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lendraste
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Posté le : 30/06/2004 12:31:01 Sujet du message : [Récit] Groupe B

Pour les règles du jeu, les spoilers et commentaires, veuillez consulter ce sujet
Merci à toute autre personne que Cassin, Nocturne, Gottorp, Saelis, Mamantins et Lendraste de ne rien poster d'autres dans ce sujet à moins d'y avoir été invité par l'entremise du sujet "Règles, suivi et commentaires" sus-mentioné.

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Chapitre 1 - L'équipée du Maurat.

Le Maurat.
Il y avait des endroits, à Stradenfürt, dans lesquels nul ne se rendait de son plein gré, pour lesquels on aurait tué père et mère afin d'en esquiver la seule mention, et à travers lesquels l'idée d'en sortir riche et respecté avait moins de prix que d'en sauver sa peau, quand bien même on y aurait laissé un membre. Parmi ces lieux de terreur, parmi ceux qui charriaient la mort comme l'eau de cette saison charrie la poussière sèche de la saison du feu qui l'avait précédé, là où l'indifférence était un acte de bonté pure, il y en avait un que seuls les plus fous osaient fréquenter : le Maurat.
- Le M.. Mau... Maurat ? avais-je bégayé ce matin comme il m'arrivait de le faire sous le coup d'une émotion forte.
Mon futur employeur m'avait regardé d'un sale oeil. D'un air de celui qui aurait mieux fait de ramasser les 500 piastres stradéennes et les 500 couronnes de Henkel constituant sa généreuse avance de salaire, face à un candidat qui semblait se dégonfler comme un soufflé sortant du four. Il m'avait fallu un courage peu commun, en fait un courage que je ne me connaissais pas, pour me lever brusquement, arrachant aux mains nerveuses de mon interlocuteur sa bourse rebondie, en lui déclarant :
- C'est d... d'accord !
Je dus marmoner à la suite la vague idée d'un rendez-vous dans 3 jours, dans cette taverne étriquée où nous étions. Je crois qu'il eut l'air affolé à ce moment. C'est le temps que je m'étais donné, piastres et couronnes en poche, pour arracher aux ruelles sombres d'Artesdad, une petite équipe de cinglés qui voudrait bien nous servir d'escorte, à moi et à cet important seigneur soi-disant originaire de Henkel, au sud, là où le fleuve qui traverse ma cité se perd dans les turbulences du confluent. Ce gars-là, bien habillé, propre sur lui, mais visiblement très nerveux, n'avait pas la moindre idée de ce qu'il me demandait. D'un autre côté, il était bien renseigné. A ma connaissance, j'étais le seul guide vivant de ce monde à avoir traversé une fois le Maurat. D'aucun prétendait que je n'en étais pas revenu intact, mais je n'y avais guère laissé que ceux qui m'accompagnaient alors, une petite partie de mon anatomie, et peut-être une plus grosse partie de mon esprit pour vouloir ainsi y retourner.
Il fallait être bougrement pressé pour envisager de rejoindre la nordique Gafendad en passant par le Maurat. Le contournement de l'ouest était le plus sûr, mais aussi le plus long. Si quelque chose me disait que mon employeur n'avait pas du tout la conscience tranquille, j'avais à peine remarqué qu'il n'avait même pas cherché à négocier son trajet. Bien lui en avait pris.
Maintenant que la journée touchait à sa fin, en face de moi, un freluquet de ma connaissance répétait, encore hagard, les deux mots qui venaient d'ébrécher sa conscience : le Maurat.
- Oui, le Maurat, lui disai-je sans aucune conviction.
- Désolé, Olfonz, ceux qui prétendent que je suis fou se trompent lourdement.
- Ca veux dire non, je suppose ?
- Bon sang, Olf ! Tu sais très bien que les gars du coin refuseront de traverser le Maurat. Enfin, quand je te vois, je me pose des questions.
- Tu fais bien, Hanz. La récompense ! Elle vaut la peine !
Hanz ne me répondit pas. Il haussa les épaules et me regarda d'un air navré. A ce moment là, il aurait aussi bien pu refermer le couvercle de mon cercueil, sa tête n'aurait pas été différente. Cela dit, il venait de me donner une idée et je le quittai sans autre forme de procès.
Pourquoi pas ? me disai-je en moi-même. Artesdad est une ville passante, traversée par la Grand-Route de l'Est qui rallie, depuis Stradendad la capitale de Stradenfürt, les riches contrées minières de la province d'Ardun. Ici s'arrêtaient des centaines de convois, dont certains à destination de Henkel, vers Joriol, par le fleuve, beaucoup, protégés pour les intérêts de la couronne par les forces militaires régulières du royaume, et d'autres, par des groupes plus ou moins hétéroclites de mercenaires. Une manne pour se constituer un groupe d'ignorants qui en sache assez peu sur le Maurat pour avoir envie de ne se laisser guider que par la copieuse récompense promise... et par moi.
Alors que je me rendais sur les bords de la Grand-Route, non loin des docks, là où se dressent des bâtisses tenues moins par le bon sens que par les riches imbéciles qui s'en offraient le luxe miteux, et le louaient chèrement et sans vergogne aux traines-misères qui se prétendaient soldats, j'échaffaudais quelques phrases bien senties propres à convaincre un homme d'arme sous-payé de venir s'offrir, à un prix défiant toute concurrence, une visite guidée des plus charmants attraits du voisinage de notre belle cité. Un individu comme moi, capable de se convaincre d'affronter le Maurat dont il avait failli ne pas revenir entier et vivant, ne devait avoir aucun mal à séduire, par la sonnante et trébuchante sérénade, le pauvre hère las de ces allers et retours entre Stradendad ou Joriol, et l'Ardun. Il suffisait de se rappeler que mon oreille droite avait été perdue en un autre lieu et un autre temps. Quant à ceux qui prétendaient que j'étais fou, ils n'étaient que les tristes et malheureux parasites de notre belle société, et dont le crédit n'atteignait probablement pas la hauteur de leurs ambitions.
Mes grandes jambes me portèrent vite au seuil de l'une de ces auberges crasses qui absorbaient le plus gros de la lie des voyageurs afin de préserver la quiétude des hauts quartiers. Si je n'avais pas eu d'hésitation pour entrer, c'était autant pour échapper à l'averse qui venait d'agresser sauvagement mon grand manteau brun, que pour montrer ma détermination et mon assurance. Mon nez d'aigle et mes arcades sourcilières proéminentes protègaient mes petits yeux perçants et noirs de l'inquisition perfide des regards qui se voulaient fiers et sûrs d'eux. Ici, je pouvais toiser du haut de mon mètre quatre-vingt dix, la plupart des clients, hommes et femmes, si l'on exceptait les rudes demi-orques, à moitié esclaffé et à moitié ivre, qui m'avaient fait l'affront de ne pas remarquer mon entrée. J'ignorai vertement la harangue du tavernier le temps de repérer un visage qui convienne à mes desseins. Une fois ceci fait, je commandai deux bières artesiennes que j'emportai vers ma victime. Les posant, après une approche polie, sur la table de mon futur employé, je me présentai :
- Bonsoir à vous. Je suis Olfonz.
Le personnage détailla silencieusement ma haute silhouette sans spécialement remarquer la maigreur de mon corps, savamment masquée par mon manteau long, lequel cachait l'essentiel de mes armes, de l'épée courte à un jeu de dagues, en passant par un arc démontable rangé dans un étui et un carquois de flèches qui pendouillaient dans le bas de mon dos. Les sacoches de ma ceinture étaient déjà nettement plus visibles, mais elles cachaient aussi efficacement ce qu'elles renfermaient. Quant à ma bourse... Enfin celle de mon employeur, j'aurai mis au défi quelques-unes de mes plus vilaines fréquentations d'en détecter la présence. Il devait penser que j'avais au moins 40 ou 50 ans du fait de mes cheveux gris et rares et de ma peau burinée et hâle. Il n'avait pas besoin de savoir que je n'en avais que 30. Ce menton pointu qui était le mien, recouvert d'un duvet gris-brun, renforçait nécessairement l'intensité de mon sourire aux dents à la blancheur relative et entretenue, presque aussi large que ma mâchoire. Je lui présentais mon profil gauche pour camoufler un tant soit peu les profonds sillons laissés dans ma chair par la patte griffue qui m'avait arraché, jadis, l'oreille droite, et j'attendis sa réaction.








EDIT de Cassin pour la couleur dans le titre
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Lendraste de Loreval
Qui cherche la Vérité cherche celui qui la détient, car elle n'existe pas à l'état naturel.
La cité des mensonges - 1
 
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WoodBlade
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Posté le : 01/07/2004 10:40:43 Sujet du message :

Et hop : Wood remplace nocturne à la volée (je sais c'est mal : vous pouvez gueuler Smile):

Argh ! Ma tête ! C'est vraiment plus de mon âge ces concours de bière. J'suis toujours invaincu, mais cette fois j'ai bien crû que ce nain allait m'avoir. Toujours debout après dix-neuf pintes... Enfin, le vieux Bjorg est toujours vainqueur.
Heureusement que personne n'a reconnu mon médaillon et qu'aucun frère de l'Ordre n'était venu se rafraîchir après sa journée de prêches : « Un prêtre paillard et débauché a étendu tout le monde au grand concours d'ivrognes, hier soir, à la Barrique Percée », j'entends déjà les ragots des bas quartiers.
Il faut dire que ce n'était pas très malin, pour ma première sortie en ville dans le coin, de me faire remarquer de la sorte.
Mais, quoi, l'évêque y est pour beaucoup, quand même : à m'envoyer seul en mission (c'est le cas de le dire ...), pour évangéliser ces coins barbares, il devait se douter que j'allais pas passer mes soirées à prier et égrainer mon chapelet. J'ai une réputation quand même.

Trois ans sur un bateau à charger des caisses, cinq comme mercenaire à faire le coup de poing pour des baronnets sans scrupules, et douze à me balader dans les coins hostiles pour escorter des marchands pleins d'argent et de graisse, ça vous pose un bonhomme quand même.
Bon, c'est vrai que depuis six ans, depuis ma Rencontre, ma Révélation, même, je me suis pas mal calmé. La Foi, ça vous prend comme un coup de poing d'orc au menton, sans vous avertir. Vous ouvrez les yeux et le monde alentour a changé : à la fois plus beau et plus laid, plus grand et plus petit, et l'on se sent investi d'un devoir nouveau. Aider son prochain, le guider, le soigner, c'est devenu une évidence pour moi, tout comme mettre une bonne trempe à ceux qui leur veulent du mal.

Bon c'est vrai qu'au bout d'un an à méditer au monastère, j'avais commencé à trouver le temps long et à tourner un peu vite autour du cloître. L'évêque l'avait bien vu et m'avait envoyé parcourir le pays avec d'autres frères guérisseurs dans nos missions isolées.
Ces jeunes vicaires, tout juste sortis de l'école, avaient fait une drôle de tête en me voyant débarquer : on n'avait pas exactement la même dégaine. Il faut dire qu'avec ma taille de demi-elfe et mes avant bras d'Orc, je ressemble pas à tout le monde. On formait alors une drôle de compagnie : quatre gamins de vingt ans et moi, qui en avait le double, mes cheveux gris taillés ras, comme ma barbe, et mon nez cassé plusieurs fois.
Cela dit, ils m'avaient vite accepté : dès la première rencontre avec une bande de bandits de grands chemins, en fait. Les jeunes étaient déjà en train de dénouer leur bourse pour garder la vie sauve, quand j'ai brandi ma canne, mon bâton de pèlerin comme je l'appelle : quatre coudées de chêne trempé, recouvert d'un acier de la meilleure sorte. En quinze secondes deux voleurs avaient la cervelle qui prenait le frais et un autre avait les jambes en miettes. Leur compagnons n'avaient pas demandé leur reste.

Mine de rien, ça avait considérablement accru mon aura au sein de l'Ordre, et pendant quelques temps j'avais pris du galon.
Mais chassez le naturel... J'ai toujours le sang chaud et la fierté mal placée. Quelques bagarres de trop, quelques tavernes réduites en miettes et deux ou trois défis idiots ont terni ma réputation.
« Frère Bjorg, je sais que votre foi est profonde et sincère, tout comme que votre volonté de faire le bien pour votre prochain, me dit l'évêque avec cette expression non feinte de compassion qui le caractérise, mais si vous continuez ces ... égarements, notre Ordre ne pourra pas empêcher que les autorités vous jettent dans leurs geôles ». Il n'avait que trop raison et je le savais.

Il m'a donc envoyé dans ces régions sauvages, où la notion d'autorité judiciaire est inconnue. C'est pas le boulot qui manque, pour prêter main forte à nos missions régulièrement pillées ou pour mettre un peu d'esprit divin sous les fronts obtus des barbares.
C'est comme ça que je me suis retrouvé à Artestad où les frères avaient bien besoin d'un coup de main : leur petit temple récemment incendié et la vermine qui courait les rues et tuait les gamins par paquets leur laissaient pas le temps de souffler.
Après trois mois de boulot intensif et bien mené j'étais plutôt fier de moi et je profitais enfin d'une soirée plus calme pour me payer deux ou trois bières dans une taverne sordide comme je les aime. Manque de pot, c'était leur concours mensuel de descente rapide : j'ai pas résisté.

Le lendemain soir, me voilà donc de retour sur les lieux, avec le crane qui carillonne, histoire de voir l'étendue de ma nouvelle réputation. Après un verre ou deux et quelques clins d'œil aux affreuses donzelles du coin, j'étais en train de songer à me rentrer, quand une espèce de grand escogriffe se poste devant moi. Sans mentir, pendant deux secondes, j'ai cru avoir affaire à une goule. Une goule avec un grand manteau, qui semblait pouvoir contenir sa maison, mais une goule quand même : gris, grand et maigre, plein de cicatrices.
Cependant, sa façon de se présenter et surtout la bière qu'il avait à la main diminuèrent un peu ma méfiance.
- « Bonsoir à vous. Je suis Olfonz. »
- « Bjorg », je répondis, en le prononçant de façon assez gutturale pour qu'il ne sache pas si je venais de lui dire mon nom ou de balancer une incitation à déguerpir. Le voyant hésiter, je lui indiquais la chaise en face de moi.
- « Allez-y, je déteste pas la compagnie », fut la phrase la plus aimable qui me vint à l'esprit.
Le gars s'assit et me balança alors sa salade : une escorte, un riche seigneur, un terrain dangereux, une récompense et tout, et tout. J'avais vécu cette scène cent fois dans ma jeunesse.
J'étais plutôt enclin à rester quelques temps à la mission, et je connaissais la réputation du Maurat, mais le souffle des grands espaces me trottait dans la tête. Et puis, avec ce qui s'était passé la veille, j'étais pas trop sûr que les matrones voudraient encore m'amener le petit dernier quand il a la diarrhée.
Après tout le voyage, le nord, la bagarre, un peu d'argent de poche, pourquoi pas ... Il y aurait forcément sur le chemin des missions où je pourrais filer de l'aide. Je sais bien que je dois obéir aux ordres et n'aller que là où on me l'ordonne mais bon...
- « Parfait, on part quand ? »
Mon futur employeur resta un moment incrédule, plantant ses petits yeux noirs dans les miens.
- « Hein ? euh ... vraiment ? vous avez tout écouté ? j'ai parlé du Maurat ... »
- « Et moi j'ai dit : Parfait, on part quand ? »
Il se mit alors à sourire de toutes ses dents, et il en avait tellement, et tellement grandes et blanches, qu'avec sa cape je me suis demandé si c'était pas en fait un vampire.
- « Eh bien, demain, enfin non, pas demain : il faut trouver trois ou quatre autres personnes. D'ailleurs, si vous pouvez m'aider à les recruter ... »
- « Pour l'instant je vais surtout vous aider à rester en vie »

Je venais de voir un gars en mauve, planqué au bar, sortir une petite arbalète de sous son manteau et la braquer vers mon gus. Sans savoir si j'avais raison ou tort d'intervenir, je me lève, sors une bille de plomb de ma poche, et l'envoie en plein dans le nez du tireur embusqué, qui s'écroule en hurlant.
Je regarde mon gars d'un œil mauvais mais il semble ne rien comprendre.
J'entends alors hurler à la porte : « Il est la-dedans ! On va se le faire ! ».
Au moment où je prends ma canne, mon gars sort une épée de je ne sais où. On se regarde et on renverse la table, histoire de résister à l'assaut qui de toute évidence arrivait.
Mais voilà alors que le sol se dérobe devant nous et qu'une trappe s'ouvre. Une grosse main velue nous fais signe et une voix étonnement fluette nous appelle alors
« Descendez par les Dieux ! Plus vite que ça ! ... Vous voulez mourir ou quoi ? ... »
_________________
Que tous ceux qui croient en la télékynésie lèvent ma main
Dernière édition par WoodBlade le 24/04/2015 10:13:57; édité 14 fois
 
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Saelis
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Posté le : 01/07/2004 16:42:31 Sujet du message :

Le cliquetis de la roue ralentit, le sort hésita un instant et le verdict tomba: Le Maurat.

Le grand jour était enfin venu. Après de longues années d'apprentissage dans la douceur protectrice des jardins du couvent de Saar Atta, j'allais enfin découvrir le vaste monde. La roue avait parlé. Je devais me rendre dans le Maurat pour y inverser le cours d’un destin, transformer un inexorable échec en réussite. C'est l'épreuve qui est imposée à toutes les prêtresses de Vénia à la fin de leur formation. J'étais terriblement excitée.

Chance, Destin, Réussite, Fortune sont les autres noms de Vénia. La capricieuse pour ceux qu'elle a déçu. Avez-vous déjà remarqué à quel point un destin se joue à peu de choses? Comment quelques détails peuvent changer une vie? Vous êtes vous déjà demandé ce qui incite un archer à choisir une cible plutôt qu'une autre lorsqu'une armée entière se rue sur lui? Croyez vous que seules vos aptitudes au combat vous permettent de survivre au milieu d'une pluie de fer et de feu? La présence de Vénia est en toute chose, sans cesse mouvante, tissant et déchirant les fils du destin. Nous, ses prêtresses, avons appris à la percevoir, à détecter et à anticiper son influence, parfois même à la diriger.

Je suivi la route du nord-ouest, à travers les paysages chaleureux du royaume d'Eyshaan jusqu'au pont sur le fleuve Olfsad qui marque la frontière. J'étais émerveillé de l'immensité du monde, de la variété des paysages. Toutes les choses que je voyais étaient encore plus fantastiques et étranges que dans mon imagination. Même les terres austères du nord du Stradenfürt m'enthousiasmaient. Ces colines ocres et dénudées balayées par la pluie, ce ciel gris et bas que tout le monde déteste là bas.
Après quelques heures de route j'atteignis la vallée du Darhein. Les murs d'Artestad se dressaient dans la vallée, de part et d'autre du fleuve.

Je mis plusieurs jours à le trouver mais malgré mon inexpérience j'étais sûre de mon fait: c'était lui. Il semblait terriblement sûr de lui, ce grand escogriffe dans son long manteau, masquant tant bien que mal son oreille déchirée. Oh oui, tellement sûr de sa chance au moment ou il cachait discrètement ce petit sac rempli de piastres, scrutant la pièce de son oeil perçant et satisfait. Il ne doutait pas un instant de l’intensité de l'aura de guigne que je ressentais autour de son corps longiligne. Aucun doute n'était permis : Je tenais mon sujet. Il partirait au Maurat et entraînerait avec lui d'autres bougres dans un tourbillon de revers et de déconvenues. Il me fallait décider de la meilleure manière de me joindre à lui, de lui faire accepter ma compagnie.
Je savais que je n'avais aucune chance d'être prise au sérieux si je m'étais présentée comme volontaire pour son expédition. Jeune, jolie, naïve, mes longs cheveux noirs tombant sur mes épaules halées, mes seins de vierge pointant sous ma tunique. Je ne connaissais les hommes que depuis quelques jours mais j'avais déjà compris que ce n'était pas au combat qu'il aurait proposé de m'emmener.

Je décidai de le suivre à distance quelque temps, et je découvris que je n'étais pas la seule. Des hommes au masque rouge vêtus de manteaux de velours noir recouvrant une tunique mauve l'espionnaient. J'étais inquiète. La destinée de mon sujet risquait de s'accomplir trop vite.
Je canalisai mon énergie pour invoquer Vénia, j'entrai en transe. Je vis Olfonz dans une taverne, avec un homme rude et ivre, puis d'autres entrer en armes. Je vis Olfonz et cet homme se battre vaillamment mais périr, surpassés en nombre.

Ce futur était proche, trop proche même. Olfonz ouvrait déjà la porte de l'auberge.

Je me précipitai sur un homme fortement charpenté et horriblement velu qui s'apprêtait à entrer par une porte de service, un lourd sac sur l'épaule.
« Vous voulez devenir riche? Alors aidez moi! » L'homme hésita entre la surprise et l'hilarité.
« Ola ma pt'ite dame. M'avez l'air bien agitée. Mais j’vous suivrais au bout du monde, et gratos! » répondit-il avec un large sourire, scrutant les moindres détails de mon anatomie. « Moi c'est Forgol, Qu'est-ce qui peut vous rendre heureuse?
- Enchantée, Meyja, Y a t-il une porte de service menant directement à la grande salle? Vite!
- Une porte ed' service, nan, mais y'a ben une trappe qui mène aux caves"

Quelques dizaines de secondes plus tard nous étions dans la petite cave, j'entendis le bruit sourd d'une table qu'on renverse au dessus de nous. Je tirai le loquet de la trappe. Bjorg et Olfonz tombèrent lourdement à nos pieds et nous regardèrent d'un air hagard. Forgol fit signe de la main et je leur demandai de nous suivre.

Nous courûmes tous les 4 à perdre haleine jusque la porte de service puis à travers les rues désertes. « Ici! » abboya Bjorg nous montrant une courée s'enfonçant vers les bas quartiers. Nous étions enfin à l’abri. Tous les trois. La nuque de Forgol avait été transpercée d'un carreau d'arbalète et il gisait au milieu de la rue. Nous pouvions le voir.
« On ne peut plus rien pour lui, allons nous-en! » dit Olfonz
J'acquiessai. Vénia avait demandé son dû.

« Bon! Maintenant on arrête les histoires. T'es qui, la donzelle? C'était qui ces gonzes avec leur masque de carnaval? » Bjorg semblait agacé.
« Eux, je ne sais pas. Moi, une voyageuse qui cherche un guide pour le Maurat » dis-je le plus fièrement possible. J'eu le malheur de bomber le torse.
« AhAhAh! Toi dans le Maurat? Allons ma p’tite, tu pourrais te casser un ongle! » s'esclaffa t-il en posant la main sur mes fesses. Les hommes ont-ils tous cette fâcheuse habitude? Il n'eut pas le temps d'esquiver ma gifle. Olfonz sourit:
« Allons! Elle nous a sauvé la vie et elle est vive. Je ne sais pas d'où tu sors petite mais tu es engagée. »
Bjorg se frottait la joue. « En tous cas je veux savoir qui sont ces hommes. Allons dans le quartier des docks. J'ai un vieil ami à vous présenter. Si lui ne sait pas qui ils sont, personne ne le sait dans cette ville! »
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Gottorp
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Posté le : 01/07/2004 17:51:15 Sujet du message :

… oui oui, posez cela là …

Ou en étais-je mon neveu. Ha oui. Artesdad. J’étais jeune à l’époque. Et beau. Enfin, moins laid que maintenant. Non, ne nie pas, je sais très bien comment on m’appel. Le fils du Fomorian. Dans mon dos bien sur. Jamais en face. Oui, j’étais jeune et beau. Et amoureux. Et con. Mais cela va ensemble.

Artesdad. Cette bonne vieille ville. J’y retournerai un jour. Peut être même que j’y finirai mes jours. Là où tout a commencé. Là où tout devrait finir. Adieu luxe et palais. J’y étais arrivé un peu par hasard. Jeune comme toi, fort comme un orc et insouciant comme jamais. J’y cherchais fortune. Pour briller aux yeux d’une femme. Pour y trouver la gloire qui me rendrait irrésistible. Que j’étais bête. Je n’étais pas fait pour cette vie là ! Deux semaines de voyage m’en avaient déjà convaincu ! Deux semaines a marcher, sac au dos, épée au coté, bouclier au bras et bottes aux pieds. Sous la pluie. Mais que pouvais-je faire ! J’avais déclaré haut et fort que je partais et que d’ici peu, je reviendrai la couvrir d’or, de bijoux et que je l’épouserai. Rentrer à présent aurait été le meilleur moyen de la précipiter dans les bras du forgeron.

C’est après deux semaines d’ampoules, de gouttes au nez et de nuits sans sommeil à se demander quand je serais attaqué que j’arrivais en vue de FolkGrad. Je ne sais pourquoi (sûrement le mal aux pieds), j’ai embarqué sur le premier fluvial venu. Le hasard a voulu qu’il descende le fleuve. C’est ainsi que j’arrivais à Artesdad. A l’époque, c’était déjà une grande ville, mais sans rien de commun avec ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Portant il me fallu un temps assez long pour que je me décide a descendre du bateau. Du moins, avant que le capitaine ne me foute dehors. J’étais intimidé. Presque honteux d’être là. Cette ville était pour moi une aventure a elle seule. J’étais cependant heureux de ne pas avoir eu le temps de me laver depuis deux semaines. L’odeur de ses ruelles sombres et de ses quais n’est pas une légende ! Mélange de sueur, d’excrément et de tout ce qui peut sentir fort et mauvais. Plus moi. Et la foule. Omniprésente, enivrante, envoûtante, vivante comme un fleuve. Mon premier réflexe est de prendre un air mauvais et de mettre ma bourse sous ma vieille chemise de mailles. On ne sait jamais !

Mais où aller à présent … Il n’y a pas de mode d’emploi pour la gloire. Alors j’ai tourné. Erré. Marché. J’ai vite vu que la majorité des tavernes étaient trop cher pour moi. Mes modestes économies ne tiendraient pas longtemps. Il me fallait un toit, à manger et un emploi. Et vite. Pour la gloire, on verrait plus tard ! J’ai abordé un garde et lui ai demandé timidement où trouver une auberge bon marché. Il m’a regardé de haut, méprisant et semblant deviner d’un simple coup d’œil combien j’avais d’or dans ma bouse. Il daigne me répondre en m’indiquant du pouce une direction. J’y suis allé. J’ai du demander dix fois mon chemin. Je me suis perdu. Et j’ai finalement trouvé.

Une porte sale, dans une impasse. Une impression d’entrer dans la bouche d’un troll tellement l’odeur y était forte. Un brouhaha peu engageant. Une atmosphère tellement chargée que l’on se croirait dans une étuve. J’hésite. Je suis bousculé par une sorte de monstre en armes qui décide pour moi de mon destin en me forçant à entrer. Bien entendu, je ne vais pas m’installer dans le centre. Non. Et je ne regarde pas les autres clients. Je fixe une table vide, dans un coin. Et en y arrivant, je comprends pourquoi cette table est vide. On pourrait croire que les latrines sont sur cette table. Mais au moins je suis assis. Je vois arriver un nain à l’air sombre, hargneux comme seul un nain peut l’être et aux avants bras comme mes cuisses ! Pour une somme « modeste », il consent à se fendre d’un repas tiède, d’une bière chaude et d’une grimace froide en guise de sourire. Je suis sur que la chambre sera humide. Et sale. Pas très glorieux mon début de quête de la fortune et de la renommée ! Que vais-je pouvoir faire … ? J’en étais la de mes pensées quand je vis renter dans l’auberge un étrange équipage : un prêtre en robe de bure, un homme sombre au visage dissimulé dans l’ombre de sa capuche et une jolie jeune femme. Cherchant semble t’il eux aussi la discrétion, ils s’installent a la table voisine de la mienne. La même odeur y règne, repoussant même les rats que l’on voit trotter ici et là. Par contre, le patron semble nettement plus prévenant envers eux. En se dirigeant à leur table, il se fend même d’un rictus qui doit être ce qui se rapproche le plus d’un sourire chez lui. Etant donné la proximité de nos tables, je ne peux qu’entendre leur conversation. Ils cherchent qui a envoyé des assassins à leurs trousses. Enfin, aux trousses d’Olfonz, l’homme encapuchonné. Le « prêtre », qui semble bien connaître le tenancier, a l’air de l’appeler Bjorg. Et la fille Meyja. Mais tout cela ne me concerne pas. Enfin ne me concernait pas … Pas encore devrais-je dire.

Fourbu et, il faut le dire, un peu découragé, j’avais décidé de faire de ce lieu mon logement. Et mon centre de remise en forme. A coup de bières. Chassés, ils attendaient un retour d’information de la part du patron. Apres plusieurs heures, je les voyais commencer à perdre patience. Moi, avec l’aide de la bière, je reprenais confiance. Je les entendais parler de « mission », du Maurat (dont je n’avais à l’époque pas entendu parler, mon neveu, car le petit village d’où je venais était bien loin de cela), de prime, d’un mystérieux employeur, … Après une nouvelle bière, sans trop savoir pourquoi, je me levais brutalement, plantais mes deux poings dans leur table (pour ne pas tomber en fait !) et déclarais devant leurs yeux étonnés, en prenant l’air le plus sombre que je pouvais :

« Je suis votre homme ! Vous cherchez du monde, vous partez pour le Maurat, je viens avec vous ! ».
Ils m’ont regardé comme un Ruzr regarde un couteau. Je n’ai pas souvent vu Bjorg prit de court depuis. Mais ce soir là, même lui avait l’air complètement surpris !
« Je me nomme Volkos, Volkos Dyrnan. Je mets mon épée à votre service, à condition que l’aventure en vaille la peine ! »
« Pour cela, ça va en valoir la peine, oui, le Maurat n’est pas une partie de plaisir » répondit Olfonz.
« J’ai connu pire », répliquais-je un peu au hasard.
Les deux autres me regardaient en se demandant si j’étais fou, inconscient ou les deux à la foi. Même le plus brave des guerriers ne parlait pas comme cela du Maurat. Mais la bière de Gruk et le vin de Dred avaient fait leurs effets !
Prenant une chaise, plus pour ne pas m’écrouler que pour poursuivre, je m’installais à leur table.
« Par où commence t’on ? » demandais-je.

C’est à ce moment là que le patron revient. Il avait les renseignements qu’ils cherchaient. J’écoutais d’une oreille distraite, me demandant ce que le Maurat pouvait être.

Ils se sont levés. J’ai suivit. Nous sommes parti du côté du Cirque, le quartier des marchants d’huiles et de lanterne. Ils m’ont parlé. J’ai répondu par des borborygmes. Nous sommes rentrés dans une boutique de chandelles. Le patron avait l’air riche et louche. Olfonz a commencé à discuter. Bjorg l’a projeté contre son comptoir. Je n’ai rien saisi. Je regardais les employés et les clients d’un air mauvais. Quand tout a coup …
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mamantins
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Posté le : 02/07/2004 05:56:13 Sujet du message :

"Allons, Allons. Il ne faut pas vous énerver! Votre problème est résolu non?" Dis-je en me fendant d'un grand sourire complaisant.
"Tais toi! Magicien de pacotille!Tu vas voir ce qu'il en coûte de me faire tourner en bourrique!!" Hurla le patron de l'auberge du Cheval Boiteux.
Ne déparaissant pas de mon sourire, je reculais devant le tenancier gesticulant.
"Tourner en bourrique, allons bon."
"Tu vois très bien ce que je veux dire!" Vociféra t'il en pointant une jeune fille de son baton.

J'étais arrivé par la voie fluviale, il y a une semaine tout au plus. Et déja les ennuis me tombaient sur le dos. J'ai quitté l'académie de sorcellerie de Joriol, il y a tout juste un mois. Le temps de rallier Artesdad, et de trouver un petit boulot. J'en ai trouvé facilement d'ailleurs, c'est pas la vermine qui manque et je ne rechigne pas devant les taches ingrates. Il n'y a pas de sots métiers. Je suis arrivé à point nommé dans cette auberge du quartier des marchands.
Le patron, Malfroi, un homme d'une quarantaine d'années, plutôt bien batit, les cheveux courts grisonnant m'avait engagé pour chasser les rats qui pillaient ses reserves de grains. Il m'offrait le gîte et le couvert ainsi que quelques piastres pour le travail. J'ai attrapé tous les rats en une journée (J'en ai compté plus d'une cinquantaines.). Mais bon, l'affaire pouvait bien traîner une ou deux semaines. C'est ainsi, que j'ai rencontre Emilie, sa fille, 17 ans, gentille, un peu rondouillarde, de jolis yeux bleus. En une demi-journee, l'affaire était dans le sac. Il faut dire que mon physique de "gueule d'amour" (sobriquet que je traine depuis l'Académie) y joue pour beaucoup. Des cheveux chatains aux reflets dorées encadrent mon visage au sourire ravageur. Mes yeux bleus se découpant parfaitement au-dessus de mon nez aquilin.

"Je vais te faire disparaître ce sourire narquois!! Tu vas voir!" reprit Malfroi.
"Je l'ai instruite voila tout." repondis-je toujours souriant.
Sur ces paroles, le patron, vert de rage, se rue sur moi en levant son baton.
"La colère vous rend aveugle." dis-je en esquivant, en direction de la porte, l'assaut grossier.
Mon adversaire prit un tabouret qu'il me jeta en pleine figure. Raté. Mieux vaut filer maintenant.
Je me précipite vers la porte, à quelques mètres de moi, l'aubergiste vociférait des insultes au sujet de ma famille, de ma descendence, me promettant de me retrouver, qu'il ne manquait pas de contact par ici..et cetera...et cetera...

Descendant la rue des lanternes comme si j'avais le diable aux trousses, je repris mon souffle à coté d'une boutique de bougies, à l'angle de la grand route. Quelques clients, richements vétus, en sortaient, affolés.
A l'intérieur, un grand type encapuchonné et un nain en robe de bure secouaient un pauvre marchand, tandis qu'un gars, qui avait du mal à tenir sur ses jambes, regardait méchament le personnel de la boutique. Une plantureuse jeune femme semblait attendre le résultat de la discussion:
"Alors qui les envois ces "Ombres du Masque" comme tu les appelles?" dit le grand type à l'allure sombre, tandis que d'un geste ferme, le nain envoyait le marchant dans l'etagere à bougies derrière le comptoir.
"Je....Je ne sais pas...." commence à chouinner le commerçant. "Ce sont des mercenaires.... n'importe qui peut..peut les envoyer."
"Pour ce que je sais de ces hommes masqués, ils sont très difficile à contacter et surtout très cher" dis le nain. "Comment ce fait-il que... "

"Excusez-moi" dis-je par la fenêtre. "Il me semble que vos ennuis arrivent par ici..."

En effet à deux boutiques d'ici, une dizaines d'hommes, portant des masques hurlants, marchent sur la grand route dévisageant les passants et détaillant les nombreuses boutiques alentour.
La personne qui montait la garde jette un oeil dehors:
"Il... il dit vrai.." dit-il d'une voix pateuse.

Les quatres personnages sortent de la boutique en trombe. Et remontent la rue tout aussi rapidement.
Je leur emboite le pas.

"Puis-je vous proposer mon aide" dis-je le souffle cours avant que l'on ne passe l'auberge du Cheval Boiteux.
Derrière nous hors de vue pour le moment nos poursuivants se rapprochaient à grand pas.
"Et que peux tu faire pour nous le jeunot!?" Rétorqua le nain.
"Ça." dis-je en souriant. "Aerishaa Mooo Hashara Nami!"
Une étrange lueur bleutée se dégagea de mon corps, sur un rayon de 5 mètres.
"Pars-la ,restez groupé, et essayez de pas faire trop de bruit" dis-je en marchant d'un pas plutôt lourd vers une ruelle a quelques mètres de nous.

Nous n'étions pas tous dans la ruelle quand les "Ombres" arrivèrent à notre niveau et nous dépasserent sans rien voir. Apres quelques minutes de course dans les rues pour s'éloigner de la zone, la sphère d'invisibilité se dissipa.
"Et bien, bonjour, je m'appelle Eloi." dis-je avec un sourire charmeur vers la jeune femme.
Le groupe se présenta rapidement.

La course semblait avoir dégrisé Volkos.
"Allons y. Il ne vaut mieux pas traîner ici. On a une longue route a faire pour le Maurat." Dit-il en me dévisageant, comme si cela devait me faire peur.
"Puis-je venir avec vous? Je dois quitter la ville quelques temps..."
Ils me regardèrent comme si je venais de dire la plus grosse bêtise qu'il est possible de dire.
"Tu devrais plutôt rester ici le jeunot. c'est pas un endroit pour toi là-bas." dis Bjorg.
"Je veux venir, prenez moi avec vous!"
"Tu es sur de ce que tu dis le jeunot?" (Ce sobriquet allait me suivre longtemps...) demanda Olfonz.
"Euh.. ben oui!"
"Voyons, Olfonz, c'est pas un endroit pour emmener un gamin!"
"Bjorg a raison" ajouta Volkos.

Le groupe était en train de débattre sur mon sort quand un énorme bruit retentit!
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naaaan!
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Cassin
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Posté le : 02/07/2004 11:31:50 Sujet du message :

Le réveil avait été brutal. Pas aussi douloureux que le premier jour, mais brutal quand même. Quelle idée aussi que d’avoir sauté dans ce bateau. Enfin, je n’avais pas vraiment eu le choix, mais le fait que je sois encore en vie me prouvait que j’avais réussi à échapper aux assassins de ma douce. Faut dire que ce n’est pas très malin de dérober un bijou de famille à Rithiel Latonen, une des plus riches marchandes d’Ardun. Peut-être que si j’avais été avec elle depuis plus de deux semaines, aurais-je su qu’il n’y avait pas geste plus stupide… Néanmoins je ne regrette pas le peu de temps passé entre les bras – ou les jambes… - de cette superbe elfe. Même si ses tueurs étaient bien moins sexy qu’elle.

Bon, première chose à faire, sortir de ce bateau sans se faire remarquer. Suite du programme, penser à découvrir dans quelle ville j’ai atterri et chaparder quelques bourses pour m’offrir une chambre décente, le temps de faire le point sur la situation. Bah, ça ne devrait pas poser plus de problèmes que d’habitude. Quand on avait des gènes de voleur dans le sang et qu’on avait en plus été recueilli par un gnome illusionniste qui avait dispensé les bases de son art, le commun des badauds était une proie facile.

Ah, ce bon vieux Navelferstol ! Sous ses dehors de professeur rude et rustre, il avait un bon fond. Il m’a sortit de la rue, après que papa soit tombé sur la hallebarde d’un garde lors d’un cambriolage et que maman soit morte d’une maladie bizarre attrapée chez un de ses clients. Un bon bougre, vraiment. Grâce à lui, j’aurais pu devenir un grand illusionniste moi aussi, parcourir le pays dans un cirque itinérant pour amuser tous les soirs les petits nenfants. « Frinegard Hedger le Grand ». Ca sonnait pas mal, quoique « le Grand » pour un halfelin puisse paraître un peu pompeux… Et un jour j’aurais décidé de poser mes sacs et de m’établir quelque part pour prodiguer à mon tour mon savoir à de jeunes et envieux apprentis… Arf… très peu pour moi, franchement. Même si Navelferstol ne vivait plus dans la pauvreté, les histoires de ses débuts n’avaient pas mis longtemps à me convaincre que le métier n’était pas assez lucratif pour mes besoins. Mes talents grandissants avec le temps, j’avais commencé à les utiliser pour mon « confort personnel ». D’abord une bourse par ci, une bourse par là, c’était presque trop facile de couper le cordon quand on détournait l’attention de sa cible par une petite illusion rapide. Nombreux ont été ceux qui ont aperçu du coin de l’œil, qui une bagarre démarrer inopinément et s’éteindre tout aussi rapidement, qui un dresseur d’ours perdre une seconde le contrôle de sa bête, qui a voler un instant un regard sur une jeune vierge apparaissant demi-nue à sa fenêtre… et de repartir plus léger l’instant d’après. Malheureusement le vieux Navel n’avait pas tardé à remarquer mon enrichissement grandissant, et, ayant découvert mes « activités secondaires », m’avait chassé de chez lui. Après l’avoir dûment cambriolé afin de me préparer au voyage qui m’attendait, j’avais commencé à butiner de ville en ville, changeant de crémerie quand les événements se précipitaient et que je commençais à être trop connu. J’ai parcouru ainsi une grande partie du Maingarten, un beau pays fleuri très très au sud du Stradenfürt où je me trouve actuellement.

Ou du moins où je me trouvais à Ardun, je ne sais toujours pas où je suis aujourd’hui… D’ailleurs il faudrait peut-être que je songe à sortir de ce bateau, les quatre gaillards qui déchargent travaillent vite et je vais bientôt manquer de caisses pour me cacher. Je ressortis à la suite des quatre marins en resserrant sur moi mon manteau noir et lançais une petite illusion pour apparaître aux yeux des autres comme un vulgaire marin, et en débouchant à l’air libre je constatais que tous étaient suffisamment affairés pour ne pas me prêter une attention suffisante. Tel était mon point faible, en général une observation plus attentive qu’un simple coup d’œil suffisait à trahir mon déguisement. Je descendis promptement du navire et observais rapidement les docks alentours. Il n’y avait rien de particulier à signaler excepté mon pire cauchemar : une foule, noire et dense. Des gens. Partout. L’horreur. Bon sang, ce que j’avais horreur des gens ! Ca pouvait paraître le comble pour un voleur de détester autant les inconnus, mais pour moi, ça me facilitait la tâche. N’aimant pas les personnes que je volais, je n’avais aucun scrupule. Les gens que je connaissais, j’avais plus de réticences à les alléger d’un objet ou deux. Surtout les amis. Heureusement, je n’avais aucun ami. Et ma récente débâcle auprès de ma douce mais impitoyable Rithiel me confortait dans cette voie : il est très dangereux de voler les gens qu’on apprécie.

Revenant à mes occupations plus actuelles, je remontais sur ma tête ma capuche, et, ayant pris une grande inspiration, je m’enfonçais dans cette masse grouillante et suante – mais pleine de bourses pendantes n’attendant que ma dague – sous la forme d’un bon gros demi-orc à l’air maussade. Au moins j’étais certain d’éviter plus facilement d’être bousculé.
Il ne me fallu pas longtemps pour apprendre que j’étais arrivé à Artesdad, une ville marchande du Stradenfürt située entre la contrée minière proche d’Ardun et la capitale, Stradendad. En moins de deux heures, j’avais subtilisé de quoi me payer une chambre de bonne facture pour au moins une semaine. J’étais entré dans une taverne à l’allure pas trop miteuse et je venais de commander une bière quand j’entendis à une table voisine une exclamation qui attira mon attention :
- Le M… Mau… Maurat ?
Ca venait d’un homme très grand (surtout pour moi), maigre, avec un nez crochu et des sourcils proéminents, qui discutait avec ce qui semblait être un riche marchand. Je suivis d’une oreille distraite leur conversation, comprenant vaguement que le commanditaire voulait rejoindre le nord du pays en traversant une région appelée le Maurat, dont je n’avais jamais entendu parlé mais que le grand sec semblait redouter. Mais ce qui m’attira fut sans conteste l’énorme bourse bien rebondie qui lui fut remise. L’homme était pourtant habile car je ne vis pas où il la fit disparaître. Je sentis alors en moi monter cette pulsion qui m’avait fait dérober le médaillon de Rithiel. Je VOULAIS cette bourse. Et pas une autre. Bon, ça risquait de ne pas être chose aisée, ayant remarqué que le gars en question semblait habile, que je n’avais pas vu où il avait caché l’argent, et que la grande épée qu’il portait m’avait refroidit. Terminant rapidement ma bière, je décidais de le suivre discrètement afin de saisir une meilleure opportunité. Filant ma nouvelle proie dans une autre taverne, je le vis recruter une autre personne pour son affaire. J’allais tenter de dérober ladite bourse avant qu’ils ne soient un bataillon autour d’elle quand le costaud avec qui causait ma cible déclencha une bagarre avec des gus en mauve coiffés de masques rouges. Me repliant dans un coin d’ombre, je faillis ne pas remarquer que mes oiseaux s’étaient enfuis par une trappe du plancher. Je les suivis de justesse avant que l’escouade de mauvais garçons à leurs trousses ne se lance à leur poursuite. Ils étaient maintenant quatre autour du convoité sac de cuir : mon gars, le balèze qu’il venait de recruter, et maintenant une jeune fille et un autre type. Décidément… Alors qu’ils tournaient un coin de ruelle, je jetais rapidement l’illusion d’un étal de marchandises sur le passage qu’ils avaient emprunté et envoyait l’image de quatre silhouettes furtives dans une autre ruelle. Ni une ni deux, les types en mauve suivirent la direction de mon mirage et je puis continuer tranquillement à épier ma bourse sur pattes.
Ce fut alors que le dernier arrivé me remarqua dans leur fuite. Pointant mon bras en avant, je détendis la mini-arbalète de poignet cachée sous ma manche. Avec un clang! à peine audible, le carreau partit et se figea dans sa nuque avant qu’il ne puisse sortir un seul son. Pestant contre mon imprudence, je créai une nouvelle illusion des hommes en mauve que je fis passer devant la ruelle où ils avaient tournés afin de les rassurer. J’ai continué à suivre la bande, où j’en appris plus sur leur but et leurs agresseurs en épiant leurs conversations. Lorsqu’ils engagèrent un nouvel acolyte, un jeune guerrier complète saoul, je décidais de passer à l’action avant qu’il ne soit vraiment trop tard : alors que le groupe interrogeait rudement un marchand de chandelles, je fis apparaître l’image d’un groupe de ces hommes en mauve au bout de la rue. Je comptais sur le fait qu’ils se retranchent dans la boutique et engagent le combat contre mes images pour dérober la bourse pendant l’agitation. C’était sans compter sur un jeune blanc-bec qui les avertit… Pire encore, c’était un jeune mage qui créa une sphère d’invisibilité pour les protéger. Mes illusions passées, j’entendis que le nouveau se joignait également à eux et je tentais le tout pour le tout. Provoquant une chute de tuiles illusoires du toit voisin, à renfort de grand bruit, je me jetais sur le grand sec, sortant brusquement de l’ombre. Roulants dans notre chute, je cherchais en vain à sa ceinture ou dans ses sacoches la bourse de cuir quand une pointe froide se colla contre ma nuque.
- Enlève tes sales pattes de là, fit la voix mauvaise de l'homme bourru derrière moi.

Gloups… Je levais lentement les mains et me relevait avec précaution tandis qu’Olfonz se redressait en serrant son manteau autour de lui. S’ensuivirent de longues et douloureuses (pour moi) explications sur mon identité et le but de ma manœuvre, mais je parvins habilement à leur faire entendre qu’il était préférable de me laisser la vie sauve en leur rappelant que c’était moi qui les avaient sauvés des hommes masqués la nuit précédente (je réussi heureusement à faire l’impasse sur la mort de leur compagnon et à détourner le sujet).
Après quelques négociations, ils décidèrent de m’intégrer à leur troupe. Non pas que je voulais absolument les aider, mais il me démangeait toujours de mettre la main sur cette maudite bourse…Décidant que son groupe était maintenant assez nombreux et diversifié, Olfonz fit envoyer par coursier un message à son commanditaire afin de le retrouver plus tôt que prévu à la taverne. Le reste de la journée passa à faire mieux connaissance entre nous, et le soir venu, nous nous dirigions vers le lieu de rendez-vous quand soudain un autre groupe de l’Ombre du Masque nous encercla…
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lendraste
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Posté le : 02/07/2004 14:28:33 Sujet du message :

A ce moment, j'en eu assez. La plupart du temps, quand quelqu'un me courrait après, je savais pourquoi. Il en allait de même quand je courrais après quelqu'un, quoique je ne me sois pas souvenu sur l'instant si cela s'était déjà produit. Mais présentement, les interventions multiples et innopinées de ces larrons, que je ne connaissais ni d'Evenasti ni d'Adamperi, m'agaçaient au plus haut point.
- Qui êtes-vous donc ? demandai-je en m'avançant inconsidérément vers l'un d'eux.
- Merde Olfonz ! Tu fais quoi ? Tu veux te faire tuer ? lança ce bon Bjorg.
- Non, je veux parlemen...
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase coupée par une lame vibrante de l'intention de me faire visiter l'au-delà. Je n'eus que cela de coupé heureusement. Le second assaut rencontra l'une de mes dagues, qui détourna l'arme tandis que je me fendais pour atteindre la gorge de l'assassin avec une autre. Autour de moi, tout s'agita. J'ignorai combien les adversaires pouvaient être mais je songeai déjà au récit de cette pieuse bataille dont j'allais sortir vainqueur et qui allait illuminer ma réputation déjà grandement établie. Géné par cette affreuse capuche posée sur ma tête depuis que Bjorg en avait eu l'idée, afin de masquer mon visage pourtant quelconque, et donc, passe-partout, je me décidai à l'ôter et à la jeter au visage d'un autre attaquant. Aveuglé un court instant, il ne me sentit pas passer dans son dos, et je lui découpai alors quelques tendons musculaires généralement utiles pour se mouvoir. Une silhouette passa tout près et j'esquivai de justesse le coup porté contre moi. Je jetai un oeil rapide à mes compagnons. Volkos s'escrimait furieusement contre l'un des attaquants mais avait le dessus. Bjorg, quant à lui, tenait sous son bras droit le cou d'une des Ombres, le reste du corps de ce vilain trainant sur le sol. Eloi, notre mage, regardait deux de nos ennemis se débattre, enfoncés jusqu'aux cuisses dans un bac de boue qui n'était pas là avant. Le vilain petit palpeur, notre dernière recrue en qui je n'avais aucune confiance, terminait le sien, juché sur son adversaire qui était à plat ventre sur le sol, les mains serrées au niveau du cou de sa victime sur deux petites poignées de bois que je devinais reliées l'une à l'autre par un cable quelconque. Je me demandais alors si l'outil, qui ressemblait au mien, était à lui où s'il l'avait emprunté à son tapis de sol qui n'avait plus besoin de masque pour demeurer mauve. Au milieu de ce petit champ de bataille, imperturbable, auréolée d'une lueur dont j'ignorai la fonction et la provenance, la jeune Meyja se tenait debout me regardant fixement. Je lui avait dit, la veille, qu'il me semblait la connaître et elle n'avait pas démenti. Que ce fut vrai ou non, une partie de moi n'attendait que de savoir jusqu'à quelle point je la connaissais vraiment. Mais les oeillades discrètes que je lui avait lancé n'avait pas semblé lui décrocher autre chose qu'un sourire poli. Je m'arrachais à la contemplation importune de ses seins pour me lancer à la poursuite des trois Ombres qui étaient passés près de moi sans demander leurs restes.
- Arrêtes Olfonz ! m'ordonna la voix de Bjorg.
Qu'il s'époumone celui-là ! Je comptais bien ramener trois prisonniers de plus. Mais mes souvenirs de cet instant furent très douloureux. J'avais alors reçu un choc à la tête et perdu connaissance.

Mon réveil fut tout aussi douloureux, la voix de Bjorg résonnant dans mon unique oreille :
- Qu'est-ce que tu fais toi ?!
- Rien, rien. Je vérifiais s'il allait bien.
C'était la petite fouine qui avait répondu je crois. J'ouvrais les yeux, pour constater qu'il était près de moi avec une main là où il ne fallait pas... Encore ! Il ramassa sa dextre, vide, avant que je n'aie le temps de l'attraper. Peu importait.
- Qu'est-ce qui t'a pris de leur courir après ? me questionna Bjorg.
- Nous avions le dessus, marmonai-je. Et toi, pourquoi m'as-tu assomé ?
- Parce que, tête d'oiseau, en admettant que tu aies eu le dessus, tu ne crois pas que si ces gars-là savaient où nous trouver, ils savent où est ton employeur ?
Je me redressai immédiatement en murmurant "m.. mes pi.. pi... piastres". La tête me tourna un long moment durant lequel je m'évertuais à reprendre le contrôle de mon équilibre naturel très précaire.
- Et ceux-là ? dis-je en montrant les corps de nos agresseurs pour détourner l'attention de ma personne.
- Morts, déclara Volkos.
- Ceux que nous n'avons pas tué se sont empoisonnés, fit la petite fripouille de Frin. J'ai trouvé ceci sur eux, ajouta-t-il en montrant une minuscule fiole.
J'ignorai le Halfelin le temps de reprendre mes esprits et décider quoi faire.
- Vite, au rendez-vous ! lançai-je en partant en courant.
- Il était temps, s'exclama Eloi.

Tout en courant j'égrainais dans ma tête les récents évènements. Etait-il possible que mon employeur ait maille à partir avec ces Ombres du Masque ? Et qui était ce fameux Masque ? Ma petite expédition dans le Maurat devenait soudain moins importante en soi, même si elle pouvait s'avérer nécessaire pour sortir mon employeur, et maintenant moi, de ce mauvais pas. Une vision d'un monceau de piastre m'empêcha de voir plus loin. Ah non... C'était les 36 chandelles que je vis en heurtant Bjorg qui s'était arrêté brusquement devant moi. Mon regard parvint à se poser sur le motif de cet arrêt brutal : trois silhouettes mauves qui courraient vers l'entrée de la boutique de Moritz, un ami tailleur, là où mon employeur devait nous attendre.
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Lendraste de Loreval
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WoodBlade
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Posté le : 02/07/2004 18:40:08 Sujet du message :

“Olfonz, sois gentil, ouvre les yeux : si on doit traverser l'enfer ensemble, ça pourra te servir"
Le grand venait de me rentrer allègrement dedans, juste au moment où je lui indiquais trois nouvelles silhouettes qui avaient visiblement la même destination que nous.
Il avait l'air un peu sonné. Faut dire que la bagarre avait été aussi rude qu'imprévue, et que je n'étais pas mécontent qu'on ait été une demi-douzaine, quoique bizarrement assortis.
En attendant, nos plans étaient bousculés et on devait rapidement prendre une décision.

Le Très Juste me permet de voir les intentions des gens : pas les détails de la pensée mais leurs sentiments et leurs intentions. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la situation s'y prêtait.
Je fus vite rassuré : ils étaient tous aussi paumés que moi :
- le grand balafré n'avait visiblement pas prévu d'être la cible de quiconque,
- le jeune costaud tout juste remis de sa cuite, le petit sorcier qui semblait prendre un malin plaisir à tout ceci, et la petite fouine, de toute évidence un sale voleur, n'en savaient pas plus long
- la donzelle, elle, vit clair dans mon petit jeu, et me décocha un sourire ironique : elle ne ferma pas son esprit pour autant. Je pus voir qu'elle avait un but bien à elle dans ce voyage, mais qu'elle était un compagnon aussi fidèle que mystérieux.

Sous l'abri relatif d'un porche, les jeunes se mirent à parler très vite, à voix basses, dans la plus grande confusion : il devenait pourtant urgent d'agir.
« Prêtre, faites comme moi, tentons de porter notre ouïe dans les murs de cette demeure ... enfin, dès que ces ridicules vociférations auront cessé » la gamine les avait mouchés.
Deux secondes de concentration me suffirent : il était clair qu'un combat se déroulait dans la bâtisse : à tout le moins nous pourrions bénéficier de l'effet de surprise en débarquant à l'improviste.
« Pas d'embuscade en vue », dit Meyja
« De toute façon personne n'est là pour un voyage touristique : qu'attendons-nous ? » ajoutais-je.

Olfonz prit la parole, décida de nous diviser en trois groupes (ce qui me parut bien inutile et compliqué) et me dit de partir droit sur la porte avec Volkos. Il estimait, à mon grand amusement, que je ne saurais me faufiler discrètement sur l'arrière.
Son plan était simple : nous devions faire une arrivée bruyante. Si nous mettions en fuite le gars en mauve, ils les tireraient à la sortie, et si le combat s'engageait, ils entreraient par derrière pour les surprendre.
En vérité, le coup d'épaule que je mis dans la porte suffit à l'arracher de ces gonds et nous entrâmes en hurlant. Personne ne sembla pourtant surpris dans la pièce : une dizaine de cadavres y gisaient dans une marre de sang. Le mien se glaça pendant que je dis une rapide prière. Je vis mon Volkos sur le point de rendre son diner, et j'émis le sifflement codé prévu : les autres pouvaient entrer .
Ils arrivèrent en courant et se figèrent tels des statues. Aucun gars en mauve parmi les cadavres. Plutôt une bande voleurs. La plupart avaient en travers du corps de courtes épées noires ou des carreaux d'arbalètes plantés.

A cet instant un bruit sourd retentit à l'étage et nous ramena à la raison.
Nous grimpâmes comme un seul homme.
Frin, arrivé le premier, cria : "Ils viennent de partir par les toits !"
J'interdis de les suivre et dis à Eloi et Volkos de monter la garde.
Olfonz était agenouillé auprès d'un homme écrasé par une lourde armoire, de toute évidence son employeur. Il haletait et un mince filet de sang coulait de son oreille. Je vis rapidement que les pouvoirs de guérison du Très Juste seraient insuffisants. D'un signe de tête, Meyja m'indiqua son égale impuissance.
Je posais tout de même mes mains sur sa poitrine pour apaiser sa douleur. Il s'accrochait désespérément à Olfonz, et j'entendis une partie de ce qu'il lui dit :
- Ils vous chassent car ils ont peur de vous ... savent que vous pouvez réussir ... partez sans moi ... je n'aurais servi à rien de toute façon...arrgggh...
Une terrible convulsion le secoua et un flot de sang sortit de sa bouche.
- Ils ne l'ont pas encore trouvé, donc tout reste possible ... faites-le ... pas pour moi, mais pour nous sauver, nous sauver tous, ahhhh!...
Il réussit encore à chuchoter :
- Dans le coffre, sous la colonne, il y a un ...
Je fermai ses paupières et le bénis.
Nous nous regardions interloqués, quand tout à coup, du ciel, retentit un long sifflement strident. J'ai bourlingué depuis vingt-cinq ans, et je peux vous dire qu'il n'y a pas un piaf sur ce continent qui a un cri aussi effroyable que celui-là...
- « Venez-voir, par ici ! », cria alors le sorcier
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Dernière édition par WoodBlade le 24/04/2015 10:18:21; édité 2 fois
 
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Saelis
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Posté le : 02/07/2004 21:06:51 Sujet du message :

Tout le monde descendit rejoindre Eloi et Volkos. Seul Olfonz resta à l’étage. Nous étions tous les cinq plantés là sur le perron de la boutique de Moritz à regarder fondre sur nous un énorme corbeau bicéphale chevauché par un homme en armure noire sans éclat.
Je portai mon regard sur Eloi. Il me regarda l’air dépité, écartant les deux mains et abaissant les épaules. Je compris qu’il avait épuisé toute son énergie dans notre dernier combat. Ce fut Frinegard qui nous sauva : « A mon signal, entrez tous à couvert ».
Il fit quelques mouvements rapides en marmonnant « Maintenant ! »
Son illusion avait fonctionné. Les griffes du monstre arrachèrent quelques pavés et il reprit de l’altitude. Il tourna encore quelques instants et finit par s’éloigner sous une pluie battante.

Olfonz nous rejoignit. « Regardez ce que j’ai trouvé ! ». Il tenait dans la main une pierre rouge grosse comme le poing. Le regard de Frinegard s’illumina. Eloi proposa de l’examiner :
« Il émane une forte magie de cette pierre… une signature… un oiseau noir… deux têtes… ».
Six paires d’yeux se tournèrent simultanément vers le ciel.

Il nous fallait trouver des réponses sur cette pierre, tout le monde en convenait. Il nous fallait aussi quitter la ville au plus vite, mais pour aller où ?
« Voldevaag ! » s’exclama Olfonz en levant brusquement sa grande carcasse. Bjog le regarda comme s’il avait perdu la raison.
« Un monastère dédié à Lahr. Ils ont une des plus grande bibliothèque de la région et ça ne nous fait faire qu’un petit détour sur la route du Maurat
- Voila une riche idée ! » Bjorg envoya une tape puissante sur l’épaule osseuse d’Olfonz.
« Mais il faut s'équiper d’abord ! »
Je sentais les fils du destin se resserrer une fois de plus autour du groupe. La fortune de notre aventure n’était pas encore décidée mais elle se jouerait à peu. Une phase de turbulences approchait.

« Ne perdons pas de temps, il faut partir maintenant. Ne me demandez pas pourquoi, faites moi juste confiance ». Ils se regardèrent tous les cinq en s’efforçant de retenir leurs rires, se demandant qui parlerait. Bjorg se dévoua sans avoir à forcer sa nature.
« Ecoute ma p’tite. Tu crois p’tet qu’on va voyager au grand jour à la vue de c’t’oiseau d’malheur ?
- Bjorg a raison, et il nous faut nous équiper » ajouta Volkos sur un ton plus chaleureux.
Ils ne me prenaient toujours pas au sérieux. Trop fiers.

Nous partîmes discrètement à la recherche d’une armurerie. Il tombait des hallebardes et ma tunique était mouillée. Je ne supportais plus leurs regards, surtout celui insistant d’Eloi. Je me demandai même un instant s’il n’avait pas épuisé son énergie magique à regarder sous ma tunique.
Je pris une mesure radicale. Je me souviens encore de leur tête quand ils m’ont vu arriver affublée de cette chemise de mailles trop lourde et les cheveux maladroitement coupés d’un coup d’épée. Bjorg me regarda d’un air amusé. Olfonz sembla approuver mon pragmatisme. Volkos avait les yeux écarquillés. Eloi était déconfit. Frinegard louchait sur le manteau d’Olfonz.

Après avoir pris quelque repos, nous quittâmes Artesdad au crépuscule. Au bout de quelques heures une caravane vint à notre rencontre.
« Inutile d’aller plus loin, le pont sur l’Arval a été emporté par la crue… »
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Gottorp
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Posté le : 04/07/2004 13:05:07 Sujet du message :

Reprenons donc … oui, oui, continu à écrire …

« Et bien il doit bien y avoir d’autres ponts, non ? » dis-je d’un air pâteux. Il faut dire que tout ceci m’avait certes dégrisé, mais le mal de crâne qui s’installait en moi était d’une force peu commune !
« Un autre pont, hoooo bien sur, très bonne idée, répliqua Bjorg. On n’y aurait pas pensé nous-même, on pensait passer à la nage ! Heureusement que tu es là ! »
« Tu as très bien compris ce que je veux dire ! Quel est le pont le plus proche ? »
Olfonz réfléchit quelques instant … « normalement il y a un bac à 3 lieues au nord, mais je doute qu’il soit en état. Et à moins de pouvoir voler », dit-il en regardant Eloi qui fit un signe négatif de la tête, « le seul pont de grande taille est à au moins 30 lieux au sud. Si celui-ci a cédé, les autres aussi. Le Darhein est un fleuve puissant et ses colères sont terribles».
Vous oubliez la Guilde des Convoyeurs ! intervint alors Frinegard, les yeux brillants ! Ils ont un de leur comptoir proche d'Artesdad ... On les dit fort riches, car ils sont fort chers, mais c’est sûrement ce qu’il y a de plus rapide ! Ces gnomes sont à coup sur notre …
« Non ! » le coupa Bjorg, « plus jamais avec ces malades. D’abord c’est stupide de vouloir passer par les airs avec ce truc à deux têtes qui nous suit. En plus, je les connais et je refuse de monter à nouveau à bord de leurs soi-disant navires et d’entendre leurs fadaises sur ... »
« Mais c’est quoi cette guilde ? » demandais-je alors. Et oui, depuis, j’ai plus qu’à mon tour eut recours à leurs services, mais encore une fois, jamais je n’avais entendu parler d’eux !
« Des fous pour certains, des génies pour d’autres, des hérétiques pour beaucoup. Ils ont en effet un comptoir près d’ici, mais je n’y avais pas pensé » me répondit Olfonz.
« Je n’ai pas trop envie de m’associer à ces gens qui refusent les dieux et vénèrent la science mais si c’est ce qu’il y a de plus rapide, je suis pour » dit Meyja.
« Alors c’est d’accord » trancha Eloi, tout le monde acquiescant, sauf Bjorg qui grommelait que cela se terminerait en catastrophe. Moi, ne sachant pas vraiment de quoi on parlait, j’étais d’accord.

Nous nous mîmes alors en route, suivant Frinegard qui semblait savoir où se trouvait cette « guilde ». Il semblait très excité, les yeux brillants et parlant a voix basse de savoir et de richesses … Apres une grosse heure de marche au nord la ville, suivant une route embourbée, nous arrivâmes devant une sorte de grosse ferme fortifiée. Sauf qu’un détail faisait que l’on ne pouvait confondre ces bâtiments avec une ferme : une tour d’une vingtaine de mètres de haut, avec une sorte d’énorme saucisse soutenant un petit bateau attaché au dessus de cette tour ! Un bateau volant !

Alors que la pluie redoublait et que le vent se levait de plus en plus, je restais bouche bée, incapable d’avancer plus avant ! « Allez, magne toi », me dit Bjorg. « Plus vite on aura vu ces fous, plus vite on pourra les quitter ! » et il cracha par terre, l’idée de se mêler a ces gens semblant le déranger plus que les tripes et le sang qu’il avait répandu. Olfoz tira une chaîne et un bruit de gong retenti. La porte s’ouvrit, menant sur une sorte de couloir de pierre fermé par une seconde porte. Ce n’est que lorsque nous fûmes tous dedans que la porte que nous venions de franchir se referma et qu’une voix venue de partout et nulle part retentie …
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mamantins
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Posté le : 05/07/2004 05:37:02 Sujet du message :

"Bonjour! Cher clients! Bienvenue dans la guilde des convoyeurs ."
La voix érrailliée sortait d'un des tuyaux de cuivre qui courraient le long des murs.
Avant que nous ayons pu faire le moindre geste, le demi-homme prit les choses en main.
j'aurais parié que ce n'était pas la première fois qu'il louait les services des convoyeurs.

Il se dirigea vers l'extrémité d'un des tubes et parla dedans:
"Nous souhaitons nous rendre en...euh" tournant la tête vers Olfonz
"Voldevaag" répliqua celui-ci
"Pourrions nous voir un navigateur?" repris Firn.

Depuis l'entrée dans ce batiment, les yeux écarquillés, je ne quittais pas du regards les étranges tubes, les rouages au dessus de la porte, le système de poulie du couloir... Il faut dire que je pouvais porter mon attention sur d'autres sujet, maintenant que la demoiselle du groupe se déguisait en garcon. Pffff...

"Première porte sur votre droite" repondis la voix après quelques secondes.

"Eloi, tu viens?" dit Bjorg. J'avais laissé le groupe me distancer, perdu dans mes pensées.
"J'arrive!"

On entra dans une étrange pièce, un petit être, assis derrière son bureau, nous fit signe d'avancer sans lever son nez crochu de ses papiers.
La pièce était grande, et une mulititudes de plans de machines, toutes plus invraissemblables les unes que les autres, ornaient les murs. Je m'attardais sur les plans d'une machine qui permet de se déplacer sous l'eau et d'y respirer. Sans magie!
Soudain, un cri de surprise, suivi de peu du mien. Le petit être avait levé la tête. Je n'aurait pas su dire si c'etait un gobelin ou un halflin. Toujours est-il que tous les membres du groupe ont eu un mouvement de recul.

"Vous voulez aller à Voldevaag?" Demanda sèchement le gobelin (je reste persuadé qu'il en était un descendant)
"Oui, nous souhai.."
"C'est d'accord! Ca fera dix couronnes par personnes" dit le navigateur coupant Olfonz.
Je ne suivais la discussion que d'une oreille distraite, absorbé par des maquettes d'objets volants difficile à identifier.

"Ca fait beaucoup..." dit Firn.
"C'est à prendre ou à laisser! Vous êtes les demandeurs." Rétorqua l'interlocuteur.
Je vis passer dans les yeux de Bjorg et Meyja une lueur de colère. Je suis sur qu'ils auraient aimé botter le train de cette chose...

Volkos brisa la tension qui montait en déclarant:
"Très bien. Quand partons-nous?"
"Dans une heure. Le temps de charger le navire."
"Si nous protègeons le navire en cas d'attaque, concentiriez-vous à une remise?"
Le gobelin, releva les yeux de ses papiers pour sonder le guerrier dans les yeux.
"Je pense que c'est négociable en effet. Mais vous n'avez pas de problèmes, n'est ce pas?"
"Aucun!" Retorquèrent en coeurs mes compagnons.

Semblant rassuré, le gobelin acquiéssa. Demanda une avance de cinq couronnes par personne.
Une heure après, à bord d'un navire volant, nous décollions...Direction Voldevaag.
Olfonz, Volkos ne semblaient pas rassuré lorsque nous quitâmes le sol.
Bjorg pestait contre ce moyen de transport hérétique, tandis que Firn discutait avec le navigateur sur la route qu'ils allaient prendre.
Enfin, j'essayais de discuter avec Meyja... Peine perdue...

Le trajet devait durer une bonne journée...
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Cassin
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Posté le : 05/07/2004 10:28:10 Sujet du message :

Diantre que ce moyen de transport était peu enclin à se stabiliser ! La moindre bourrasque faisait ballotter la nacelle en tous sens et il fallait avoir le pied marin pour ne pas renvoyer son déjeuner par-dessus bord. Bien que le fait d’imaginer la scène d’une personne se trouvant sur le plancher des Ruzrs recevant ledit déjeuner sur la tête me fasse sourire. J’avais toujours eu un sens de l’humour particulier…

Je jetais un coup d’œil à mes compagnons de route : Olfonz semblait perdu dans ses pensées, il était comme absent, embrumé dans de lointains souvenirs. Il semblait ne plus avoir conscience du bateau flottant. J’aurais pu tenter quelque chose sur sa bourse si Bjorg n’avait pas fixé son œil mauvais sur ma personne… Je crois que si je m’approchais ne serait-ce qu’à moins de deux mètres d’Olfonz, il n’hésiterait pas à me jeter par-dessus bord… Volkos, lui, était penché au dessus du plat-bord et venait de faire ce à quoi j’avais pensé un peu plus tôt. Les restes de sa cuite de la veille mêlés au tangage du navire n’avaient pas eu un bon effet sur son estomac… Eloi, de son côté, était assis en tailleur dans un coin et marmonnait frénétiquement une incantation. Certainement « stabilisation d’estomac de Rakyn », un sort que j’avais fréquemment vu utilisé chez les mages marins débutants. Apparemment il ne le maîtrisait pas à la perfection vu qu’il fut saisi d’un ou deux haut-le-cœur… Meyja, de son côté, semblait émerveillée et n’arrêtait pas de courir de bâbord à tribord, buvant des yeux le moindre détail. D’après moi, elle n’avait pas beaucoup voyagé jusqu’alors et ce devait certainement être sa première véritable escapade hors de ses murs.

Tout à fait à l’arrière, le gnome ressemblant à un gobelin qui nous servait de navigateur s’était endormit à sa barre. Je décidais d’aller le réveiller un peu en lui posant quelques questions, après avoir délicatement fouillé ses poches pour récupérer la somme astronomique qu’il nous avait extorqué au départ (bien que ce ne fut malheureusement qu’une avance).
- Holà, maître gnome ! Êtes-vous certains de votre direction ? Nous nous dirigeons bien vers Voldevaag ?
- Hein ? Quoi ? Où ? Ah, oui oui, bien sûr ! Je ne me trompe jamais !

Je m’éloignais et, appuyé au bastingage, je jetais un œil à une carte que j’avais dérobé avant de partir, vu qu’apparemment aucun de mes compagnons n’avait pensé à en emporter une (en tous cas, aucun n’en avait dans son sac, d’après mes « recherches »). Aidé d’une petite boussole, j’estimais vaguement notre route d’après l’heure et la position du soleil, et déduisit que nous étions plus en moins dans la bonne direction. Je n’étais pas spécialiste en navigation tout du moins.

Une fois arrivé à Voldevaag, il faudrait que je m’accorde un petit moment pour étudier un peu le rayon « magie » de leur bibliothèque. Si elle était à la hauteur de sa réputation, je devrais y découvrir deux ou trois choses petites utiles à la suite de notre voyage. Les récentes péripéties auxquelles j’avais été mêlé m’avaient ouvert les yeux : si savoir lancer quelques illusions pouvaient dépanner au besoin, contre un oiseau géant bicéphale, ce n’était pas la panacée non plus. Et si la dernière fois nous avions eus de la chance, peut-être que le prochain serait plus perspicace… Il faudrait également que je mette au point une stratégie pour dérober la pierre rouge trouvée à Stradendad. Si j’arrivais à faire croire à mes compagnons de voyage que je m’y intéressais plus qu’à l’énorme bourse d’Olfonz, peut-être relâcheraient-ils un peu leur attention de cette dernière… Du moins fallait-il qu’ils me croient assez fous pour désirer avidement une pierre maléfique attirant des monstres ailés…

- Voldevaag en vue ! s’écria soudain le gnome, me tirant de ma rêverie.
La journée tirait déjà à sa fin et nous n’avions croisé aucun ennui. Voilà qui n’arrangeaient pas nos affaires avec ce rapiat de navigateur fou… Et d’après le regard que me jeta discrètement Bjorg, il semblait d’accord avec moi. Me rendant discrètement à la proue du navire, je fis apparaître dans le lointain une copie de l’oiseau géant et de son cavalier qui nous avaient attaqués à Stradendad et le fit foncer sur l’esquif. Bjorg sonna l’alerte et tous se préparèrent à « l’affronter », mais le gnome fut encore plus prompt que nous : il vira d’un seul coup pour faire plonger son vaisseau vers Voldevaag le plus rapidement possible,ce qui nous projeta tous dans tous les sens. Le choc m’avait fait perdre ma concentration et l’oiseau avait donc disparut. Le gnome, lui, souriait de toute sa bouche édentée. Il était clair qu’il ne nous ferait pas de ristourne. Je devrais encore me débrouiller pour récupérer notre monnaie après l’atterrissage, semblait-il.
C’est alors qu’une voix appelant à l’aide parvint jusqu’à nous. Dans la précipitation de la manœuvre, nous en avions oubliés Volkos, toujours accroché au bastingage, et le brusque changement de direction l’avait précipité par-dessus bord et il était maintenant accroché à l’ancre du navire, quelques cinq mètres plus bas…
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lendraste
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Posté le : 05/07/2004 19:53:25 Sujet du message :

Je me relevai après cette dernière manœuvre. Si le pilote avait voulu nous tuer, il n'aurait pas procédé autrement. Mes compagnons s'intéressaient aux cris poussés par Volkos tandis que je surveillais alentour, guettant la réapparition de cet oiseau de malheur. Je me sentais oppressé. Mon oreille droite me chatouillait. Oui, je savais bien que je n'en avais plus depuis longtemps, mais cela m'arrivait de temps à autre, et ce n'était pas bon signe du tout. Je crois que la première fois que cela m'était arrivé, c'était chez ceux qui m'avaient recueilli, plus mort que vif, après ma traversée du Maurat. Ils m'avaient soigné. Un soir que mon oreille droite, alors disparue, me démangeait, j'avais presque aussitôt perdu connaissance, assailli par derrière. A mon réveil, ma famille d'accueil avait été découpée en morceau au sens propre du terme. J'étais couvert de leur sang, mais j'avais été épargné. Depuis je me méfiais de ce chatouillement... Et j'avais raison.
Alors que mes compagnons, sauf Frin (ou pouvait bien être cette peste ?) et Volkos, se penchaient à bâbord pour tenter de remonter notre jeune guerrier sot, j'aperçus une silhouette suspecte à tribord, cachée derrière un mat court autour duquel des marchandises étaient amarrées. Cette silhouette, revêtue d'un manteau mauve familier, entamait avec frénésie le cordage qui reliait notre bateau à la saucisse géante qui le maintenait en l'air. Je m'approchai de lui subrepticement. Il ne m'avait pas vu. Peut-être pensait-il que son ouvrage passerait inaperçu ? Alors que je me précipitais sur lui, j'entendis un cri poussé par une petite voix hystérique, celle du pilote :
- Arrêtez-le ! Arrêtez-le !
J'étais sur mon adversaire, mais glissais d'une manière qui m'échappa et tombait à la renverse sur le dos, tout en me cognant la tête. Je dus rester un moment inconscient avant de me rendre compte qu'un poids imposant me coupait la respiration. A cheval sur moi, Bjorg me maintenait au sol, ses mains puissantes rivée sur mes poignets me forçant à lâcher mes dagues.
- Bon sang Olfonz ! rugit-il. Tu faisais quoi là ?
- Je... Je... Je ten... tentais d'arrêt... arrêter le sab... le saboteur, répondis-je sous le coup d'une émotion que je ne maîtrisais plus.
Le visage de Bjorg passa de colère à surprise. Les autres s'étaient rassemblés autour de nous, un air impénétrable ou incrédule sur leurs traits. C'était bien ma veine ! Personne n'avait vu l'homme en mauve.
La manœuvre d'accostage était terminée. Le saboteur pourrait s'échapper. De là où j'étais, à peu prêt à l'endroit où s'était tenu l'homme, je pouvais jeter un oeil à ce cordage épai sérieusement entamé. Mais nul ne semblait s'en inquiéter, tous les visages étaient tournés vers moi.
- Il faut le ret... ret... retrouver, insistai-je sans succès.
Ce que mon oreille pouvait me gratter, mais tout le monde semblait inconscient du danger. Pire, les basses préoccupations du pilote nous rattrapèrent au seuil de notre qui proquo. Sa voix rayée agressa autant nos oreilles que mon sens aigu de la propriété :
- Non seulement je ne vous fais pas de ristourne, mais vous allez devoir me rembourser les dégâts.
Maintenu fermement sur le pont, je soupirai de dépit. Un autre soupir de dépit se fit entendre, celui de Frin, mystérieusement réapparu, qui répondit au convoyeur :
- C'est bon, je vais vous payer !
L'affaire fut promptement menée tandis que d'un air des plus méfiants, Bjorg me relevait en me faisant signe de me taire.
- Il ne va pas très bien on dirait, chuchota Eloi à Meyja dans une tentative, que j’espérai ultime, d'aborder ma petite amie.
J'avais encore une oreille, et une bonne, pour entendre d'autres commentaires du même genre en provenance des autres. Je me demandais comment j'avais pu me cogner aussi fort sur le sol, et surtout pourquoi Bjorg m'avait maintenu de la sorte. Mon regard furetait tout autour de nous pour tenter de détecter un pan de cape mauve, sans succès. Au bas de la tour des Convoyeurs de Voldevaag, je m'apprêtai à demander des explications quand nous croisâmes un groupe d'hommes d'arme dont l'un d'eux se retourna aussitôt en criant et en montrant du doigt le plus petit d'entre nous :
- C'est lui !
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Lendraste de Loreval
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WoodBlade
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Posté le : 05/07/2004 23:11:05 Sujet du message :

Pendant que je descendais enfin par une corde de cette maudite embarcation, trempé comme une soupe, je me disais qu'il était grand temps de faire une pause dans cette aventure. C'est pas que j'ai pas le gout du risque, au contraire, mais quand je prends un risque, je préfère savoir avec qui et pourquoi.
A la vérité c'est surtout Olfonz qui m'inquiétait: il avait déjà l'air paumé avant de monter sur le rafiot des airs, mais la crise de délire sur la corde, c'en était trop.

En touchant enfin le sol boueux, je regardais du coin de l'œil cette saleté de Frin : il se croyait malin et discret à reluquer la bourse d'Olfonz. Il me fallait le convaincre qu'il avait plus à gagner avec que sans nous. J'allais prendre la parole quand je fus devancé par le cri d'un homme en arme :
‘C'est lui'
‘T'as raison mon gars' me dis-je, c'est lui qui va encore nous foutre dans le pétrin.
D'un coup d'œil je vis le danger : les gars faisaient partie de la garde d'élite d'Ardun. Avec leurs boucliers bleus frappés du cheval doré il n'y avait aucun doute. Frin prit un air franchement affolé lorsque les dix molosses aux longues épées et au casque lourd s'approchèrent.
‘C'est bien lui le sale voleur qui s'est enfui avec le joyau de Rithiel Latonen! Tout le monde le cherche à Ardun!'
‘Chopez-le les gars, mais sans lui faire de mal', dit leur capitaine, un énorme rouquin moustachu.
‘Euh, vous devez faire erreur messieurs'.
J'en revenais pas : c'est Eloi qui avait pris la parole. Il s'était avancé fièrement, mais le son de sa voix se volatilisa presque quand il dit :
‘Mon compagnon et moi sommes élèves à l'école de magie d'Artestad et nous venons au monastère pour parfaire notre savoir'
La dernière partie était presque inaudible : il est vrai que le visage du capitaine n'était plus qu'à deux pouces de celui du jeune sorcier.
Frin reprit alors de l'assurance : ‘Mon compagnon dit vrai : admirez donc, messeigneurs' : des lapins et des colombes jaillirent de leurs mains, sous le regard incrédule des soldats.
‘Je n'ai rien d'un chapardeur et n'ai jamais mis les pieds à Ardun, messeigneurs. D'ailleurs êtes-vous bien certains que votre voleur me ressemble ?'
Et là, j'avoue que les pouvoirs de la petite fouine me laissèrent sans voix. C'était bien lui, mais plus tout à fait : il avait pris un demi-pied de haut, ses cheveux étaient plus clairs, son nez plus gros et ses oreilles toutes rondes.
‘Bah, vous vous ressemblez tous les nabots. J'ai p‘tète bien fait erreur, circulez, allez, vite !'
‘Ouahahahah, Talenn ! tu supportes de moins en moins la bière noire de Nemeth, toi' s'exclama l'un des soldats. Le coup violent qu'il prit sur le crâne sembla décourager les autres de se moquer du dit Talenn.
Au départ des soldats je ne pus m'empêcher de sourire de la malice des deux illusionnistes. Volkos leur fit un clin d'oeil, se retenant d'éclater de rire. Meyja ne disait rien : elle regardait Olfonz, hagard, qui semblait lutter contre une douleur interne.

Le monastère de Voldevaag est situé au sommet d'une petite colline, entourée de masures délabrées, habitées par des mendiants et des va-nu-pieds (il me semble avoir vu un jeune prêtre et une belle sauvageonne forniquer à même le sol, bien que je ne puisse le jurer).
La montée de quelques centaines de pas vers l'entrée était des plus désagréables : sur ce chemin boueux, nous manquions de glisser parmi les détritus qui jonchaient le sol. Des gamins couraient en tous sens, tentant de fouiller nos poches, tandis que des vieilles s'accrochaient à nos bottes en suppliant pour l'aumône.
‘Laissez-moi négocier l'entrée dans le monastère une fois la-haut' dit Meyja
‘Ca marche, patron' je lui répondais, légèrement moqueur. Cette gamine avait du cran.
Volkos marchait en tête et repoussait les importuns. Les deux magiciens suivaient, riant encore de leur nouvelle complicité (un bon point me disais-je : l'aura de Frin se bonifiait un peu avec le temps). Je suivais Meyja de près et Olfonz fermait la marche.

Arrivé au sommet, Volkos se retourna et dit : ‘Si madame l'ambassadeur veut bien ... par tous les Dieux !!! ‘
Nous nous retournâmes, suivant son regard : Olfonz moitié courant, moitié roulant avait commencé à dévaler la pente et, couvert de boue, hurlait de façon incompréhensible : ‘Je vais t'égorger, sale saboteur ! ... Argh! cette oreille va me rendre fou !'
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Saelis
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Posté le : 06/07/2004 11:25:07 Sujet du message :

« C'est quoi c't'entourloupe encore? » Volkos bondissait déjà à la poursuite d’Olfonz.
« Volkos, Non ! Dis-je sur un ton mi autoritaire mi suppliant, Il doit régler cela tout seul
- C’est ça oui, et il va aller faire bien discrètement le guignol un peu partout dans ce bled, et avec la pierre de surcroît !
- Il reviendra, et avec la pierre.
- Et je suppose qu’on doit encore te croire sur parole ?
- Ne pas avoir la pierre avec nous n’est peut-être pas une mauvaise chose » marmona Bjorg, m’évitant d’avoir à répondre.
« Je pourrais peut-être le suivre discrètement, qu’en pensez vous ? » dit mielleusement Frinegard, lançant un regard brillant de cupidité dans la direction ou était parti Olfonz. C’en fut trop pour Volkos. Il attrapa le halfelin par le col et le souleva de manière à le regarder les yeux dans les yeux :
« Toi la mouche à merde, tu restes ici ou tu vas aller dire bonjour à ton ami Talenn, voire pire, compris ou je te montre ? »
C’était la première fois que je voyais Volkos s’énerver. Il faut dire que nous étions tous à cran depuis notre départ d’Artesdad et nous avions trop peu dormi. Eloi calma le jeu : « Allons allons ! Repose le et laissons Olfonz. C’est sur un autre corbeau qu’il nous faut enquêter, nous retrouveront celui là bien assez tôt » Il me jeta un regard inquiet.

Les allées de la bibliothèques défilaient devant nous, immenses. Chaque étagère était de la hauteur d’une maison, divisée en étages accessibles par des systèmes complexes d’échelles et de balcons. Ce silence, cette sérénité, cette odeur de suif et de vieux papiers, tout contribuait à me rappeler Saar Atta. Nous avions obtenu relativement facilement le droit d’effectuer nos recherches. Hamaz Ortan, le maître des écrits de ce monastère s’était montré accueillant mais énigmatique :
« Oui, je pense avoir déjà entendu parler de cette marque du corbeau. Difficile de vous en dire plus. Je n’ai malheureusement pas d’ouvrages précis à vous recommander sur le sujet, jusque quelques orientations »

Suivant les conseils d’Hamaz, nous nous étions séparés. Bjorg s’occupait de la section consacrée à l’héraldique, Frinegard et Eloi interrogeaient l’histoire locale quant à moi je partageais avec le grand Volkos le parcours des ouvrages consacrés à l’occulte et aux légendes. J’aurais dû invoquer Vénia pour nous venir en aide dans cette recherche fastidieuse mais j’en étais incapable. Toute mon attention était portée sur Olfonz. Ne m’étais-je pas trompée ? Allait-il réellement revenir avec la pierre ? Peut-être avais-je été trop présomptueuse. Anticiper sans erreur les caprices de Vénia est une tâche tellement délicate pour une prêtresse aussi jeune. Mais ils ne devaient pas deviner mes doutes.

Les titres défilaient devant mes yeux. Je tombai avec amusement sur un des rares exemplaires de Nahik, un livre sensé porter malheur que j’avais étudié à Saar Atta. Le carnet de voyage de Julius de Samarie ! Quelle rareté ! Cette collection était d’une richesse sans égal ! Volkos semblait s’ennuyer. Il n’était pas très efficace ce balourd. Pas vraiment sa tasse de thé. Je l’aimais bien au fond, cette brute au grand coeur. Il s’était montré le plus respectueux envers moi depuis le début et la raison de son voyage m’avait touchée. J’étais encore assez fleur bleue à l’époque.

Bjorg déboula dans un bruit de tempête « Foutredieu ! Si je l’attrape cette petite fouine, je fais trois tours avec sa tête ! Il va encore nous coller dans le pétrin» Eloi avait vu partir Frinegard discrètement vers les étages et avait tout de suite prévenu Bjorg. Après quelques hésitations, nous décidâmes de ne pas partir à la recherche du halfelin. Notre priorité était cette marque du corbeau. « Qu’il aille rôtir sur la broche de Behzock ! » résuma Bjorg.

Au bout de deux heures de recherches infructueuses, alors que nous étions toujours sans nouvelles d’Olfonz et de Frinegard, un jeune novice encapuchonné s’approcha discrètement de Volkos et moi. Il nous parla à voix basse depuis l’autre côté d’une étagère : « Ce que je vais vous dire m’est interdit par le règlement de ce monastère mais je pense que vous serez intéressés d’apprendre que vous n’êtes pas les seuls à vous intéresser à ce corbeau… »
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Gottorp
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Posté le : 06/07/2004 12:52:42 Sujet du message :

Oui, vois-tu, nous n’avions pas été très discrets. D’autant plus que, je l’avoue sans honte, à cette époque, j’avais beaucoup de mal à lire. Et l’intervention de ce moine allait être le vrai début de notre périple.

« Un groupe d’hommes est arrivé il y a deux jours », nous dit-il après nous avoir entraîné dans une alcôve sombre. « Ils cherchent tout comme vous des informations sur un corbeau bicéphale. Ils sont dans le réfectoire des laïcs et ont offert une très forte somme à notre père Abbé pour qu’il lance les recherches à leur place. Il m’est avis que vous êtes dans une situation délicate. »
« Pourquoi nous aidez vous alors », lui demanda Meyja.
« Ce n’est pas votre problème » répondit-il. Ses yeux étaient embués de larmes, reflétant à la fois la haine et la douleur, la peur et la honte. « Je dois pouvoir réussir à intercepter ce livre avant qu’ils ne puissent le lire. Je dois même pouvoir vous cacher durant la journée si vous le souhaitez. Mais en échange, aidez moi à fuir d’ici. Pour aller n’importe où mais loin. »

Alors que nous regroupions nos compagnons, nos deux disparus surgirent de l’ombre. « Y’a un hic », dit Olfonz. « Il semble que nous ne soyons pas seul ici à chercher ce livre. On est tombé sur … » « … sur un groupe de mec qui payent l’abbé pour avoir le livre et nous ralentir. Avant de nous tomber sur le râble. On est au courant, merci » dis-je en lui coupant la parole. Olfonz n’a pas semblé apprécier. Frin recula d’un pas.
Meyja intervient en expliquant l’affaire du moine. Nous retrouvâmes alors Lourip dans une cellule. Elle était petite, sombre, spartiate et propre. A six dans ces quelques mètres carrés, nous attendions. Lourip partie à la recherche du livre.

Ce fut Bjorg qui rompit le silence le premier : « Qu’il se dépêche, j’aime pas être enfermé comme cela, ça sent le piège. Quelle idée vous avez eut d’accepter son offre ! »
« N’ai crainte » lui répondit Eloi, « si jamais des gens s’approchent dans le couloir, le sortilège que j’y ai placé nous avertira. Et je me fais fort de trouer la paroi pour que l’on puisse s’enfuir ! »
« Bon, dites », demandais-je alors. « On est parti pour le Maurat à la recherche de je ne sais quoi pour un type mort et cela nous apporte quoi ? une meute de mecs masqués, un monstre à deux têtes et sûrement encore pire. Quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe réellement et ce que cela nous apporte ? »

A ce moment, la porte s’ouvrit et Lourip entra. Il avait troqué sa robe contre des vêtements de voyage, portait un gros sac et un trousseau de clef pendait à sa taille. Mais il tenait surtout sur sa poitrine un gros livre ! » Suivez moi vite ! Il faut filer ! Il y a des hommes en arme partout et ils semblent vous chercher ! »

Frin fut le premier sur ses pieds : « Tant mieux, y’a rien ici ! ». Mes explications attendraient. Nous suivîmes tous Lourip vers ce qui semblait être une petite chapelle. J’entendis Olfonz faire une remarque à Eloi sur l’efficacité de son sort d’alarme. Se glissant derrière le maître autel, Lourip prit une clef qu’il introduisit dans une statue ! Et une partie du mur glissa silencieusement. « Par ici, c’est une ancienne sortie. Mais … passez devant, elle n’est plus utilisée depuis des années et on entend parfois de drôles de bruit ! »

Nous nous engageâmes dans le tunnel. Meyja prononça quelques mots et de la lumière apparue.
« T’aurais pas un plan de ce trou ?» demanda Bjorg
« Non, désolé … » répondit penaud Lourip.
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mamantins
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Posté le : 07/07/2004 06:03:54 Sujet du message :

L'ordre de marche avait été donné par Bjorg.
Il semblait avoir de l'expérience dans le domaine.
l'escalier était étroit, et une odeur de croupi et de renfermé se dégageait par l'ouverture.

"Je passe devant. Eloi! Tu viens derrière moi et tu fais de la lumière."
"Haalde Mirath" La pierre que je tenais dans la main commenca à dégager une lumière dorée.
"On en a pour 2 heures." dis-je.
"Derriere. Olfonz, Meyja, Lourip, Volkos et enfin la fouine."
"Mais..." protesta Frin.
"Il n'y a pas de mais! Tu es queue pour une bonne raison." rétorqua Bjorg "Tu es chargé d'éffacer nos traces avec tes illusions."
Je vis un sourire mauvais se dessiner sur le visage de Bjorg. Je suppose que la raison était autre.

Dans une bruit sourd, la porte de l'escalier se ferma sur notre petite équipée.
Eclairé par Meyja et moi, on s'enfonca dans les ténèbres.

Apres quelques minutes d'une descente difficile, durant laquelle Frin ne cessait de pester contre cet idiot de pretre, nous arrivâmes dans un couloir. Le sol était spongieux et dégageait une horrible odeur. J'ai bien cru avoir besoin de la formule de "stabilisation d'estomac de Rakyn" quand Olfonz pris la parole.
"Meyja, éclaire le sol." La jeune femme s'éxécuta.

Mon visage du vraiment avoir une tête affreuse vu les sourires qui s'affichèrent sur les visages des anciens.
Nous marchions sur une terre imbibée de sang...

Bjorg dégaina son épée. Il fut immité par toutes les personnes de la troupe sachant se servir d'un arme.
Nous marchâmes, lentement, à l'écoute du moindre bruit. Le couloir s'élargissait, on pouvait maintenant s'y tenir a deux de fronts.
Olfonz vint se placer au coté de Bjorg et Volkos à coté de Frin. Pas un mot avait été échangé. Un silence de mort règnait, juste entrecoupé par le bruit étouffé de nos pas. Nous marchames ainsi une dizaine de minutes avant de trouver notre premier cadavre.
Il portait une robe de moine, et vu l'état du bonhomme, j'aurais parier 10 couronnes qu'il était la depuis plus de 15 ans. Il était recroquevillé comme un feotus. Il serrait entre ses bras un livre épais, à la couverture de cuir vierge.
Frin ramassa le livre et me le tendis.
Je le pris, les yeux ronds de surprise. Ainsi, il est capable de donner quelques choses. Je vis alors la taille de son sac.... La bibliothèque devait être un peut plus légère.

"Eloi!" chutotta Olfonz. Je ne pus retenir un cri de surprise. "Donne-moi la pierre."
Je lui tendis le caillou brillant.
"Frin. Viens ici." continua Olfonz. Le semi-homme s'éxecuta, trop heureux, sans doute, de se rapprocher de la bourse.
"Prends ca et passe devant."Dit Olfonz en lui mettant dans les mains la source de lumière.
Frin écarquilla les yeux.
"Hein?!"
"Le type est mort à cause de ca." dit Bjorg en montrant une petite tige de métal.
"le chemin est piegé, donc tu passes devant."

Le petit groupe continua a avancer.
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Cassin
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Posté le : 07/07/2004 19:25:31 Sujet du message :

Devant, devant… il est a de bonnes lui. Comment est-ce qu’il veut que je cherche s’il n’y avait pas de trace de pièges avec une source lumineuse aussi ridicule ?! On y voyait pas à 3 pas…

Ce fut donc avec réticence (et fortement poussé par Bjorg qui me suivait de près) que je repris le couloir. Au bout de presque une heure à marcher au ralentit, je remarquais que les parois rocheuses et le sol en terre battue ensanglantée faisaient peu à peu place à un beau couloir rectiligne de pierres taillées. Il y avait des torchères sur les murs, mais les torches en avaient malheureusement disparues.

Après quelques minutes, une odeur infâme monta à mes narines. Puis à celle des autres, comme me le montra les exclamations dégoûtées d’Eloi, de Volkos et de Meyja. Lourip, lui, eut plus de peine à garder son estomac plein. La source de l’odeur se dévoila à nous après un tournant du couloir : il y avait là un empilement de cadavres, et le sang qui s’était jusqu’ici quasiment tari formait un large flaque tout autour. Ces corps-ci étaient « frais ». Pas plus de quelques heures, à n’en pas douter. En nous approchant, nous découvrîmes alors qu’ils étaient vêtus de mauve et portaient des masques rouges. Encore eux. Lourip ne nous avait pas donné de description précise des hommes qui étaient à notre recherche, nous étions fixés.

Sautant lestement sur le tas de corps, j’étudiais attentivement les environs. Il y avait des traces de pierre brûlée un peu en avant de l’amas de cadavres, mais ce n’était pas ce qui les avait tués, les corps étaient intacts. Je vis qu’un des hommes portait une fronde. Fouillant sa ceinture, je dégageais le sac de billes qui allaient avec et en lançait quelques-unes dans le couloir en avant. Dans la seconde, une forêt de pointes acérées surgirent du sol et du plafond et transpercèrent une nouvelle fois les corps de part en part. Je n’eus que le temps de sauter et je me retrouvais allongé au pied des autres, à plat ventre dans le sang. Génial.
- Finalement c’était une très mauvaise idée que de vous avoir amené ici, gémit Lourip. Nous pouvons toujours faire demi-tour, peut-être que nous pourrons trouver une autre sortie !
- Non, répondit Olfonz, son unique oreille collée contre le sol. Nous sommes suivis.
- Génial, fit Volkos. Nous avons d’un côté un couloir remplit de pièges mortels, et de l’autre un groupe d’assassins tout aussi mortels. Nous v’là bien !
- On a pas le choix, il faut continuer à avancer, déclara Bjorg d’un ton qui n’admettais pas de discutions. La Fouine, tu continues à passer devant. Les autres… restez un peu en arrière, on ne sait jamais.
- Attendez, rajouta Eloi. J’ai une idée qui pourra certainement ralentir nos poursuivants.
Avec précautions, nous commencèrent alors à déplacer les corps des morts pour les poser APRES la dalle qui déclenchait le piège. Avec un peu de chance, ceux qui nous suivaient subiraient le même sort que leurs congénères.

Reprenant notre progression, nous finîmes par arriver dans une salle plus vaste, visiblement carrée. Des sarcophages étaient appuyés le long de deux des murs, il y en avait au moins une dizaine. Le sol entier de la pièce était couverts d’ossements, voire de squelettes encore entiers, signes que nous n’étions pas les premiers à arriver jusqu’ici. De là à savoir si quelqu’un avait déjà été plus loin… J’observais toujours attentivement d’éventuels pièges quand je vis un filin tendu à une dizaine de centimètres du sol. J’avertis mes compagnons de sa présence et l’enjambais lentement. Mais alors que je posais mon pied de l’autre côté, la dalle s’enfonça de quelques centimètres en crissant. Oups…
D’autres crissements se firent alors entendre. Des crissements de pierre contre pierre. Les sarcophages s’ouvraient. Tous. Bientôt nous fûmes entourés de zombis gémissants, de squelettes cliquetants et autres choses sans formes dégoulinantes. Il ne nous fallut que quelques secondes pour nous mettre dos à dos en position de défense, le pauvre Lourip incapable de nous aider au milieu. La meute morte se rapprochait, lentement. Mes illusions me seraient inutiles contre ces êtres sans cervelle. Soudain prit d’une bouffée d’héroïsme, je fis quelques gestes en entonnant une formule magique :
- Vanyha Fortidyamha !
Deux projectiles d’énergie magique pure s’envolèrent de mes mains et frappèrent le zombi en face de moi, qui s’effondra dans un dernier murmure. Meyja, à côté de moi, me regarda d’un air surpris.
- J’ai profité de notre séjour à la bibliothèque pour apprendre quelques nouveaux sorts, bredouillais-je en aveu.

Ce fut alors qu’au fond de la salle une sombre créature dissimulée dans un coin d’ombre fit apparaître entre ses mains une sphère d’énergie jaunâtre et la lança au centre de notre groupe. Etonnés de n’avoir rien sentis, nous ne tardâmes pas à nous apercevoir que nous étions désormais muets… Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, ce fut ce moment précis que choisit la lumière magique d’Eloi pour se dissiper…
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lendraste
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Posté le : 07/07/2004 21:16:28 Sujet du message :

Silencieux ! Ils étaient silencieux ! Nous l'étions aussi et le noir venait de se faire ! Je crois que j'oubliais un instant mon étonnement de n'avoir pas senti mon oreille droite me gratter, pour penser très fort à bouger. Un souffle d'air passa au-dessus de ma tête tandis que j'amorçais une roulade dans la direction où j'avais vu une ouverture pour la dernière fois. Il ne me fallait qu'un court répit, et je l'obtins. Privé de son, nous pouvions encore nous défendre, mais privé à la fois de lumière c'était impossible. Vite !

Je cherchais dans l'une de mes sacoches, priant que la fouine ne m'en ait pas privé, ma poudre d'illuminas. Au diable l'avarice, j'attrapais le sachet par le fond tout en l'ouvrant et d'un geste ample j'en arrosai de son contenu la direction dont je venais. La poudre se répandit dans l'air, éclairant d'une lumière blafarde, mais suffisante, la scène. Bjorg était aux prises avec deux mains décharnées serrées sur son cou, un squelette arrivant sur sa droite. Ma moitié profita de la lumière revenue pour échapper à deux cimeterres rouillés tenus par un squelette. Volkos avait tenu à distance ses assaillants par de grands mouvements d'épée devant lui, il prenait maintenant l'offensive sur un tas de gélatine vaguement humanoïde. Je ne voyais pas Frin... Quelle surprise ! Eloi se débattait pour faire lâcher prise au zombi qui le tenait par le bras, tout en le maintenant entre lui et le squelette situé derrière qui tentait également de l'agripper. Lourip avait déjà payé son inconscience de sa vie, un avant-bras squelettique émanant de sa poitrine tenant le siège battant de celle-ci, la réduisant en pulpe. Notre cercle n'existait plus et des dos étaient exposés. Mais j'avais fort à faire !

J'esquivai un coup de cimeterre qui vint se briser sur le sol à l'endroit où je me trouvais. Je collais mon pied droit et mon poids sur l'avant-bras baissé et prenait le risque de me déséquilibrer en envoyant le plus violemment possible mon genou gauche dans la tête qui se trouvait à sa portée. Elle ne fit aucun bruit en roulant sur le sol. Je ne m'attendais pas à la désolidariser aussi aisément. Un de moins ! Je n'allais pas m'en plaindre sauf que je roulais en même temps que la tête, emporté par mon geste et mon équilibre précaire. L'un des zombis, que j'avais esquivé, en roulant venait à moi sur la gauche alors que je me relevais. Dans mon champ de vision, j'aperçus le flanc exposé de Bjorg et hurlai... Sans succès ! Mon mutisme forcé n'empêcha pas mon bras de dégainer mon épée courte qui rencontra un poignet, un cou et un bras. C'est à ce moment que tout commença à aller mal...

A l'extrême droite de mon angle de vue, là où se terrait le magicien ou la chose qui nous avait rendus sourds ou muets, je vis des lumières et j'eus à peine le temps de voir une flottille d'algues lumineuses, je ne sais pas comment appeler cela, se précipiter vers moi, se coller à moi sur tout mon corps, et me pétrifier sur place engourdissant mes sensations nerveuses dans un froid si glacé qu'il brûlait la moindre parcelle de mon être. Statufié stupidement à la fin de mon attaque, dans une pose qui ne me plaisait pas du tout, j'assistai impuissant à la mise à mort de mes compagnons. Quoique ce ne fut pas si rapide, ni si définitif.

Suite à l'attaque magique dont je venais d'être la victime, je vis une courte silhouette se ruer sur cet assaillant mystérieux. De son côté, Bjorg avait, semble-t-il, volontairement exposé son flanc à l'attaque du squelette. Lorsque ce dernier frappa, le prêtre pivota avec son étrangleur qui reçut les coups à sa place. Mon aimée, esquivait tant bien que mal les véloces lames de son adversaire, se rapprochant dangereusement du corps de Lourip maintenu debout par le bras qui le traversait, appartenant à un zombi, et qui visait maintenant ma prêtresse. Mais profitant de la déconvenue, si j'ose dire, de son étrangleur de zombi, Bjorg avait roulé en arrière, posant un pied sur l'abdomen de son mort-vivant, le projetant précisément où se trouvait l'assassin du bibliothécaire. Comme à un jeu de domino, le dit assassin s'effondra sur Eloi, qui perdit l'équilibre et se jeta sur son zombi qui bascula sur le squelette qui lui collait au train. Le mage échappa à la poigne d'acier du zombi à ce moment et roula sur le côté renversant par inadvertance le guerrier décharné qui titillait le flanc droit de Volkos. La purée de gélatine en face du guerrier avait au moins diminué de moitié mais bougeait encore.

Bjorg se releva, attrapant son terrible bâton pour faire face au squelette, et Meyja se colla dans son dos se protégeant et le protégeant par la même occasion avec un bouclier abandonné par l'un des morts-vivants. Eloi s'éloignait à quatre pattes sur la gauche. Le squelette qu'il avait renversé avait pris un coup d'épée sur la tête et s'était immobilisé. En revanche, les trois dominos se relevaient pour changer à nouveau la donne. Frin et son silencieux adversaire étaient totalement hors de ma vue.

C'est alors que je recomptais mentalement les monstres. Il en manquait un ! Du moins il ne manqua pas longtemps à l'appel. Incapable de bouger, je contemplai la croissance d'un tas de gélatine posté juste devant moi. Mon détecteur de danger me grattait maintenant et j'étais content... Au moins j'allais mourir en pleine possession de mes moyens.
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WoodBlade
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Posté le : 08/07/2004 10:30:11 Sujet du message :

‘Par le Très Juste quelle horreur !' Etre au milieu de cette charogne et ne pouvoir invoquer Son Nom pour les réduire en cendres. Ne pas pouvoir communiquer ...
Réfléchir, vite. Agir. Se ruer sur ce lanceur de sort dans le coin, et ... aller sauver Olfonz ! Il ne peut plus bouger !.
Ma colère et ma frustration décuplaient ma force, mais me faisaient perdre ma lucidité. Je ne voyais pas les autres combattre, mais sentis Meyja s'accrocher à moi désespérément pour protéger ses arrières. Désolé, petite, je dois aider Olfonz.

Déployant toute mon énergie je frappais désespérément les deux zombis et le squelette qui m'entouraient. Le squelette s'écroula sans bruit sur le sol, mais les zombis se relevèrent. Mon attaque avait tout juste suffi : je m'approchai du tas de gélatine menaçant Olfonz et le fendis presque en deux. Reprenant mon souffle, je me retournai : je vis mes compagnons ployer sous le nombre, et les deux zombis me porter simultanément une attaque. Je m'apprêtais à la parer, quand le miracle se produisit, matérialisé par la voix de Frin, résonnant dans cet insupportable silence :
‘Ahahahahahahhhhhhhhhhhhhhhhh' :il arrivait en hurlant de tous ses poumons, par le couloir à l'entrée duquel je me situais.
Tout devint clair : cette petite fouine que j'avais maudit pour avoir disparu au début du combat, avait fait preuve d'une sainte intelligence. Il avait quitté la sphère de silence et avait cherché le salut dans ses nouvelles lectures.

‘Al mellitt ternomirah, al mellit terebor !'
Le choc fut soudain : les bruits de la bataille explosèrent à nos oreilles avec un force infinie. Je regardais Meyja, et elle sourit presque : sortant notre symbole divin, nous appelâmes Son Nom. Notre incantation fur magnifiée par la peur, la colère et la frustration qui nous habitaient.
Tous les zombis et les squelettes s'écroulèrent sur le coup.
‘Volkos, vite !' hurlais-je, mais il m'avait devancé et se précipitait déjà vers les sorcier embusqué. Il n'arriva pas assez tôt pour éviter le rayon de feu, qui lui transperça le bras gauche. Mais, mû par une rage sans nom, il poursuivit sa course et passa proprement son épée au travers du corps de son ennemi, hurlant comme un diable.
Pendant ce temps Eloi et Frin avaient achevé par l'épée et le feu les deux masses de gélatine, qui ondulaient de leurs derniers soubresauts.

Reprenant mon souffle, je jetais un regard circulaire : nous ressemblions nous-mêmes à une bande de zombies, haletant, avec nos blessures béantes et nos guenilles déchirées.
Faisant alors appel à nos derniers pouvoirs, nous récoltâmes un léger regain d'énergie.
Lorsque je libérai Olfonz du sort qui le maintenait, il éclata, comme nous tous auparavant, en un long cri libérateur.
‘T'as raison, mon grand, libère-toi les bronches', lui dis-je en lui collant une accolade comme j'en ai le secret.
Il avança en titubant, grimaçant une espèce de sourire, attrapa Frin dans ses bras, et le serra tellement que j'ai cru qu'il allait le casser en deux. Il le reposa, et dût s'asseoir à terre, terrassé par les émotions qui l'envahissaient.

‘Partons vite, ils nous poursuivent peut-être encore', dis-je en ramassant le livre de cuir près du corps gisant du pauvre Lourip.
‘Malgré les protestations de Frin et d'Eloi, désireux de fouiller les alentours, nous pressâmes le pas.
Le couloir s'enfonçait en pente douce et un vent glacial soufflait à notre encontre. Le sol se couvrit petit à petit d'un mince filet de ruissellement qui rendait la fuite plus pénible encore. Fatigués, frigorifiés et apeurés, glissant et titubant, nous marchâmes plus d'une heure pour atteindre le bout de ce tunnel.
Par chance, nous n'avions croisé que des rats et des chauves-souris depuis le terrible combat.

Le tunnel débouchait dans une enchevêtrement de buissons, à flanc de colline, à environ cinq mille pas du monastère. Trop épuisés pour continuer, nous prîmes la décision d'établir un camp au dessus de l'arrivée du tunnel . Nous pourrions ainsi surprendre nos éventuels poursuivants.
Tandis que tous se restauraient ou tentaient de trouver le sommeil, je me plongeais fiévreusement dans la lecture, à la découverte des secrets de la Pierre rouge.

‘Elle a été façonnée par Thio, l'Ange Démon, aujourd'hui assoupi dans son antre inconnue'
Je connais la légende de cette divinité à double face, chargée dans les temps anciens de maintenir l'équilibre des forces entre les dieux de l'ancien Panthéon ... Thio, le Sauveur Destructeur ... Thio le bicéphale ...
‘Cette pierre donne un grand pouvoir à celui qui la porte, mais ce pouvoir s'accompagne de grandes souffrances'
‘Le porteur voit sa sensibilité au monde décuplée, et en acquiert ainsi un don d'intuition, voire de divination'
‘Il sent le danger avant les autres, mais malheureusement, croit ainsi voir le danger partout, se sentant agressé par tous'
‘Il entend tout, voit tout, sent tout ... ce qui existe, comme ce que son esprit fabrique'
‘Les anciennes peurs, comme les anciennes blessures se réveillent au contact de la pierre'
‘Le porteur trouvera son chemin dans les labyrinthes, à moins de se perdre ans les méandres de son esprit. Il saura les directions à prendre, mais ne saura plus d'où il vient'

‘Olfonz, il faut que ...' je m'arrêtai : il semblait dormir d'un sommeil agité.
Serrant le livre contre ma poitrine, je m'allongeais pour réfléchir à la situation ... le riche marchand ... les hommes en mauve ... les peurs de Lourip ...
Je sombrais bientôt dans le sommeil.

‘Debout ! tous ! ils arrivent !'
Olfonz, l'épée à la main, semblait plus affolé que jamais ...
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Saelis
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Posté le : 08/07/2004 14:18:23 Sujet du message :

Mes compagnons se tournèrent vers moi, attendant une confirmation. « Non il ne délire pas, ils arrivent vraiment ! »
Olfonz était déjà parti, épée au clair, vociférant. Volkos réussit à l’immobiliser de justesse.
« Pas comme ça, on n’a aucune chance ! »
Il ne voulait rien entendre. Il fallu que Volkos l’empoigne et le secoue énergiquement pour le ramener à la raison.

Le plan que nous avions mis en place s’avéra parfait. Volkos nous demanda d’avancer le long d’un sentier en laissant de lourdes traces de pas pendant qu’il restait dissimulé sous un rocher en contrebas. Nous vîmes arriver nos adversaires, une vingtaine d’ombres du masque. Quand ils furent à hauteur de Volkos, Frinegard projeta une image illusoire de notre groupe quelques centaines de mètres plus loin et tout s’enchaîna très vite. Les Ombres se ruèrent sur l’illusion, Volkos attrapa la cheville de celui qui fermait la marche, le fit tomber entre les rochers et l’assomma aussitôt. Certains de ses camarades furent alertés par ses cris de surprise mais Eloi fit se lever à ce moment une énorme bourrasque qui projeta sur eux un nuage de poussière et protégea la fuite de Volkos. Le temps que les Ombres du masque se réorganisent nous nous étions déjà enfoncés dans la vallée, hors de leur vue.

« Olfonz, écoute-nous non d’une pipe… » Nous avancions en file indienne vers la valée. De l’autre côté se dressaient les derniers sommets escarpés qui nous séparaient du Maurat mais pour l’instant il n’était pas question de plan de route. Juste retrouver la civilisation et convaincre en douceur Olfonz de nous rendre cette pierre. C’était pour le moment Bjorg qui s’y collait : « J’t’ai dis c’qui était écrit dans le bouquin. Crois-moi, vaudrait mieux qu’t'attrapes une chaude-pisse que de garder cette cochonnerie ! »
Olfonz était toujours aussi nerveux, sur la défensive. Il empêchait tout autre membre du groupe de s’approcher de moi et de la pierre. Je pense qu’à ce moment il aurait tué les quatre autres s’il en avait eu le pouvoir.

Au moment où Bjorg allait abandonner et me passer le relais, Volkos s’arrêta net avec un grand sourire « Je crois qu’on va enfin pouvoir boire une bonne pinte ! »
Son plaisir fut de courte durée. La petite ville qui avait surgi de cette forêt de ronces était déserte. Comme abandonnée par ses habitant au beau milieu de la journée, sans raison apparente et sans trace de fuite. Aucun corps non plus. L’épaisse couche de poussière indiquait vaguement depuis combien de temps les habitants avaient disparu.
Le village était construit au pied de la montagne, orienté au sud, selon une architecture que je n’avais encore jamais rencontrée jusqu’ici. Plus haut, la montagne semblait criblée de multiples ouvertures, des habitations troglodytes sans doute.

La nervosité d’Olfonz augmenta jusqu’à un degré encore jamais atteint. Il s’adossa à un mur, épée dans la main droite, se mordant jusqu’au sang l’autre main, menaçant quiconque tenterait de l’approcher, agitant son arme. Il hurlait dans son délire, son visage changeait sans cesse d’expressions, comme celui d’un acteur jouant plusieurs rôles d’une même pièce « Des visages… tous ces visages … cette douleur … cette peur ... nous crions … nous le supplions … mais il ne nous écoute pas … non … il nous absorbe … au secours … il est encore là … le … le mille-visages … noooooooonnn »
Olfonz s’effondra et se recroquevilla comme un nouveau né. Volkos en profita pour lui prendre la pierre et Bjorg lui demanda de la garder. « Qui sait l’effet qu’elle produirait entre les mains d’un incanteur ? ». Même Frinegard approuva ce choix.

Volkos décréta qu’il en avait marre de porter le prisonnier. Il fallait l’interroger tout de suite et s’en débarrasser. On n’allait pas le laisser nous ralentir plus longtemps. C’était déjà assez difficile avec Olfonz. Une ancienne taverne fit l’affaire.
« Tu vas parler oui, saloperie ! » La méthode de Volkos semblait vouée à l’échec. Le mercenaire le regardait avec un sourire narquois bien que nouvellement édenté. « Les fombres du mafque ne parlent pas ! ».
Frinegard eut plus de réussite. Il faut dire que la simple vue de ses instruments m’aurait fait renier Vénia. Je ne sais pas où il avait dégotté cette collection de pinces crochues et de lames râpeuses, ni comment l’idée de se focaliser sur cette partie précise de l’anatomie de notre hôte lui était venue. Le fait est que ce dernier fut rapidement plus loquace.
« On nous a au départ contacté pour un contrat, récupérer la pierre et buter tout ce qui gravite autour. Mais on travaille maintenant pour notre compte. On a enquêté et on sait comment l’utiliser alors que vous ne faites que la subir. Quel gâchis ! C’est tout ce que je sais, j’vous promet ! Je sais rien sur notre commanditaire initial ! Pitié, enlevez ce truc de mon … »
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Gottorp
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Posté le : 08/07/2004 19:42:30 Sujet du message :

Et vous avez laissé torturer un homme mon oncle ?

Non … enfin, pas jusqu'au bout ! J’ai soulevé le type hors d’atteinte de Frin et je lui ai demandé de nous expliquer comment cette pierre fonctionnait …

« J’en sais rien … je sais que notre patron le sais, c’est tout ! »
« Mais qui êtes-vous à la fin, je veux comprendre dans quel merdier on est ! » ai-je demandé.
« Je sais pas ! On a été engagé y’a trois mois, on connaît pas le nom du chef ! On le surnomme la Panthère. C’est lui qui a eu l’idée des masques ! Il connaît plein de monde ! Il avait même un plan de sous terrains du monastère ! On m’a payé … »

J’étais étonné qu’il parle tant … moins quand en me retournant je vis la lueur sadique des yeux de Frin.

« Bon, donc on sais toujours pas ce que ton foutu contact voulait faire dans le Maurat avec cette foutue pierre, pourquoi ce foutu corbeaux nous est tombé dessus et pourquoi une « Panthère » nous court après ! Merci Olfonz de ton aide ! Si quelqu’un comprend quelque chose, merci de me prévenir. En attendant, je vais chercher quelque chose à manger ! » Ai-je dit avant de partir dans le village abandonné.

« Il a pas tord ! » remarqua Eloi
« Et lui, on en fait quoi, on peut pas le tuer quand même » bougonna Bjorg.
« A bon ? Et pourquoi pas, il nous aurait tué, lui ! » S’indigna Frin.
« Parce que ! Cela ne se fait pas ! A présent, si tu le touches encore, tu vas avoir à faire à moi ! » Jamais Meyja n’avait parue aussi résolue. Personne ne broncha. Elle paraissait avoir prit une aura, une puissance, que nul ne lui connaissait alors.

Puis elle se retira dans un coin, disant que Venia devrait pouvoir nous venir en aide. Elle se mit en transe, ses lèvres remuant sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche.

Bjorg se mit à attacher solidement notre prisonnier, Frin à se replonger dans ses livres, tandis qu’Olfonz semblait reprendre des couleurs. Eloi, lui, regardait d’un œil inquiet les trous dans la paroi qui nous surplombait.

Apres une heure, je reviens bredouille. Même pas de rats dans ce village ! Mais qu’est ce que c’était que ce bled ! Meyja, elle, semblait sortir de sa transe.

« Venia m’a parlé ! Il faut aller dans le Maurat voir … »
Elle fut coupée dans son « conseil » par un Eloi affolé … « on a de la visite … »

En effet, venant des trous dans le rocher, une foule d’hommes et de femmes, à demi nus, arrivait sur nous. Ils portaient des armes, des sortes d’oriflammes et des tambours de guerre.

« Ils sont peut-être amicaux ? » espérât Frin.
« Oui, ou peut être pas » dis-je en prenant mon épée. Mon bras me faisait mal, mais je n’avais pas le temps de penser à la douleur.
Eloi recula, préparant un sort
Meyja semblait étonnée que sa vision, dont nous ne savions pas encore tout, n’ait pas parlée de ces gens
Bjord se tenait à mes cotés, l’arme à la main
Olfonz, lui, était encore adossé à un rocher, n’ayant vraisemblablement pas recouvré ses forces …
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mamantins
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Posté le : 09/07/2004 10:00:29 Sujet du message :

Pendant que chacun se remettait de ses émotions dans la maison, je m'installais sur le pas de la porte, l'énorme livre du moine sur les genoux.
Un journal intime... mais pourquoi avoir écrit ca pour en faire un livre si imposant... bizarre.
Je regardais autour de moi perdu dans mes pensées, quand je les vis.

Je rentrais rapidement: "On a de la visite!"

Le son des tambours se faisait plus fort, plus rythmé: les gens approchaient.
Mes compagnons valides, se tenaient pres à passer à l'action.
De mon coté, j'inquentais un sort de paralysie de groupe.

Les loqueuteux n'était qu'à une dizaine de mètres de nous quand ils s'arrétèrent tous, d'un seul homme, en meme temps que les tambours.
Je retardais la fin de mon incantation pour voir la suite des évènements.

Un enfant, d'au plus 4 ans, s'approcha de nous.
Nous n'avions pas relaché notre garde.
Olfonz releva la tête quand le petit passa près de lui. Il semblait vraiment aller mieux.

Le petit bonhomme brisa le silence avec une voix de vieillard.
Je cessais de me concentrer sur le sort,sur le coup de la surprise.
Bjorg restait méfiant, tandis que Meyja et Volkos affichait le meme air qu'un rutz devant l'océan: La bouche grande ouverte.
"Je m'appelle Garry. Et..euh... j'espère que vous pourrez nous aider."

Bjorg se détendit un peu.
"Parle petit!" dit Olfonz d'une voix fatiguée.

"Mon village a été frappé d'une malédiction. Les dieux nous ont reniés à cause de l'un des notres."
Meyja et Bjorg ochèrent la tête.
"Mon service est simple, je vous demande de le tuer. Ainsi, l'affront sera lavé et je pourrais retourner dans mon corps, comme tous les autres." fit il en montrant les habitants du doigt.

"...Et qu'a fait exactement le responsable de tout ceci?" demanda Meyja
"Et bien, il a renié les dieux, s'est livré à des actes abominables pour aquiérir leurs pouvoirs.."
Meyja coupa le vieillard "Savez-vous si il a utilisé une pierre ou un médaillon de couleur bleu?" ses yeux brillaient.
"Il me semble....du moins il en porte un quand il revient."

"Quand il revient?" s'interroga Bjorg.
"Oui, il revient. Il semble avoir besoin de nous, mais je ne sais pas pourquoi faire. Ceux qui sont pris disparaissent"

Je regardais Meyja. Décidément quand ses yeux flamboyent son charme est certain.

"Est il capable de se changer en loup à volonté? ou un animal quelconque?" demanda cette derniere.
Le garcon paru surpris "Oui... comment le savez-vous?"

"C'est ca!" dit Meyja "Ma vision! On doit aller dans le Maurat, dans le dernier temple de Tyr."
Tous le monde se tourna vers elle.
Elle continua fébrile: "La pierre de Thio, de Rizard et Loki ici réunis rendront au Maurat son aspect d'autrefois."
"Et?" demandais-je.
"La pierre de Rizard!" Dit-elle "Créé par un druide paien, permet d'acquérir les caractéristiques de n'importe qu'elle animal"
"Tant qu'elle bois du sang" dirent en coeur Bjorg et Volkos.
"Que ce soit celui des autres ou du porteur..." continua Bjorg.

"Nous aiderez vous?" demanda l'enfant.
Je regardais mes compagnons, malgré la fatigue tous semblaient près à tenter le coup. L'enjeu semblait grand.

"Mais pourquoi vient-il en loup alors?" demandais-je
"Pourquoi pas en dragon?" repris Frin.
"Et bien simplement parce que la pierre bois du sang en fonction de son utilisation." dit Bjorg
"Et se transformer en dragon demande une quantité impressionnante de sang je suppose?" dit Olfonz.
"Exactement, le loup est un animal commun relativement puissant. La quantité de sang nécessaire est probablement moindre." dit Meyja

"Ca veut dire qu'un va avoir affaire à un lupin? ou pire?" repris-je
Meyja, Bjorg et tout les autres ochèrent la tête.
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naaaan!
je ne suis pas un animal!
Dernière édition par mamantins le 12/07/2004 06:54:27; édité 2 fois
 
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Cassin
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Posté le : 09/07/2004 10:58:28 Sujet du message :

Et bien, après les zombies et les squelettes, nous allions devoir affronter une sorte de loup-garou non-lycanthrope. Pourquoi diable ce genre de personne ne choisissait jamais de se transformer en cafard, ou en blaireau ???

- Et où pouvons-nous trouver cette personne si charmante ? demandais-je, espérant qu’il se trouve dans une direction totalement opposée à la nôtre.
- En sortant de la ville, suivez la route du nord, en direction des montagnes frontières du Maurat, ensuite…
- Ca tombe bien, coupa Volkos, c’était justement notre route !
- ensuite, vous arriverez à un grand arbre. Vous n’aurez pas de mal à le reconnaître, il était autrefois grand et fort, il est désormais complètement pourri, tordu et rabougris. C’est le seul arbre qui reste de cette région.
- Que lui est-il arrivé ? demanda Meyja.
- Lorsque Reyza a commencé à enlever les gens de notre village pour se nourrir, nous avons tentés de prendre les armes, de l’attaquer. Après tout, Reyza n’était qu’un paysan, comme nous, et il n’avait jamais fait preuve de courage.
- Mais la pierre lui avait octroyé des pouvoirs faramineux, je suppose, commenta Olfonz.
- Exactement. Nous avons trouvé Reyza dans une clairière le long de la route, là où se dresse l’arbre dont je vous ai parlé – car il s’agissait autrefois d’un petit bois bien fourni. Nous l’avons menacé de le tuer s’il n’arrêtait pas de commettre ses crimes. Nous étions confiants, car tous les hommes du village étaient là, et il était seul. Mais Reyza s’est contenté de rire. Il a sortit de sa poche une pierre bleutée et l’a brandie au-dessus de sa tête en prononçant une formule magique.
- Que s’est-il passé ? demandais-je, intéressé malgré moi.
- Il… il s’est changé… Pas en loup, en… autre chose. Une bête énorme, monstrueuse. Au début, ça n’avait pas de forme, c’était flou, indistinct. Ca a alors commencé à dévoré les hommes présents.

Le vieil homme dans le corps d’enfant avait les larmes aux yeux en se remémorant ces souvenirs douloureux.

- Il en a tué des dizaines. Et plus il mangeait, plus il devenait grand et net. En quelques minutes, il est devenu un grand dragon vert.
- Qu’est-ce que je disais, murmurais-je. Quand on a des possibilités pareilles, on ne se prive pas…
- Son souffle acide a ravagé la forêt alors que nous fuyions. Beaucoup d’autres moururent, mais maintenant je sais qu’il n’a pas cherché à nous exterminer. Il a besoin de nous, de notre sang, pour commettre ses méfaits. Il a juste voulu nous signifier de ne plus l’approcher. Après quelques jours, quand le sol eut absorbé la bile du dragon et que tous les arbres excepté le grand dont je vous ai parlé aient disparus, il s’est encore passé quelque chose…
- La malédiction dont vous nous avez parlés ? demanda Bjorg.
- Oui. Un matin au réveil… Je n’ai pas reconnu la pièce où je me trouvais. Ce n’était pas ma chambre, pas ma maison. Quand je me suis levé, tout m’a paru plus grand, comme si j’avais rapetissé. Ce n’est qu’ensuite que j’ai compris que nous avions tous changés de corps. Je ne sais pas comment. C’est certainement un maléfice de Reyza pour nous dissuader une fois pour toute de ne plus nous attaquer à lui. Il a vraiment des pouvoirs terrifiants et il n’hésite pas à s’en servir.

Je frissonnais malgré moi à l’idée d’affronter ce sorcier. J’avais encore en mémoire les souvenirs spongieux du passage hors de la bibliothèque.

- Et comment pouvez-vous être sûr qu’en le tuant, tout redeviendra normal ? demandais-je dans un ultime espoir de pouvoir refuser.
- Je n’en sais rien. Mais ça ne pourra pas être pire que maintenant. Les dieux savent ce que Reyza nous réserve encore. Même si nous sommes condamnés à resté à jamais dans ces corps, ça nous sera plus supportable si nous savons que ce dément ne peux plus rien contre nous.
- Nous allons vous aider, fit Volkos avec vigueur. Nous ne pouvons pas laisser de pauvres gens souffrir comme ça.
- En plus ça ne détournera pas de beaucoup de notre route, ajouta Olfonz.
- Et cette pierre pourrait nous être utile par la suite, surenchérit Meyja.

Mais étaient-ils tous fous ?! Aller nous frotter à un sorcier métamorphe surpuissant, en étant pratiquement certains de n’en tirer aucune autre récompense que la gloire (et la gloire n’est pas monnayable), simplement pour aider une bande de paysans ??? Je sentais néanmoins que je n’arriverais pas à faire entendre raison à mes compagnons de voyage. Je tentais alors d’obtenir un dernier délai avant la boucherie qui allait probablement s’en suivre.

- Attendez, vous ne pensez quand même pas que je vais aller affronter un type capable de se transformer en dragon, le ventre vide et avec dans les jambes une longue course dans des souterrains humides et remplis de mort-vivants non ?!
- La Fouine a raison, répondit Bjorg. Nous avons besoin de quelque sommeil, d’un bon repas et de la chaleur d’un feu. Nous précipiter dans notre état ne nous servirais à rien.

Ouf…

- Et bien ça me permettra de préparer quelques sorts en vue de cette rencontre, termina Eloi. Ca m’aura fait mal d’affronter un sorcier sans une batterie magique adéquate.

Tous acquiescèrent. Et bien au moins, nous vivrons encore au moins une nuit de plus…
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lendraste
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Posté le : 09/07/2004 19:05:56 Sujet du message :

J'avais retrouvé mes esprits. Du moins, depuis que la pierre rouge avait quitté ma poche, j'étais parvenu à me rendre compte que mon état n'était pas normal. Mais surtout, depuis que j'avais la pierre, un certain nombre de choses qui m'avait échappé me revenait en mémoire. Alors que nous nous reposions tous dans l'une des maisons abandonnées, Bjorg ayant décidé de monter la garde, j'en profitais pour monter mon arc composite. Nous allions affronter un monstre très dangereux que je préférais ne pas voir de trop près.

- J'ai deux ou trois choses à dire, annonçai-je à mes compagnons sur le point de s'endormir.
Tous me regardèrent l'air interrogateur. J'avais capté leur attention.
- Tout d'abord, il faut que vous sachiez que je ne suis pas ici tout à fait de mon plein gré, commençai-je en observant les visages incrédules. La pierre rouge m'a été donnée par mon commanditaire lors de notre première rencontre. Elle se trouvait dans une bourse pleine de piastres et de couronnes qui constituait une avance sur le salaire que nous devions percevoir, mais à ce moment, je l'ignorai. Nous devions escorter Trigal, ainsi qu'il s'appelait, à travers le Maurat vers Gafendad où nous aurions perçu une récompense de 5000 piastres par tête.
Un sifflement retentit et je lançai à regard noir à Frin en réponse.
- Tu ne m'avais pas dit ça, mon grand, se plaignit Bjorg.
- Non en effet, et pour être honnête, je comptais bien négocier une plus grosse part de gâteau en tant que guide.
- Et on me traite de fripouille et de fouine ! clama le Halfelin.
- Tais-toi Frin ! fit Meyja contre toute attente.
Un court silence et je poursuivis mes révélations :
- Dans le magasin de Moritz, alors que vous étiez en bas, j'ai fouillé le corps de Trigal et j'ai trouvé un billet sur lequel il était écrit "regarde dans ta bourse". Sans réfléchir ni même douter que le message pouvait ne pas m'être destiné, je m'exécutai et trouvai la pierre, cachée au milieu des pièces. Quand je la pris dans la main, je me retrouvais victime de son pouvoir... J'avais eu, à ce moment, la volonté d'amener ce caillou dans le Maurat en un lieu que je pouvais apercevoir de temps à autre dans des visions fugaces... Entre autre, une sorte de temple à l'air libre au milieu duquel se dressait un pilier couvert de runes.
Je marquai une pause, mais Eloi m'incita par le regard à reprendre sans tarder.
- Je ne sais pas grand chose de plus. Lorsque la pierre m'a été prise récemment, j'ai lentement retrouvé mes esprits, et la volonté d'aller dans le Maurat pour cette quête stupide m'a quitté.
- Stupide ? s'exclama Meyja. Mais pas du tout !
Les regards se tournèrent vers elle. Elle s'empourpra... Dommage pour elle, même si je l'aimais.
- Dis donc toi, qu'est-ce que tu sais de tout ça ?! Questionna rudement Bjorg.
- Mais ce que je vous ai dit, se défendit mon amour. Les pierres de Thio, Rizard et Loki...
- Justement, coupai-je. Cette histoire de pierre m'a inspiré quelques pensées cohérentes en corrélation avec mes visions. J'ai vu les deux autres pierres, la bleue de Rizard dans les mains d'une sorte d'homme loup, notre cible actuelle, et celle de Loki, je pense, une pierre jaune...
- Ou l'as-tu vu ? s'enquit Eloi.
- Chez Moritz, répondis-je en stupéfiant ainsi mon auditoire. Mais uniquement en vision... J'ai revu le meurtre de Trigal par les hommes en mauve, sa fouille rapide, la découverte d'une pierre jaune, laquelle fut emportée lors de leur fuite par les toits et puis...
J'hésitai sans savoir pourquoi à conclure.
- Et puis ? répéta Meyja.
- Et puis elle a été donnée par l'un des hommes au cavalier noir du corbeau bicéphale, conclus-je.
Les uns et les autres se regardèrent en silence. Eloi le rompit :
- Trigal voulait sûrement rassembler les pierres et aura brouillé les piste en te confiant la rouge, Olfonz. Mais si c'est le cas, sa quête n'était pas terminée puisque la bleue est en possession d'un pauvre dément de ce village.
- Oui, mais nous sommes proches du Maurat, intervint Bjorg. Souvenez-vous des derniers mots de Trigal ! Il parlait d'un coffre et d'une colonne. C'est peut-être là que se trouvait la pierre, dans ce temple de la vision d'Olfonz, et le fou du village aurait pu mettre la main dessus, Trigal l'ignorant.
- C'est possible en tout cas, fit Meyja. Au moins nous savons ce que nous avons à faire maintenant.
Bjorg me regarda intensément et je compris sa question sans qu'il ait eu besoin de la poser.
- Ne t'inquiète pas Bjorg, je ne compte pas vous lâcher, répliquai-je à sa muette interrogation. Je sais maintenant pourquoi je suis là, ajoutai-je en souriant.
Je remarquais l'air renfrogné de Frin et j'imaginais sans peine sa déconvenue à l'idée de 5000 piastres partant en fumée.

D'un commun accord, nous dormîmes et cette nuit fut remplie de rêves étranges. Un intense chatouillement de mon oreille droite m'éveilla. Mon sursaut suffit à faire bondir Bjorg et les autres ne tardèrent pas à l'imiter. La lumière du matin entrait par la porte restée ouverte.
- Ou est Volkos, demandai-je en me rappelant son air absent de la veille.
- Merde ! Fit Bjorg. Je lui ai dit de garder la pierre ! Quel abruti !
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Lendraste de Loreval
Qui cherche la Vérité cherche celui qui la détient, car elle n'existe pas à l'état naturel.
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