ose pas me remettre à chanter, j’ai l’impression que Serthyn est à bout. Rolland ne réagit toujours pas. Yphria ferme la marche, un bâton éclairant entre les dents, en train de reporter sur un parchemin le dessin des parois de la grotte.
« Ça va ? » je lui demande.
Elle hoche la tête, ce qui fait tomber des gouttes de sueurs sur le parchemin. Elle s’arrête,s ‘essuie le front. Elle semble de plus en plus mal… Et régulièrement, elle se gratte le cou.

« Voilà, on a refait le tour, dit Virgile.
- Fais voir le dessin » demande Nerym à Yphria.

La barde de Joriol ne répond rien. Elle est pâle, elle tremble et a les yeux rivés sur le parchemin. Puis, elle s’écroule au sol, évanouie. On se précipite vers elle. Je lui retire le parchemin des doigts et regarde le dessin à la lumière d’un bâton que tient Nerym.

C’est un dragon…
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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.

Le Colonel
Dernière édition par macteyss le 17/08/2004 23:37:53; édité 1 fois
 
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Niko
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Posté le : 02/08/2004 21:55:45 Sujet du message :

« Qu'est ce qui t'arrives ma cocotte », fit Eidoreen en se précipitant vers moi.

Pour la première fois, elle s'assit à terre et fit reposer ma tête sur ses genoux. Elle tenta d'appaiser la fièvre qui me dévorait le corps, en me caressant les cheveux. D'une voix incroyablement douce et mélodieuse elle entonna maladroitement un air qu'elle croyait de circonstance, "Le vol du Dragon". J'arrêtai d'un sourire ses efforts.

« C’est Enas Worh, le magicien lunaire... » balbutiai-je, prise par ma fièvre.

Je délirai à moitié. Faisant un effort prodigieux de mémoire, Eidoreen prit la suite et égrenna, sans véritble conviction, pour me faire plaisir, les premiers vers de la ballade :

« Au coeur des nuits il chevauche sans trêve,
Entre les ailes de sa grande chimère... »


Sans crier garde, couvrant nos deux voix, la beleguelette chantait à son tour. Soudain, son chant bifurqua, et elle entonna des vers qui nous étaient inconnus jusqu'alors :

« Mais dans la terre, Enas Worh, dans la terre,
Que cherches-tu avec autant de fièvre ?
Larme du temps, la magie toute entière,
Coeur de Dragon, je veux les Gemmes Mère.
Entend-tu pleurer, et le sang et la pierre,
Appeler jusqu’à perte de rêve. »


Ma dernière heure était venue. Une larme coula le long de ma joue et roula sur le sol. Alors, la Belleguelette lança plusieurs sifflements sur-aigus dont la fréquence faillit nous briser les tympans. La pierre verte se scinda en une gerbe d'étincelles en deux gemmes, bleu et rouge. Rolland paraissait comme possédé, et se redressa soudainement. Son armure s'illumina, muta et se couvrit d'écailles, de griffes aux épaules, et son casque prit la forme effilée d'une tête de dragon. Sa couleur vira au vif argent dont la chatoyance illumina la galerie obscure.
Sur son coeur, le pendentif brillait de mille feux. Nous n'étions pas au bout de nos surprises : en réponse à la complainte, les murs de pierre se mirent à renvoyer une plainte lugubre à leur tour, et leur résonnance nous entoura bientôt tous.

« Ce sont...des lithos chuchotta Nerym...la pierre des Dieux ! Ce sancturaire est un lithoracle ! Une connexion avec un autre monde ! Un...un...monde divin ! »

Ma poitrine se souleva et la douleur de ma marque s'appaisa. Une lumière diffuse transperça le plafond et envahit tout l'espace autour de nous. Les murs eux même envoyèrent des jets chromatiques. Il sembla que les faisceaux lumineux convergeaient pour former un halo serpentin et ailé. Mais éblouis, personne n'aurait pu l'assurer. Une voix grave et sentencieuse d'outre tombe, sortit de ma bouche. Le Dragon avait investi mon corps :

« Ainsi donc, le Mal est revenu, et menace l'équilibre. Enfin est venue l'occasion de l'anéantir à tous jamais ! A toi porteur de Larme du temps et brandissant ma Loi, je te confère le devoir de commander mes légions : mène l'ordre draconnique à la victoire ! Réveilles les élus porteurs de la marque. Abreuve toi de ma force, de ma fureur et de ma juste colère, au service de ton Dieu. A toi, felidae, reviens la tâche de commander aux bataillons des héritiers draconiques mystiques. Et quant au prêtre, je transmet à toi et à ton ordre, le pouvoir d'étendre de manière définitive la lumière du Dragon, qui repousse les armées de mort de Ran ! A mesure de sa disparition, les engeances maudites de Ran seront absorbées, assimilées et balayées par l'énergie du Dragon. Quand votre tâche sera accomplie, l'un de vous devra m'apportera le médaillon, ici sur Khyber, afin que disparaisse définitivement son emprise et que Ran soit à tout jamais banni de tous les mondes. »

La lumière baissa d'intensité, puis soudain disparut. Les lithos cessèrent leur plainte. Mon corps retomba inerte. Le Dragon était parti. Dans l'obscurité de la gallerie, ne restaient plus que nos silouhettes scintillantes, dont celle incroyablement lumineuse de Rolland, porteur du médaillon reconstitué, vibrant.

« Yphria, ne nous laisse pas hurla Virgile d'une façon déchirante en se penchant sur mon corps, je n'ai pas eu le temps de...
- ...de lui faire du bouche à bouche, parvint à articuler Eidoreen, sonnée et étalée tout son long au sol même de la gallerie.
- ...de me dire de ne pas fénéanter, parce que nous avions du travail devant nous ? » poursuivai-je à sa suite, en ouvrant les yeux, comme si de rien n'était.

Virgile n'eut pas le temps de reprendre son souffle, que je lui pris la tête à deux mains et l'embrassa à pleine bouche. Surpris, il vira au cramoisi instantannément, feignant de chercher sa respiration.

« Et bien quoi lui dis-je : est-ce si honteux de vouloir vérifier que son statut d'élu se fait bien parmi les vivants de notre bon vieux monde ? »

Je revivais et je riais à gorge déployée. Les autres firent de même oubliant presque que nous étions encore emmurés. Quoiqu'à présent...

 
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PetitPrince
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Posté le : 04/08/2004 00:06:32 Sujet du message :

Quelle puissance ! Jamais auparavant je n’avais senti une telle puissance en moi. Et apparement, les autre aussi. Nous étions tous dans un état euphorique, et tout semblait facile. Sortir la grotte ne fut qu’une formalité, ceux-ci étant rapidement déblayé par nos efforts conjoints.

De retour aux tunnels, une étrange lueur orangée attira notre regard au detours d’un couloir. Lorsque nous nous approchâmes pour voir ce qui c’était, nous eûmes la suprise de tomber sur une sorte de dragon… miniature ! Il semblait vouloir nous mener vers un passage que nous n’avions pas vu.

- Je ne detecte aucun mal dans cette boule de lumière, déclara Sertyn.
- Ca doit encore être un truc du Dragon, dit Yphria. Je crois que ce serait un bonne idée de le suivre.
- Un piaf-bibliothèque, et maintenant un bébé-dragon qui fait guide… c’est pour quand qu’on adopte un kraken-cuisinier ? lança Eidoreen.

Après une bonne heure de marche, nous arrivâmes dans un très grande grotte, encore plus que celle du sanctuaire. Nos c½urs s’allégèrent lorsque nous vîmes l’astre du jour. Mais la sortie était bloquée par un autre dragon, d’assez petite taille, mais tout de même assez grand pour faire tenir une table de reception.

Il ne semblait pas agressif. Le petit dragon nous attira l’attention sur un coin de la salle. Un curieux objet y trainaient … on aurait dit… un harnais géant ?

- Ah, alors il veut qu’on utilise un dragon comme monture… C’est bien gentil, mais comment on monte un tel de cette taille ?

Le petit dragon nous montra un dispositif qui semblait être fait pour. Il suffisait juste de déplacer le harnais sur la partie supérieur, le dragon sur la partie inférieur, et de laisser la gravité faire le reste.

L’objet en question était étonnement léger, et nous eûmes aucune peine à le déplacer. Restait à mener le dragon au-dessous, mais vu que petit semblait nous comprendre, la chose fut facile.

Malheureusement, un événement imprévu nous retarda...


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nunch
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Posté le : 08/08/2004 20:16:01 Sujet du message :

Après avoir harnaché le dragon, nous nous apprêtons à le monter.
Rolland, Eidoreen, Nerym et Serthyn sont déjà sur son dos, impatients.
Je me retourne vers Yphria et lance : « A ton tour mon coeur… » mais je m’aperçois qu’elle a disparu. Où est-elle donc passée ?
Je l’appelle, angoissé : « Yphria ! ». Je fais quelques pas et la découvre au fond de la caverne près d’un mur.
- Yphria, que se passe-t-il ?
- C’est ma marque draconique, elle brille quand je vais dans cette direction…, répond-elle sans se retourner.
Je vois alors qu’elle se tient devant un nouveau tunnel que nous n’avions pas remarqué auparavant.
J’entends alors Eidoreen derrière moi qui a démonté pour nous rejoindre.
- Bordel, qu’est-ce qu’elle branle ? Rolland et Serthyn sont aussi impatients que des puceaux d’en découdre avec Ran et son armée.
- Va les chercher, lui dis-je en désignant le tunnel et la barde qui a encore avancé. Nous ne partons pas tout de suite semble-t-il. »

Peu après nous progressons prudemment dans le tunnel, Yphria en tête. Je suis juste derrière et peux voir la marque augmenter en intensité au fur et à mesure que nous avançons.
Finalement, le bout du tunnel s’éclaircit et nous débouchons dans une sorte de grand jardin à ciel ouvert. L’endroit a tout pour être un mini-paradis : des arbres grands et magnifique, une herbe verte parfaitement coupée, un soleil qui répand une chaleur douce et agréable, et une cascade au murmure apaisant.
Mais le plus remarquable sont les sortes de fleurs géantes aux pétales refermées. Nous pénétrons, éblouis, bouches bées.
« C’est magnifique ! » dit Serthyn.
Ainsi le prêtre n’est pas aussi bourru qu’il veut bien le montrer. Nous en sommes tous agréablement surpris.
Rolland s’est approché d’une des fleurs géantes :
« Regardez, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose à l’intérieur. » s’exclame-t-il.
En effet, nous pouvons voir une forme indistincte au travers de la pétale.
Impulsivement, Yphria s’approche et touche la fleur. Alors celle-ci s’ouvre en déployant ses pétales doucement. A l’intérieur, nous découvrons un homme nu en chien de fusil. Il semble profondément endormi et possède la marque draconique. Des ailes de dragon proportionnelles à son corps sont repliées dans son dos.
Tandis que nous le contemplons, Yphria va vers les autres fleurs et les touche une par une. Toutes s’ouvrent lentement, révélant tantôt un homme-dragon, tantôt une femme-dragon. Tous sont endormis comme le premier. Tous avec la marque draconique.
- Qui sont-ils ? demande Eidoreen.
- Des élus porteurs de la marque, répond soudainement le premier homme-dragon qui s’est éveillé.
Les autres élus se réveillent un par un et se rassemblent près de nous. Ils sont étrangement calmes et reposés et leur nudité ne semble pas les gêner.
- Comment êtes-vous arrivés ici ? je demande.
C’est une femme-dragon d’une beauté incroyable qui répond :
- Au fil du temps, en tant qu’élus, nous avons tous été irrémédiablement attirés ici, sans pourtant savoir pourquoi. Sans réellement connaître l’endroit, nous savions instinctivement comment venir. Pour chacun de nous, une fleur attendait, ouverte. Nous savions que c’était important et avons tous acceptés d’être plongés dans un sommeil éternel. Pendant tout ce temps, nous avons rêvé du Dragon, de guerres et de l’Histoire du monde. Et nos ailes ont poussé. D’une manière, ce sommeil nous a préparé pour cet instant.
Alors, simultanément, tous s’agenouillent face à nous et déclarent :
« Au nom du Dragon, nous sommes à votre service et attendons vos ordres. »


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Xaviar
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Posté le : 09/08/2004 21:35:19 Sujet du message :

Ma mission est simple, transmettre la « lumière » à mon ordre ou du moins à ce qu’il en reste. L’objet est en lui-même magnifique autant que d’une puissance inquiétante ; il s’agit d’un dragon de cristal iridescent, aux lueurs puissantes et magnifiques, il y a quelque chose de fondamental enchâssé dans ce bijou, un ordre primordial et dogmatique, l’essence même de la vie et ce qu’elle a d’immuable et majestueuse….

J’avais laissé à six heures de chevauchée à bride abattue derrière moi mes compagnons et l’ordre draconique renaissant, nos tâches étaient claires et la mienne devaient unir les reliquats de ce que furent les chasseurs et le clergé du Très Juste autour de la lumière et anéantir ou renvoyer au tombeau ceux qui n’auraient jamais du revenir. J’avais refusé que quiconque m’accompagne, nous avions chacun un dessein à assumer et le mien me conduisait auprès de mes proches, j’avais insisté pour que Rolland reste auprès des autres où son épée serait certainement plus utile qu’à mes cotés. En revanche je n’avait pu refuser la bellegueulette qui pourrait s’avérer utile bien que je soupçonne que ce soit plutôt parce que je suis la seule personne à faire preuve de patience avec ce volatile devenu inutile.

J’avais estimé à neuf heure la chevauché entre le Col des Aiguilles où je m’étais séparé du reste de notre compagnie et le camp où les survivant du désastre des marches de Valdairain attendaient de mes nouvelles. La lumière irradiait d’une chaleur apaisant qui avait chassé mes doutes et mes angoisses, on a beau être homme de foi, lors que l’on tient de ses mains l’un des fils ténus qui maintiennent ce monde hors d’un chaos maléfique, il y a de quoi se sentir écrasé par ce redoutable honneur.

J’ai toujours été déterminé et sûr de mon fait mais également d’un naturel humble et effacé qui m’a valu d’être choisi par mon ordre qui n’avait nul besoin de fier à bras ou de bravaches écervelés prompt à faire étal des secrets les mieux gardés pour une éphémère gloriole auprès d’impies compagnons de beuveries. Cette tâche m’effrayait, il fallait convaincre mes supérieurs encore en vie de s’unir à une force qui avait manifestement ignoré l’imminence du danger…. Il faudrait faire face à l’hostilité de gens ébranlés dans leur foi et leur conviction et rendus plus coléreux encore par le fait que ce soit un subalterne de leur propre ordre qui les mette ainsi en porte à faux.

Mais la Lumière veillait sur moi, la Lumière chassait mes doutes et renforçait ma conviction au fil du temps passé contre ma poitrine !

Le soleil venait de s’évanouir parmi les chênes centenaires de la Crête des Emeraudes, plongeant la forêt entière dans une lueur aux teintes de sang, en cet instant majestueux précédant le crépuscule je relâchais la bride de mon cheval qui passa au trot… L’endroit était magnifique, seul cet antique chemin indiquait une présence civilisée à quelques lieux d’ici, l’air était doux, la journée avait été belle et chaude, la source semblait fraîche et je n’empêchai pas ma monture de s’abreuver.

Je me laissai aller à la rêverie, cet instant précis était si agréable, si loin de tout ce qui avait bouleversé mon existence depuis quelques semaines.

La bellegueulette émit un hululement inquiet, j’eu à peine le temps de le réaliser quand deux traits de douleur fulgurants déchirèrent ma quiétude. Une flèche avait transpercée de part en part ma cuisse et une autre avait percé mon armure au niveau du foie. Ces flèches étaient de confections gobelines, les meilleures qui soient, celles des faucheurs d’Airn Kain Baer… Un mélange de bile et de sang remonta dans ma bouche, avec un haut le cœur, j’éperonnai vivement mon cheval déjà rendu inquiet par la présence des humanoïdes.

Deux autres projectiles se fichèrent dans mon dos, une brûlure atroce se répandit en moi, l’estomac était touché et c’est un bouillie infâme que je mit à vomir abondamment. Il fallait que je tienne ! Malheureusement le bouillonnement chaud qui se déversait de ma cuisse déchiquetée par la flèche « tête de griffon » qui s’y était fiché ne me laissait qu’un sursis limité et moins d’une minute plus tard un vertige incoercible me fit chuter lourdement. Les traits s’enfoncèrent encore plus dans mes chairs, m’empêchant de m’évanouir.

Très vite je me glissait dans un bosquet voisin et m’assaillais contre un arbre ; ce n’étaient pas des archers montés mais il ne leur ferrait pas longtemps pour retrouver ma dépouille tant ma cuisse avait laissé une piste évidente, je ne sentais plus rien à cette jambe, la mort y avait déjà fait se quartiers et les tremblement incontrôlables qui commencèrent à me secouer auguraient une fin imminente.

L’oiseau siffla, il était là sur mon épaule, me regardant d’un air bête. Je ne me souviens plus qui m’a imposé ce piaf, mais c’est lui le héros. Dans un réflexe insensé je sortit le pendentif où était accroché la Lumière puis le déposa dans le bec du volatile. C’était insensé, je remettait l’avenir de notre ordre entre les ailes d’un représentant le plus crasse du crétinisme aviaire, un bête perroquet, il pouvait répéter ce que j’allais lui dire, quant à retrouver le destinataire du message, c’était du domaine du miracle, mais au vue de la situation il faut compter avec les miracles pour raisonnablement espérer triompher.

Le mainate sembla écouter avec une attention presque intelligente ma litanie à la Mère Dianskaia, il accepta de bonne grâce mon médaillon de l’ordre en plus de la Lumière en guise de signature puis s’envola sans plus attendre…..

Loué sois tu, chasseur tombé sur la piste de l’impie
Bénie est ton âme qui ira droit aux Paradis
Le nom du Très Juste ainsi crié est ton sésame
Pour que jamais le mal ne se repaisse de ton âme


Cette prière aux disparus j’eu toutes les peines du monde à la réciter, mes dernières forces furent pour mon salut alors que les gobelins approchaient « ASSANTHAR…. »

Je toussotais, le froid m’envahissait, je fermais les yeux, le gazouillis contrefait des gobelins s’approchaient, un picotement remonta mon échine, la douleur s’évanouit petit à petit laissant la place à un néant cotonneux, j’entend encore les brindilles craquer, une vague rumeur, je sens à peine le souffle nauséabond d’un de mes bourreaux, je sens encore des mains griffues défaire mon armure, les flèches arrachées à mes chairs ne me font même plus tressaillir….

Derrière mes yeux, les ténèbres commencent à faire place à une clarté rassurante, j’entends encore le bruit d’une lame tirée de son fourreau, et puis il n’y eu plus rien…….
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Lucien
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Posté le : 10/08/2004 18:50:20 Sujet du message :

Sertyn était partit depuis quelque temps maintenant. Je repensais au passé et tous les bouleversements qui s’étaient produit. Pour la deuxième fois je me trouvais en face des troupes de Ran. Aujourd’hui pourtant j’était le général, les hommes Dragon m’obéissaient sans discuter. Il faut dire que l’armure que je portait était impréssionante de plus mes facultés de commandement étaient décuplées. Une sorte d’aura émanait de moi, cela était palpable les hommes m’écoutaient comme si j’étais le guide qu’ils attendait depuis toujours.

Virgile n’eu aucun mal à recruter des troupes humaines. Des soldats et des paysans. Bien que révolté que j’emmenais ces hommes à la boucherie il exécutât à la perfection mes ordres.

Je lui expliquais que ces hommes étaient un appât, mais le gros du travail serait fait par la cavalerie draconique que je commandait en personne.

Et nous y voilà. J’avais réussi à attirer les troupes de ran la ou je voulais, les troupes humaines
avait eu ordre de se replier au premier contact avec l’ennemi. Celui-ci sur de lui poursuivit cette « misérable » armée. Leur première surprise fut de voir que les fuyards les attendait en bas d’une colline en bon ordre et nullement apeurés. Il est vrai que je parcourais alors les rangs et à mon passage des hourras mort à ran étaient hurlés. En quelques jours j’étais devenu une véritable légende parmit les humains et surtout leur dernier espoir. La bataille allait commencer.

Je m’adressais aux troupes simplement :

- Ce soir ce ramassis de mort-vivants sera définitivement retourné dans sa tombe. Je vous le dis beaucoup de cœurs vaillants périront aujourd’hui mais la victoire sera notre ; soyez en certain.

Virgile et eidoreen dirigeaient les archers ; il en avait plusieurs centaines sous leurs ordres. Yphréia et neyrim avait chacun des mages sous leur commandement. Quant à moi je partit rejoindre ceux qui gagneraient cette bataille. En face l’ennemi se composait de milliers, de dizaines de milliers de squelettes rangés en cinq carrés visibles.

Ce furent les troupes de ran qui attaquèrent sur de leur victoire. Les carrés de squelettes avançaient sous un déluge de flèches de feu. Le feu fit plus de ravages que les flèches parmis les squelettes, mais fut de toute façon insuffisant pour les stopper. Comme lors de la première bataille les mages invoquèrent des boules de feu qui éventraient les rangs de squelettes. A ce moment les guerriers et soldats humains chargèrent l’ennemi et le premier choc fut en leur faveur. Mais comme à la première bataille les nécromants appelèrent leur cavalerie infernale.

Des squelettes montés sur des chevaux démons nous chargèrent glaçant le sang des plus braves, pire nos propres morts se relevèrent et attaquèrent les vivants. Cette nouvelle bataille tournait, elle aussi au désastre.

Un son de corne fit se relever les têtes de tout le monde. Le corps de draconiens monté venait d’apparaître dans les cieux. Je chargeais en tête de la troupe plusieurs centaines d’hommes dragons montés sur des dragons. Nous piquions droit sur la cavalerie raniene. Celle-ci fut littéralement pulvérisée. Brandissant l’épée bénite de tyr je me frayais un chemin dans la multitude de morts-vivants, ceux qui ne périssaient pas par ma monture étaient réduits à l’état de poussière par ma propre lame. Nous traversâmes leurs rangs de part en part puis remontâmes de nouveaux dans les cieux. Regroupant la cavalerie je m’aperçu que quelques-uns uns avait été tués. Mais à mon signal nous chargeâmes de nouveaux. Ce coup ci les nécromants s’enfuirent, leurs troupes furent anéanties.

Je retrouvais le soir mes amis sur le champ de bataille.

Eidoreen :

- Putain Rolland t’as mis le paquet … c’est le médaillon ?

Rolland :

- Non je ne pense pas plutôt la force du dragon. Quant au médaillon je n’y survivrais pas.

Virgile :

- Que veux tu dire Rolland ?

Rolland :

- Il me consume je dois le remettre au dragon pour détruire ran, mais cela me détruira aussi. Je le sens.

Eidoreen :

- Tu plaisantes n’est ce pas ?

Yphréia :

- Je ne crois pas Eidoreen je le ressens aussi. Comme je ressens la souffrance de Sertyn. Il se meurt quelque part

Neyrim :

- Il est dans une forêt entouré d’ennemis. Il est blessé à mort et pourtant ils ne le tuent pas ils semblent s’amuser de le voir agonir.

Rolland :

- Comment peut tu voir cela ?

Neyrim :

- comme tu disais la force du dragon

Rolland :

- guide moi à lui

Virgile :

- Et ran dans tout ça ? On l’oublie hein ? Je vois le genre ran mon pote excuse nous on te trucidera plus tard on a un truc urgent à régler d’abord.

Rolland :

- Ça ne sera qu’un petit détour et de toute façon on doit aider sertyn. Ran est coincé dans sa forteresse et son armée est détruite.

Virgile et edioreen :

- Ils sont combien neyrim ? et c’est quoi

Neyrim :

- Nombreux. Ils sont nombreux et ce sont des gobelins…
 
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macteyss
Le Gritche
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Posté le : 18/08/2004 12:15:14 Sujet du message :

Et nous voilà parti à la rescousse du prêtre ! C’est pas que ça m’enchante particulièrement : la dernière fois qu’on a essayé de l’aider, avec Nerym, c’était à Port Sable Noir et il l’avait plutôt mal pris ! Enfin, on peut quand même pas le laisser aux mains de gobelins !

On chevauche de nouveau le dragon qui, suivant les indications de Nerym, nous laisse à l’orée d’une forêt.
« La forête de la Crète des Emeraudes, annonça le felidae. Serthyn est au mains des gobelins, qelque part par là.
- Et on le trouve comment ? je demande.
- Tu ne sens pas son odeur ? et la puanteur des gobelins ?
- Non, mon chat, je n’ai pas ton flair ! »

Aussitôt, Nerym pénètre dans la forêt, sur les traces de notre compagnon. Du reste, elle devient aisée à suivre mais également inquiétante : de larges tâches de sang, que le felidae identifie comme humain, la maculent.

« Chut ! On y est.
- Ah, ça, ils ne sont pas discrets » commente Virgile.

En effet, on entends des cris rauques et gutturaux des gobelins en goguette. Ils on établi leur camp dans une clairière. Au centre brûle un grand feu. Attaché à un espèce de poteau, Serthyn semble inconscient. Les saloperies verdâtres bâfrent et s’agitent autour du feu, sans faire attention à leur prisonnier.
Rolland prend la parole :
« Je vais charger cette bande maléfique. La puissance du dragon m’aidera. Nerym, tu me soutiens avec tes sorts. Pareil pour Yphria, un peu plus en retrait.
- Très subtil…
- Il a raison, dit Yphira. On va faire diversion, pendant que toi et Virgile vous contournerez le camp pour délivrer Serthyn.
- Et on s’en sort comment ? Ils sont nombreux quand même…
- Comme d’habitude, dit Rolland.
- Ah, merde ! Bon, ben d’accord. »

Avec le demi-elfe, on fais le tour du campement gobelin en douce. Puis on attend l’attaque des trois autres… L’attente est brève : tout un côté du camp s’embrase ! Sûrement, Nerym qui s’amuse avec ses sorts de feu ! Ça hurle, ça grouille, ça court partout dans le plus grand bordel ! C’est tout bon pour Virgile et moi : on se glisse vers le poteau où est attaché Serthyn. Putain ! L’a pas l’air frais, le prêtre !
Deux gobelins passent par là : hop ! Ils rencontrent nos lames ! Maintenant, on peut s’occuper de notre compagnon. Il gémit quand on le délie.
« Ça va aller, Serthyn, c’est nous, Eidoreen et Virgile, murmure le demi-elfe.
- Gnnn..agon…. endre… dr….
- Du calme, ne parle pas. »
Mais Serthyn s’agite et reprrend ses gémissements :
« Faut….arrrrgg…récupérer….draaag...gon…..
- Quoi ? La statuette de cristal ? Où est-elle ?
- Rahhhh… »
En faisant un effort surhumain, le prêtre se redresse et parvient à nous indiquer un tente. Devant celle-ci, un énorme gobelin contemple éberlué l’agitation qui règne par ici. Au milieu de la mêlée, Rolland semble irradier de puissance. A grands coups d’épée, il tranche, dépèce, découpe du gobelin. Un peu en retrait, Yphria et Nerym incantent à tour de bras, s’arrêtant de temps en temps quand un ennemi s’approche un peu trop d’eux.

Avant que le gros gobelin nous voit, on se jette silencieusement sur lui. Zac !
On entre dans la tente. Au milieu d’un bric-à-brac de sacs, de tissus et d’armes trône le dragon de cristal de Serthyn. Virgile le récupère.
Bizarre ces sacs… Ils me rappellent quelque chose… J’en ouvre un : c’est la même poudre jaune que dans la maison de la Guilde des Mains Obscures de Port Sable Noir ! Comment Nerym l’appelait-il déjà ? Ah oui ! De la tymadine. J’attrape quelques petits sacs pleins de poudre et je rejoins Virgile dehors.

Rolland, Nerym et Yphria se replient lentement vers le sous-bois.
« Allez, on s’en va ! dit Virgile en soutenant Serthyn.
- Je vous suis.»
Une fois à bonne distance du feu, je lance dedans l’un des sacs. Quelle explosion ! Les rangs des gobelins sont ravagés. Les survivants se dispersent en tout sens, laissant fuir nos compagnons.

On se retrouve tous à l’endroit où notre monture nous attend. L’état de Serthyn s’est aggravé. Il est allongé dans l’herbe. Rolland tente de le soigner mais le paladin a l’air pessimiste.
« Rolland… murmure l’agonisant.
- Chut ! Garde tes forces !
- Il faut apporter la statue aux survivants de mon ordre… et mener l’assaut final. C’est à toi que revient cette tâche.
- Oui, oui, mais évite de parler… Tu me diras tout ça quand tu seras remis.
- N’essaie pas de me tromper, Rolland… C’est fini…
_________________
Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.

Le Colonel
 
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Niko
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Posté le : 25/08/2004 11:22:39 Sujet du message :

Nous étions tous en haut d’une colline d’où nous pouvions observer le château de Ran, sur un ilôt tout juste au bord de l’eau. L’ordre du Très Saint était au complet et avait amené la dépouille de Serthyn dans un cercueil en verre : Serrant son médaillon sur sa poitrine, bras croisés, la belleguelette empaillée avait été fixée à l’avant du sarcophage dans une posture élancée. Exténuée par le long voyage, le courageux volatile a bout de forces avait rendu son dernier souffle sur les marches du Temple réussissant à puiser dans ses dernières forces pour articuler dans un râle le poème du prêtre. Et cette citation impérissable « Mon fils, tu m’as déjà sauvé » au moment où un jeune eunuque tentait de le ramener à la vie. Impressionné par le dévouement du courageux volatile, il avait été aussitôt béni des larmes des pleureuses vestales du Très Saint et sanctifié par les taxidermistes de l’Ordre.
D’où il était, Serthyn aurait une vue imprenable sur le champ de bataille. Les Trolls des glaces de combats menés par le comte de Kramouillie en personne, tiraient derrière eux les machines de siège, et déjà le héraut faisait sonner le cor.

Or donc, alors que nous étions rassemblés, Rolland était dans un état d’exaltation indescriptible, piaffant, montant et descendant de cheval, changeant de cape « car l’étoffe ne lui convenait pas, par temps couvert, le vert ne passe pas bien », de gants (selon que la maille lui serrait ou non les phalanges…en un mot, on aurait dit un véritable enfant.

Nerym faisait ses griffes sur un arbre, et moi même Yphria, j’accompagnais les manœuvres de placement d’un petit air gai. Je dois dire qu'il semblait taper sur les nerfs de tout le monde, mais moi j'aimais bien.

Le temps semblait comme suspendu. C’est alors que Ran apparut en haut des remparts, en nous menaçant d’une manière parfaitement obscène, avec moults moulinets du bras qui en disait long sur son inconscience. C’en était trop : Rolland fonça tête baissée et avec lui, toute la cavalerie, et même en fait les hommes à pied, ignorant les recommandations tactiques, patiemment inculquées par Virgile qui se prenait désormais la tête à deux mains. La meute soulevait la poussière, et hurlait à en percer les tympans d’une belleguelette.

C’est alors qu’au moment d’arriver en contrebas de la colline, comme sortie de nulle part, déboula sur les chapeaux de roue une voiture de police, toute sirène dehors. Dans un crissement de pneus, plusieurs officiers en jaillir et se saisirent de Rolland. Enfin, Régis. Il fallut pas moins de trois grands gaillards pour le mettre à raison.

« Ah mon gaillard, enfin on te tient : ton compte est bon, dit un des policiers, manifestement un gradé.
- Mais qu’est ce que…et mes droits, je veux mes droits
- Tu dois confondre, on est en Vendée ici : tu dois regarder trop de séries américaines.
- Mais qu’est ce que j’ai fait ? beuglait Régis
- C’est simple : dans une des tes charges d’exalté, tu viens tout simplement de couper la tête à l’un des historiens en Jeu de Rôle, qui intervenait afin d’informer le public sur des points de règle particuliers ou les évolutions de la timeline. Tu es donc inculpé pour assassinat".

Devant l’assistance médusée, les policiers appuyèrent sur la tête de Régis et le casèrent à l’arrière du Scénic, avant de repartir comme ils étaient venus. Sur le plateau, l’ambiance était bien tombée, tout le monde paraissait sous le choc. Sauf Maurice.

« Dis Yphr…pardon, Pénélope, ça te dirait d’aller boire un verre ce soir ? Je connais un Pub terrible où ils arrosent du Klug au p’tit gris : mythique. Allez, laisse moi ma chance »
- Tu n’abandonnes jamais, hein Maurice : tu sais que j’ai failli te mordre la joue, dans la scène où je t’embrasse, hein. Tu crois que je n’ai pas senti ta langue ? »
- Ah, c’est que…bafouilla Maurice
- Allez, c’est bon, j’accepte, te fatigue pas. Du moment que tu ne parles pas de ta mère de la soirée…je n’ai rien de prévu. Promis ?
- Promis ! » dit Maurice d’un glapissement, en croisant ses doigts dans son dos

Le plateau se déserta en un rien de temps et chacun rentra chez soi : Ghislaine (alias Eidoreen) parti un peu précipitamment en marmonnant, un peu claquée, que son job de nuit au « Lapin Agile » la lessivait, et Felix (alias Nerym) se dit qu’il allait enfin pouvoir se couper les ongles et se raser les rouflaquettes.

Au bout d’un moment, alors que toute la scène était vidée, on entendit une porte se claquer. Soudain, une petite voix monta :
« Hey, les gars, j’espère que vous ne m’avez pas oublié là : j’étouffe là dedans…LES GARS ??? »

[bruit étouffé de petits poings qui s'acharnent sur le plexiglass]
blam ! blam ! blam !
...
C’était Ringo (Serthyn) !
 
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