Le scanner du terminal du spatioport Stephen Hawking m'identifie :
“Semak Geol, humain alpha, né le 02/12/2805 , station de Manode/ Europe/ Jupiter/ Système Origine, à destination de Jarnac/ Système Kochab, pour nouvelle affectation de Consul Planétaire de l'Union Humaine galactique.”
Droit comme un I, je pénètre dans l'ascenceur qui m'amène aussitôt dans les entrailles du vaisseau de transit quantique, suivi par les cinq hommes de mon “escorte personnelle consulaire”. Mes gardiens plutôt. Je sais fort ben que leur mission consiste davantage à s'assurer que je pars bien pour ma nouvelle affectation. Voie de garage serait un terme plus approprié. L'amertume me tord l'estomac. Ma carrière, et peut-être ma vie, vont sans doute s'achever alors que je pensais il y a moins de trois jours standards pénétrer dans le cercle restreint du pouvoir. Ce n'est pas tellement le remors d'avoir trahi mon mentor, mais le fait que je me soit fait baisé dans les grandes largeurs.
Tout en m'installant dans ma cabine – mon tout nouveau titre me donne quand même droit à quelques égards – j'évalue mes chances de m'en tirer... Pas très hautes. Le Sytème Kochab est à moins de deux semaines d'invasion de la Troisième Rebellion. Vu ce que ses troupes ont fait dans le Système d'Eta Centauri...
Et dire que j'ai contribué à déclencher cette guerre !

La voix désincarnée du vaisseau annonce le départ imminent. Je réalise soudain qu'il s'agit seulement de mon cinquième saut quantique. Pourquoi s'exposer aux risques des voyages intersidéraux quand on est un humain alpha, donc exempt de contamination radioactive, né dans le Système Central, donc là où tout se décide ?
J'ai fait toute ma carrière dans l'administration de l'Union Humaine Galactique, gravissant un à un les échelons à force de coups tordus et de trahisons et en ne quittant qu'à deux reprises le mon système natal. Une première fois pour prendre une affectation, de courte durée, heureusement, sur la station Amruro dans le système d'Altaïr, une deuxième fois lors de mon voyage de noce sue la Nouvelle Venise, système de Capella. Il faut dire qu'épouser Sedra Burowsky me permettait d'approcher son père, le légendaire sénateur Gregor Burowsky, “voix de la conscience” de l'UHG. Mon travail d'assisant à ses côtés m'a permis de me hisser dans l'antichambre du pouvoir. Mais j'y étais bloqué. C'est pourquoi j'ai dû le trahir. C'est ainsi que j'avais toujours procédé pour avancer.

En fait, c'est tout simple : l'an passé, Charker Kysarzo a été élu Président de l'UHG. Il a tout de suite mis en oeuvre son programme d'épuration : exclure du Système Central et de toute fonction importante dans l'UHG les humains de types inférieurs à gamma, autrement dit, les descendants des foules plébéiennes qui ont quitté, plus ou moins volontairement, le berceau natal de l'humanité il y a six siècles à bord des premiers vaisseaux d'ensemencement à propulsion infra-luminique, alors que les dangers de telles expéditions n'étaient pas connus, ou bien ignorés volontairement, selon les versions. Nombre d'entre eux ont disparu dans les profondeurs de l'espace. D'autres, plus ou moins atteints par les rayons cosmiques, ont péniblement colonisé de nouveaux mondes. Quand il y a deux siècles, les forces de l'UHG les ont rencontrés... et bien cela a donné lieu à quelques conflits. Mais l'Union s'est imposée.
Or, le nouveau Président souhaite que “l'humanité pure”, les humains alphas et bêtas, soit seule aux commandes. Son décret d'exclusion – enfin, de Redressement Humain, comme il l'appelle – a été âprement combattu par le sénateur Burowsky. C'est alors qu'on m'a fait une proposition, il y a cinq jours standards. Comme j'étais son collaborateur le plus proche, je pouvais aisément le compromettre dans quelques affaire louche. Ce fut “prise d'intérêt illégale dans l'exploitation minière de Hornas, géante gazeuse du Système Aldébaran". Ma récompense devait être une nomination au Conseil d'Administration du groupe Latto – et accessoirement l'internement psychiatrique de Sedra.

Je sens un triste sourire sardonique me monter aux lèvres. Dès le lendemain de la chute de Burowsky, le Décret de Redressement Humain était voté par le Sénat et un sbire quelqconque de Kysarzo me donnait le choix : soit j'accompagnais mon ex-mentor dans sa chute, soit j'acceptais un poste de Gouverneur Planétaire sur Jarnac, obscur monde gravitant autour de l'étoile Kochab, comptant une population de trois millions de personnes, en grande majorité des deltas, et spécialisé dans rien du tout. Autrement dit : aucun avenir économique. De plus, dès l'adoption du décret, une troisième rebellion était née dans les confins... Il était certain que bon nombre de deltas et gammas ne se laisseraient pas faire, même si la plupart d'entre eux étaient intégrés à l'UHG depuis plus d'un siècle. Sans compter les Nomades Stellaires, qui ne se sont jamais fixés sur un monde depuis plus de cinq cents ans et ont toujours refusé de reconnaître l'autorité de l'UHG. Les deux planètes habitées du système d'Eta Centauri ont été attaquées et scorifiées. On estime le nombre de victimes à douze millions. Et le Système Kochab se trouve à portée des vaisseaux des rebelles. Comme ses forces de défenses sont ridicules, j'ai toutes les chances d'être anéanti dans un peu moins de deux semaines.
Dans quelques jours, une armada de l'UHG quittera le Système Central pour les confins : une vingtaine de croiseurs lourds de classe Nelson avec leur vaisseaux, tous chargés jusqu'à la gueule de missiles hypercinétqiues, de bombes à plasma et de troupes d'assauts. Mais ce sera certainement trop tard pour moi : Jarnac n'est certainement pas un monde prioritaire. Les stations d'exploitations de Régulus ou d'Alioth présentent beaucoup plus d'intérêts.

Le ronflement des moteurs à plasma s'arrête. Le vaisseau a pris suffisamment de distance avec la station Stephen Hawking, dernier spatioport du Système Central avant les profondeurs de l'espace. Le puit gravifique généré par le Soleil ne pertubera pas le saut quantique.
Tout se passe comme prévu : on ne sent rien. Et soudain, une alarme se met à hurler !
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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel

Houch la vache. Cela fait un mal de chien ! Y'avait longtemps que je ne m'était pas fait dérouiller comme cela. Bien 40 ou 50 ans. Je l'ai quand même bien cherché. Enfin, une affaire comme cela, je ne pouvais pas la laisser passer sans aller la fêter dignement ! Six costumes en peau de Grisors avec doublure en Ykah ! Et en plus pour les officiels du palais qui doivent accueillir je ne sais quelle tête de cul poudrée en provenance du système central. Une petite fortune payée rubis sur l'ongle et ... au prix fort. D'où cette cuite et la bagarre qui en a suivit. Bon, pas de bol, je suis tombé sur des mercenaires venus d'on ne sait où pour je ne sais quelle raison ici. J'ai beau être un Bosoth, avoir quatre bras et peser mes 280 kg, cela n'a pas suffit. Je dois me rouiller. La fourrure ne conserve son humanoïde que si on continu à chasser la bestiole soit même !

Enfin reste à présent à attendre que l'on me sorte de cette cellule ... Ce qui ne devrait plus tarder. J'espère. Enfin, cela me laisse le temps de réfléchir. A présent que j'ai de quoi me payer le billet, je vais pouvoir me casser d'ici. 2 ans de taule et 5 « exilé » sur ce tas de pierre a peine civilisé. Pour braconnage, corruption et destruction d'espèce protégé. Et en plus cette enflure de juge me fout en taule en confisquant le Yrkk empaillé et sans me payer ! La dernière fois que je trempe dans des affaires louches pour un gros bonnet ! Il m'a bien enfilé. Et en prime la saisie de tous mes biens avec un billet pour le 1er départ hors de Lux Gemini. Et il a fallu que ce soit pour un trou paumé comme ici. Enfin c'est fini tout cela

« Zyrkk, mettez vous dans le cercle rouge ». Je me lève du banc d'astrogranite et vais me placer dans la zone indiquée. Je me doute que si je ne le fais pas, mon cas risque de s'aggraver. La porte de plexyverre s'ouvre et un garde apparaît. « Allez, dehors ! Et que l'on ne te revois plus par ici ». Ca, il n'a pas à me le dire deux fois ! Je rentrais chez moi et en peu de temps je remplis un spatio-container de toute ma vie. Les dernières peaux et fourrures dans un cryobag. Et ma fidèle Cecilia dans une valise fusio-plombée. Et en route pour l'astroport.

L'astroport ... un bien grand mot ! A moitié vide, dédale de poussières, de tubes de néo-acier et de papiers gras. Je cherchais du regard une hypothétique tête connue, sans grande illusion. Bon direction la zone des docks. Si je peux éviter de payer pour le voyager vers ailleurs ... J'en étais sur. Un membre de la Confédération Galactique des Transports. Je ne sais pas comment mais depuis des siècles, ces petits malins ont gardé le quasi-monopole de l'emploi sur les cargos extra systèmes. Heureusement j'avais gardé une vieille carte syndicale. Cela plus mon gabarit, cela ne prit que 20mn a être engagé ! On juge toujours les gens a leur physique. Autant pour la sécurité ! Forcement, pas d'exosquelette a ma taille, je me retrouve à piloter un transporteur antigrave. Pas plus mal. Non vraiment. Dans la zone « VIP » et a ses alentours, une foule de garde et militaires. Jamais je n'aurais pu entrer Cecilia avec moi. Pourtant c'est plus une vieille amie qu'une arme ... Enfin dans 8 heures je serais a bord d'un cargo direction ... Malinus Cinq. Au moins cela me rapproche des systèmes les plus riches !

« Chargement Terminé, tout le personnel dans la navette d'embarquement ». Allez une heure. Nous décollons en direction de la station spatiale orbitale pour rejoindre nos quartiers. Je vois Jarnac de haut. La station est ma dernière attache à cette ancienne vie. Enfin. Je me dirige vers les quartiers « personnels » du SpaceCargo quand soudain une alarme retentie ...
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Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges

Le Blue Note est bercé par la voix de velour d'une chanteuse Koliaane. L'ambiance lumineuse feutrée, la musique lancinante et le déhanché lascif des danseuses semblent mettre en émoi les sens des hommes d'affaires et autres notables présents dans le club. Ma cible entre au bout d'un quart d'heure suivie par ses deux gorilles. Ces derniers jouent de la pénombre ambiante pour se faire discrets malgré leur masse imposante tandis que le sénateur Hartus Kowald se dirige vers le bar, à quelques tabourets de moi.
Je le laisse se détendre, s'imprégner de musique et d'alcool et m'avance vers lui la mine mélancolique, simulant un léger état d'ébriété.
- Vous n'auriez pas envie de m'offrir un verre?
Son regard parcourt mon corps de bas en haut.
- Avec joie mademoiselle. Asseyez vous. Hartus, et vous?
- May. Enchantée.
La conversation s'engage. Le poisson est ferré. Quelques verres lui délient même la langue. Il me parle d'une « saloperie » dans laquelle il est impliqué et qu'il veut oublier ce soir. Quel politicien n'est pas impliqué dans une saloperie ? Celle-ci doit être particulièrement grave.

Une heure plus tard la jeune fille fragile s'est muée en Geisha. L'alcool a fait son effet sur le sénateur et me voila dans sa garçonnière. Les gardes du corps sont restés en bas et j'ai déjà repéré une voie de sortie. Un Kroatan se tient dans une cage, parfaitement calme. Ces volatiles ont une sensibilité au danger tellement exacerbée qu'ils paniquent au moindre signe de nervosité, la meilleure garantie contre les assassins. Mais le Kroatan n'est qu'un détail. Si les humains sont incapables de masquer totalement leurs émotions, un droïde n'a pas ce problème. Et ne pas exister officiellement aide à ne pas éveiller les soupçons.

2796, l'armée lance le programme secret Mantis. 7 ans de développement pour concevoir le plus redoutable et le plus avancé des droïdes espions. Une Mantis dans chaque lit important. Récolter des confidences sur l'oreiller se tenir prêtes à passer à l'action sur ordre. Mai 2803, une fuite alerte les journalistes. Un scandale s'en suit, de nombreux hommes politiques prennent peur et le programme est arrêté. Le gouvernement ordonne la destruction des laboratoires. L'armée s'exécute mais le directeur du programme réussit à sauver un prototype non référencé, Moi. May. Mantis N°000. Perle asiatique aussi douce que mortelle.

Même depuis le décès de mon maître l'année dernière, je continue à appliquer ce pour quoi je suis née. Je mène ma vie clandestine au milieu des hommes sans éveiller les soupçons jusqu'à ce qu'un client se présente. Une mission. Une victime. Donner la mort et le plaisir en même temps. Plus qu'un instinct, la raison même de mon existence est programmée dans chaque parcelle de mon être artificiel. Je ne sais faire que ce travail et n'ai envie que de ce travail.

Le sénateur n'a rien vu venir et son regard effrayé ne trouve que mon visage impassible. Le neurotoxique se diffuse dans tout son corps. Une petite piqûre mortelle prodiguée sans avoir à bouger les mains. La dernière étreinte de la mante religieuse.

Je prends contrôle du système d'alarme et sors discrètement sans éveiller les soupçons des gorilles. Le neurotoxique mettra 12h à le tuer, ses fonctions vitales étant préservées pendant ce temps, l'alerte ne sera pas donnée avant la découverte de son corps. Je serai déjà loin.

Prochaine étape, la station Stephen Hawking pour embarquer sur le même navire quantique que mon client, Semak Geol. La mort du sénateur Hartus Kowald n'était qu'une petite vengeance avant son départ mais ses nouvelles fonctions sur Jarnac signifient d'après lui beaucoup de travail pour moi.

Je me fonds à la masse des quidams pour embarquer sur le Titanesque, cet ancien fleuron de la flotte civile bientôt bon pour la casse. Je me suis offert le luxe d'une cellule individuelle, indispensable pour la discrétion de l'entretien de mon enveloppe organique. Pas si simple pour ce voyage étant donné le nombre incalculable d'officiels. Que vont-ils tous faire dans le système Kochab ? Le saut quantique terminé il me reste 5h de vol avant d'atteindre Jarnac. Je décide de me rendre au restaurant pour régénérer mon enveloppe mais quelque chose ne tourne pas rond. Impossible d'ouvrir la porte de ma cellule. Il me faut 15 minutes pour trouver un moyen de me connecter au système informatique du Titanesque. La même chose partout. Etait-ce cela la « saloperie » dont parlait Hartus Kowald ? Un navire stellaire rempli d'officiels dont toutes les portes sont verrouillées et dont de surcroît les communications sont coupées ? Les informations du programme central disposent d'un encryptage qui me reste inaccessible. Sur un vieux coucou comme celui là ? Quelque chose se trame et mon client est en danger. Priorité numéro 1 : Maintenir l'intégrité physique de mon client. Plan d'action : 1- Le localiser. 2- Le délivrer. 3- Trouver un moyen de quitter ce cercueil ambulant.

La tâche est plus simple que prévue. Le programme de réservation me donne le numéro de sa cellule. Section C. Couloir 17. Cellule 127. Aucun garde sur le chemin. Aucun garde nulle part, juste des cellules closes. J'entre dans le couloir 17 quand un bruit strident retentit. Alarme de type A. Urgence maximale. Je cours à travers le couloir quand je suis propulsée violemment contre un mur. Choc. Déflagration. Le Titanesque est attaqué. Pas de temps à perdre. Je récupère Mr Geol qui semble à peine étonné de ce qui se passe. Course vers le quai d'embarquement. Les impacts sur la structure du vaisseau se multiplient. Elle ne tiendra plus longtemps. Incendie sur les quais d'envol. De nombreuses navettes d'évacuation sont déjà touchées. Analyse rapide de la situation. Un vieux coucou bon pour la casse est le plus proche de nous. Un symbole et un nom sur la coque : Century Griffin. Prise de contrôle rapide de l'ordinateur central. Décollage. Vol furtif activé. Vitesse maximale. Le Titanesque vole en éclat derrière nous. Un fragment de structure nous atteint et un de nos stabilisateurs est touché. Regard sur nos assaillants : Un croiseur lourd de classe Nelson de l'UHG.

Le calme enfin. Mon client explose d'un grand rire.
- J'imagine déjà les titres des journaux. Très fort Kysarzo. Tu te débarrasses des gêneurs, tu fais porter le chapeau aux rebelles qui ne refuseront pas la publicité d'un tel coup d'éclat, tu émeus l'opinion publique et tu légitimes ta politique. Osé mais efficace.

Notre vaisseau touché, nous n'irons pas loin. Plus trop le choix : Je mets le cap sur le Spacioport de Jarnac même si c'est le dernier endroit où nous voulons nous rendre. Négocier le droit d'apponter n'est pas si compliqué. Atterrir avec un stabilisateur HS l'est beaucoup plus. Pleine puissance sur les boucliers avant. Le Century griffin incontrôlable heurte de plein fouet un SpaceCargo en court de chargement et entame sérieusement sa coque. Nos boucliers ont tenu, malgré la violence du choc nous n'avons rien mais pour une arrivée incognito c'est raté. Les alarmes de la station se déclenchent et les gardes accourent à travers le hangar.
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Now that we've fattened the cow and set out to plow unknown enemies - "Wow!" Shouts the startled crowd "Oh no did you see what I did see?" - The ravaged cabbage drifts on dark red skies - And it looks so nice

Vainqueur BB1, BB3, BB5 et BB6

Je suis à bord de mon vaisseau qui se dirige vers la planète Jarnac. Des traits blancs effilés entourent mon engin, je me suis mis en mode hyper-espace. Ma mission est déjà suffisamment complexe pour ne pas perdre davantage de denrée rare qu'est le temps.

Pendant mon vol, mon incorrigible nostalgie me fait repenser avec amusement comment j'ai nommé mon vaisseau, le Flying-V. C'était un hommage à la forme d'un instrument portant le même nom, et qui s'appelait une guitare, instrument très en vogue depuis le début du XXème siècle jusqu'aux années 2300, et dont l'un des membres d'un très vieux groupe musical (Metallica) que j'adore en jouait. De nos jours, il suffit de se brancher à un concepmusic, de demander par la pensée le style de musique que l'on veut écouter, et l'appareil transmet alors les sonorités désirées parmi toutes celles possibles et imaginables, stockées dans une immense banque de données. Autant dire que niveau création, c'est limite zéro.

Mes pensées sont ramenées à la réalité par le bip sonore de ma carte de navigation. Je suis à moins de 5 000 kilomètres de Jarnac. Il est temps que je reprenne l' état d'esprit de mon métier de disruptor, nom pompeux de chasseur de primes.

Voilà ce que je suis. Un humain de 1 mètres 86 costaud physiquement pour pouvoir supporter toutes les améliorations génétiques qu'on a injecté dans mon corps. Tout cela, afin de pouvoir porter l'armure épaisse comme un tank, et surtout, l'emblème des Spaces Marines. C'était la glorieuse armée de l'Empereur dont le puissant règne gênait beaucoup. Il avait été contraint à la démission par je ne sais quelle magouille politico juridico militaire. Il avait préféré alors l'option démissionnaire afin de sauver ses hommes qui avaient tant lutté pour sauvegarder sa vie. Moi, Arraxas, j'avais préféré l'exil, puis ce métier.

Je me remémore la conversation concernant ma mission avec le Conseiller en Chef de la Fédération des Souverainetés Spatiales Humanoïdes :
- Mr Arraxas, vous devez retrouver et tuer Akasha Bdzeroig, ancienne capitaine du bataillon "Dragon Rouge". Elle nous a trahit et a rejoint l'armée des rebelles qui prépare une attaque sur Jarnac. Sa mort désorganisera cette rébellion, et surtout, elle nous garantira que les secrets qu'elle connaît sur nous seront bien gardés.
Il appuya sa dernière remarque d'un sourire ironique.
- Vous voulez donc que je m'incruste au milieu de toute une armée pour retrouver UNE seule personne ? Vous n'avez pas plus dangereux par hasard ?
Ma deuxième question devait paraître sarcastique mais ne lui fît apparemment aucun effet.
- Nous sommes prêt à vous payer 1 million de gils...
Devant mon silence stupéfait, il ajouta :
- Nous savons que vous êtes l'un des meilleurs disruptor connus à ce jour. Votre efficacité et votre incroyable discrétion, ajoutées au fait que vous êtes sans activité en ce moment, nous a décidé à vous choisir, Mr Arraxas. Notre récompense n'a rien d'une plaisanterie car nous savons que cette femme, donc cette mission, est dangereuse.
Pour me proposer une telle somme, elle devait en savoir des choses. Finalement, j'acceptai.
- Parfait !! Vous devez donc vous rendre sur Jarnac. Commencez par chercher un certain Zyrkk. C'est un braconnier qui connaît pas mal de monde, mais dépêchez-vous ! Il ne devrait pas tarder à sortir de prison.

Et c'est ainsi que je me retrouve à voler en direction de cette planète, à la recherche de ce fameux Zyrkk qui pourrait m'éclairer sur le cas Bdzeroig.

Mais en arrivant sur Jarnac, je constate que l'accueil est agité. En effet, en m'approchant du terminal pour atterrir, des sirènes hurlaient toutes leurs décibels, et des gardes accourraient en direction de ma piste d'atterrissage qui est en flammes, ainsi que 3 hangars aux alentours. Les rebelles ont-ils déjà commencé leur attaque par un incendie criminel ?? Je ne m'en soucie guère pour l'instant, car ma priorité première est de pouvoir me poser en toute sécurité. Ce qui est mal engagé...
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Alors qu'est-ce qu'on fait ? On continue dans la grâce ?

TSHAW.

Mon nom est Roland, Roland Biusfa et je courre ! Je courre pour ne pas perdre de vue Semak Geol. Son arrivée n'était pas prévue comme ça mais pas du tout.

Je suis membre de l'administration consulaire et je fais partie de l'équipe d'accueil de notre nouveau consul. Le saut quantique s'était apparemment déroulé sans problèmes. J'ai suivi son arrivée par l'intermédiaire de mes implants qui me relient à la logosphére de Jarnac. Jarnac n'est pas une planète évoluée mais elle possède tout de même un réseau de communication digne de ce nom. Lorsque le Titanesque est apparu sur mon écran rétinien il était seul puis alors qu'il entamait son approche du spatioport un vaisseau a surgi de nulle part et a immédiatement ouvert le feu sur le Titanesque. L'IA du spatioport a identifié le vaisseau agresseur comme appartenant au système d'Eta Centauri c'est-à-dire maintenant à la Troisième Rébellion ! Semak Geol est une cible de choix pour les rebelles des confins mais ça ne colle pas. La précision et la rapidité du saut ainsi que les armes employées font plutôt penser à du matériel militaire de pointe, à un croiseur de classe Nelson. De toute façon si c'était une attaque des rebelles j'aurai été au courant...

J'appartiens au Peuple des Exclus, à la racaille comme nous appelle ce cher Kysarzo. La soit disante plèbe envoyée à la mort sous couvert de colonisation. Une véritable purification sociale et biologique, oui ! On a voulu se débarrasser de nous mais la mauvaise herbe à la vie dure. Même si le Peuple des Exclus recouvre une grande diversité due au destin séparé de chaque vaisseau durant la Longue Errance nous sommes unis par la haine et la volonté de revanche et de justice. Durant l'Exil la plupart des vaisseaux se sont autodétruits après avoir sombrés dans l'anarchie et les luttes intestines pour le pouvoir. D'autres ont eu la chance de trouver une planète pas trop inhospitalière pour y survivre. Mes ancêtres ont été sauvés par notre Guide. Il leur a donné une raison de s'entraider et de vivre, il leur a donné un objectif. Une société où nous aussi nous aurions droit aux richesses du système central, basée sur un idéal de partage et de redistribution des richesses. Il leur a appris aussi que pour survivre nous devions tirer le maximum de ce que nous avait laissés les alphas du système central, notre corps et notre esprit. Grâce à son enseignement nous avons développé des capacités disons « hors du commun » qui nous permettent de nous passer de la plupart des nano-améliorations plus ou moins facilement détectables. Ceci fait de nous des espions et des assassins redoutables. L'UHG ne connaît pas encore l'ampleur des dégâts qu'un seul d'entre nous peut causer. Je suis sur Jarnac pour le lui apprendre.

Mon affectation sur Jarnac pour préparer la venue des forces de la rébellion ne m'a pas fait plaisir tout d'abord je pensais pouvoir servir ma cause mieux que ça mais quand j'ai appris que Semak Geol était affecté ici alors tout a changé. Sa trahison du sénateur Burowsky, un de nos seuls soutiens au sein du système central, a fait de lui un ennemi et aussi un symbole de la pourriture du monde politique que nous devons purifier. Il est devenu mon objectif principal, un objectif ambitieux, digne de notre cause, l'élimination d'un de nos plus grands ennemis. Je devais le réceptionner puis le tuer d'une manière ou d'une autre.

Suite à l'attaque surprise un petit vaisseau s'est détaché du Titanesque avant qu'il n'explose et vient d'atterrir en urgence heurtant au passage un spacecargo. Prudemment je reste en retrait pendant que les Forces de la Sécurité entoure le vaisseau. L'IA du spatioport essaie de rentrer en contact avec lui et ne reçoit qu'un message d'identification automatique. Le vaisseau se nomme le Century Griffin et semble vide. Les Forces de Sécurité décide alors de pénétrer dans le vaisseau et ressortent bredouilles, aucun être vivant à bord. Mais les scans portatifs qu'ils utilisent ne sont pas très puissants et un vaisseau pareil regorge de coins où se cacher. Je ne sais pas pourquoi mais je décide de rester dans les parages prétextant que l'administration du spatioport a besoin de mon aide pour se réorganiser. Les employés du spatioport investissent les lieux et le vaisseau pour tenter de réparer les dégâts. Alentour la vie reprend et les passagers recommencent à arriver. Les membres d'équipage du spacecargo endommagé débarque, il y a même un Bosoth parmi eux...Puis,une vraie baraque, type Space Marines, me demande son chemin. Il n'a pas accès à la logosphére ou quoi ? Peu de temps après je remarque deux employés du spatioport qui descendent du Century Griffin. Pas de doute l'un deux est Semak Geol ! L'autre est une femme, type asiatique. L'uniforme des employés du spatioport ne peut cacher sa beauté, les courbes de son corps et l'extraordinaire fluidité de ses mouvements. Fascinante, mais dangereuse, extrêmement dangereuse, mortelle à coup sur, un adversaire de choix. Elle semble protéger Geol et diriger la manoeuvre. J'improvise, décide de jouer les crétins et me dirige vers eux en me présentant : « Mr Geol, Mr Geol ! Heureux de vous voir encore en vie. C'est inespéré. Permettez moi de me présenter, Roland Biusfa membre de l'administration consulaire. Bienvenu sur Jarnac»

Que me veut-il, celui-là ? J'espérais bien éviter le comité d'accueil de l'administration de Jarnac, puisqu'il semble que le nouveau président de l'UHG ait décidé de m'éliminer, mais apparemment, c'est raté. Mais comment m'a-t-il identifié ?
Je choisis de rester de marbre, tout en lançant un coup d'oeil à l'androïde d'apparence asiatique qui me sert désormais de garde du corps. Elle réagit au quart de tour et, avant que l'importun n'ait eu le temps d'esquisser le moindre geste, elle passe derrière lui, lui immobilise les bras et plaque ses mains sur son cou. Une fine aiguille sort de son index et s'enfonce dans l'épiderme de l'homme qui tressaille à peine. Il sait se contrôler.
May débite les informations qu'elle vient de recueillir d'une voix parfaitement neutre. Cette diversité de voix selon la situation me surprend toujours. Pourtant, je me considère comme un maître dans cet exercice, mais là, l'androïde me surpasse. C'est sans doute dû à sa nature.

“ D'après les informations de la logosphère, cet homme est enregistré sous le nom de Roland Biusfa, fonctionnaire de l'administration consulaire de Jarnac, en poste depuis deux jours. Mais l'analyse cellulaire à laquelle je viens de procéder m'indique qu'il s'agit d'un humain gamma.”

Il n'est pas nécessaire qu'elle m'en dise plus : un gamma ne peut pas faire partie de l'administration de l'UHG. La date de sa nomination indique plutôt que nous sommes en présence d'un agent des rebelles. Et sa mission me paraît limpide : me tuer.
Je regarde fixement l'homme. Il sait que je sais. Allons, il va falloir le convaincre, et vite. Des gardes des Forces de Sécurité patrouillent et je ne désire absolument pas qu'ils me trouvent.

“Bien, vous êtes là pour me tuer. Je suppose que vous avez vu que le vaisseau à bord duquel je me trouvais a été attaqué et, qu'en tant qu'agent de la Troisième Rebellion, vous savez que cette attaque ne vient pas d'elle. Il semble que notre nouveau président souhaite ma mort. Voilà qui devrait changer un peu l'appréciation des reblles à mon égard.
- Pas le moins du monde ! me répond-il sèchement. Vous avez directement participé à l'accession de Kysarzo au pouvoir, vous avez trahi le sénateur Burowsky, vous êtes une ordure ! Si ce n'est pas moi, un autre remplira la mission.”

Diantre ! J'ai presque pu entendre la majuscule au nom de mon ancien mentor. Il me faudra ramener ces idéalistes à la vérité de sa nature. Je reprends :

“Réfléchissez deux secondes. Mlle May va vous tuer et je m'éclipserai discrètement. Mais, je ne vous le cache pas, ma situatin est très précaire. Kysarzo veut m'éliminer et je ne suis en sécurité dans aucun système contrôler par l'UHG. Je dois donc chercher refuge ailleurs.
-Et vous croyez que le Peuple des Exclus va vous accueillir !
-Sans doute. Parce que je vais leur faire une proposition qu'ils ne pourront pas refuser. Votre mission ne sera pas un échec, puisque je viens avec vous. Les reb... Les dirigeants du Peuple des Exclus pourront toujours décider de se débarrasser de moi.”

L'homme me fixe, dubitatif. Je sens son mépris et sa haine dans son regard. Aucune importance, je suis parfaitement habitué à cela.

“Alors, quelle est votre décision ?
- Impossible. Il est prévu que je reste sur Jarnac jusqu'à l'arrivée de nos forces. Je n'ai pas de vaisseau.
- Nous nous en procurerons un. Allons, ne traînons pas.”

Il opine du chef. Mais cela semble lui coûter. Il faudra se méfier de lui. Certains gammas ont développé des capacités, comment dire... inhumaines. D'où l'opinion que Kysarzo a d'eux. De toutes façon, je n'ai pas trop le choix. Et puis, je dispose d'une splendide protectrice. Celle-ci prend d'ailleurs la parole :

“J'ai eu accès via la logosphère à l'ordinateur central du spatioport. Il y a un bon nombre de vaisseaux dans les hangars et, vu la confusion, on devrait pouvoir en trouver un. J'ai téléchargé les plans. C'est par là.
- Je vous suis. Mais restez vigilante vis-à-vis de notre nouveau compagnon. Je crains que son idéalisme le pousse à accomplir à tout prix sa mission antérieure.”

May acquiesce et ouvre la marche tout en tenant discrètement mais fermement le gamma par le bras. La moindre tentative de sa part se solderait par sa mort immédiate, ce que je ne souhaite surtout pas.
Nous enfilons plusieurs couloirs quasiment déserts. L'androïde doit parfois se connecter à des terminaux pour forcer l'ouverture des portes. Nous parvenons dans un hangar où un vaisseau semble nous attendre. Il a l'apparence d'un petit cargo, mais aussi un je-ne-sais-quoi de menaçant. La porte arrière est déjà ouverte. Nous y entrons avec précaution. Deux voix se font entendre. Si l'une est vraisemblablement humaine, l'autre ressemble plutôt à un grondement bas et caverneux.

“ On est baisé, gronde la basse. On a bien un vaisseau mais aucun décollage n'est autorisé depuis l'attaque. Le système entier est sous la loi martiale.
- Si ce que tu me dis sur Bdzeroig est vrai, il faudra bien qu'on se tire ! Ton contact syndical ne peut pas arranger l'affaire ?
- Non, reprend le grondement. Il faut des codes pour obtenir l'autorisation de décoller. Seule une huile de l'adminsitration doit les avoir. Peut-être même uniquement le consul.

Je choisi d'intervenir. Un nouveau coup de poker en quelques minutes, cela devient une habitude. C'est peut-être risqué. Si ces deux-là sembelent très désireux, tout comme nous, de s'enfuir de Jarnac, ils n'ont pas l'air commodes : un humain au style militaire, très Space Marine, et un Bosath. Il va falloir jouer serré.

“Comme le hasard fait bien les choses ! Vous avez besoin du consul ? Le voilà. Et je pense avoir les codes qu'il vous faut.”
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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel

Heurté ! Nous avons été heurté ! C'est vraiment ma veine ! Ordre d'évacuer le cargo. Ben tiens. Cela faisait à peine 2mn que j'étais sorti, en attendant que l'on nous dise ce qu'il en était, qu'un humain se dirigeait vers moi.

- Zyrkk ?
- Peut-être, qu'est ce que tu lui veux à Zyrkk ? – bon, OK, des Bosoth il n'y en a pas des tonnes sur Jarnac ou dans le système Kochab.
- J'ai une offre à lui faire
- Une offre ?
- Affirmatif.

Affirmatif ... son port de tête, sa raideur dans la nuque, les bras légèrement écartés du corps. Un Space Marine. Ou un ancien Space Marine. J'ai jamais pu supporter ces mecs la. Persuadés qu'ils sont les meilleurs des meilleurs. Tu parles oui ! Les plus tarés des tarés ! Prenez un humain assez costaud pour endurer les modifications génétiques, assez tarées pour accepter le lavage de cerveau et totalement sans espoir pour s'enfiler les neurodrogues et vous avez ces Spaces Marines. Et en plus, les centres de « mise en conditions » les défoncent tellement qu'ils sont persuadés que tout est naturel. Ben tiens. Alors que chargez un fauve galactique avec ces drogues et vous avez une traque à faire bander le plus blasé des chasseurs ...

Une offre ? Pour quoi ? Et de combien
50 000 gils pour me dire où se trouve une personne ...
Vendu ! – 50 000 gils ! Avec ce que j'ai déjà de coté, c'est une villa sur une planète secondaire et à moi la belle vie.

10 minutes plus tard, nous étions sur le chemin des hangars pour les cargos intra-systemes. Il cherchait Akasha. C'est leur problème. J'avais un vague idée de où trouver cette tête de calamar. Rien a lui reprocher. Mais pour 50 000, j'étais prêt à vendre mon âme une seconde fois ! D'abord il va falloir quitter le système. Et il n'y a pas 36 solutions. Il allait falloir aller sur Solutris. Solutris. La 2nd planète de Kochab. Un vaste marché où l'on trouve tout ce qui provient de la fédé, des zones hors contrôle, des nomades ... Ajoutez-y des bordels pour toutes races, des hôtes de ultra luxe, des casinos .... Le gouvernement laisse faire, tant que cela rapporte aux caisses du système. De là, on devrait pourvoir trouver un transport pour le 1er Astroport hors système. Puis allez chez le poulpi-médic.

Trouver un vaisseau ne fut pas bien difficile. L'ouvrir non plus, vu le foutoir qui semblait avoir lieu dehors. Par contre pour décoller, c'est une autre paire de manches. Ouiap, pour décoller, il faut des codes d'autorisation.

“Comme le hasard fait bien les choses ! Vous avez besoin du consul ? Le voilà. Et je pense avoir les codes qu'il vous faut.”

Je me retourne et vois arriver d'un pas rapide trois humains : deux mâles, dont un habillé en tenu d'apparat de fonctionnaire classe A+, un autre semblant sortir de son lit et une femelle.

Le consul ? bien sur. Et moi je suis le fils caché de Burowsky !
Marrant, il n'a pas l'air d'apprécier.

« Consul Semak Geol, ordre de transfert 452 T 4b, demande autorisation de décollage prioritaire pour – il se tourne vers la femelle qui a pris place au siège de co-pilotage et répète ce qu'elle lui dit – cargo 6426 BG6 K »

La voix synthétique en retour fut TRES rapide :
Code consulaire vérifié
Analyse vocale confirmée
Autorisation accordée

Arraxas commençait les préparatifs de vol tandis que se présentaient la fille – May – et l'autre humain – Roland –
Ha ben merde ... Mes respects m'sieur consul ...
Vous pouvez nous faire partir d'ici ?
Bien sur, c'est notre chemin !
Vous allez où ?
Sur Solutris
Solutris ? Mais heu ... on préférerait éviter les autorités
Ne t'en fais pas Roland, là où l'on va, y'a pas d'autorité, si ce n'est elle ... dis-je en faisant sauter le fusio-plombs pour sortir ma vieille Cecilia.

Mais qu'est ce que c'est que ce truc ? Arraxas se retourna, les yeux exorbités. May aussi. Mais vite, trop vite ... elle n'était pas humaine. Méfiance.

Ho, juste un fusil à Ion. Elle degomme un Trys à 1000 mètres sans un trou dans la fourrure
Oui mais ... je n'en n'ai jamais vu ce pareil
Normal, faut trois bras pour l'utiliser correctement !
Ce n'est peut être pas très discret..
T'en fais pas Roro, ça, ça l'est dis-je en équipant mes quatre mains de Karatapoignes NT6 et en activant leur fonction holographique

Mon rire se perdit dans les vrombissements du décollage.
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Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges

Je me tiens au poste de pilotage en compagnie d'Arraxas. Il croit m'en mettre plein la vue en m'expliquant que ses implants neuronaux lui permettent d'interfacer en direct le système de navigation du Cargo. Je me prends à me demander lequel de nous deux est finalement le plus humain. Reste que bien que je discerne quelque chose d'anormal dans son attitude et dans le fait qu'il accepte aussi facilement de nous suive, je ne peux pour l'instant pas déterminer où se situe le problème.
Le reste de l'équipage improvisé se trouve derrière nous. Je décide d'être plus prudente avec le Bosoth, on oublie souvent qu'au-delà de leur masse musculaire impressionnante ils ont aussi un cerveau et à sa façon de me regarder tout à l'heure, je me demande s'il ne m'a pas démasquée. Mais après tout quelle importance? L'analyse de la situation prête à croire que nous serons amenés à faire équipe ensemble un bon bout de temps et qu'il pourrait nous être précieux. Et il sera toujours temps de l'éliminer en temps voulu s'il en sait trop à mon sujet.

La conversation va bon train entre Roland Biusfa et mon client. J'active mon amplificateur auditif.

- ... Mais je ne suis toujours pas convaincu. Je me méfie de vos entourloupes Geol.
- Quel intérêt aurais-je à vous mentir ? Un simple mouvement de cil de ma part et mon *assistante* vous tuait tout à l'heure. Si je vous ai gardé en vie, c'est que j'ai besoin de vous.
- Soit. Qu'attendez vous de moi alors ?
- De vous ? Rien en particulier sinon que vous me meniez à vos supérieurs. Vous savez nous ne sommes pas différents dans le fond. Nous tentons tous deux de faire notre place au soleil dans l'obscurité de cette sinistre galaxie. Aujourd'hui le sort a bien fait les choses et nous a réuni dans un intérêt commun. La rébellion, pardon, le peuple des exclus a gagné un allié de choix qui connaît mieux votre ennemi que quiconque. Et vous faites la fine bouche ? Allons...

Le Bosoth intervient.
- Je voudrais pas paraître rabat joie en interrompant votre plan de carrière mais un détail me chiffonne. Vous n'auriez pas utilisé votre code personnel pour quitter la station à tout hasard?
- Bonne remarque mon cher Zyrkk. Mais je veux que Kysarzo me sache en vie. Il me traquera, certes, mais ça lui fera commettre une erreur à un moment où l'autre et nous en profiterons.
- Nous ?
- Oui, « nous » bien sûr, le peuple des exclus !

Bien que pour un humain il semble incroyablement doué dans l'art de masquer ses émotions, je sens une lueur meurtrière dans l'œil de Roland. Je prends la parole pour rompre le silence gênant qui s'installe :
- Code ou non, Mr Geol a été repéré par les caméras des quais de la station et sera bientôt traqué. Dans tous les cas, l'information mettra 5h minimum pour atteindre le système central en communication galactique. Le temps qu'elle soit analysée, qu'une décision soit prise et qu'elle soit transmise, cela nous laisse un peu d'avance. Par contre il faudra se séparer de ce cargo avant notre arrivée sur Solutris si nous voulons qu'ils perdent notre trace. Je vous invite à rejoindre les capsules d'évacuation, nous allons arriver sur la planète des vices par la petite porte...

Le cargo arrive à hauteur de la ceinture d'astéroïdes de Solutris. Après qu'Arraxas ait programmé le pilotage automatique sur la 3e lune de Banis, l'équipage au complet rejoint une capsule et j'active le mécanisme d'évacuation d'urgence. L'accélération nous écrase contre nos sièges mais ce n'est rien à côté du choc subit lors de l'entrée dans l'atmosphère de Solutris. Nous passons quelques minutes difficiles avant que les rétrofusées ne s'activent enfin et que notre vitesse diminue. L'atterrissage est lourd mais réussi. Nous sortons groggy de la capsule. Notre entrée dans l'atmosphère n'est sans doute pas passée inaperçue mais dans ce haut lieu de contrebande personne ne fera rapidement le rapprochement entre un signal inconnu et notre fuite de Jarnac.

Nous frayons notre chemin de longues heures durant à travers la végétation dense et luxuriante sous la conduite de Zyrkk jusqu'à apercevoir enfin les lumières d'une ville.

- Entrer par les bas fonds n'est pas recommandé en temps normal mais comme à ma connaissance personne ne sait voler, il va bien falloir commencer par là, s'exclame Zyrkk.

Après quelques minutes, nous nous tenons au milieu des eaux répugnantes d'un égout. Loin au dessus de nous s'élèvent tours gigantesques, plateformes suspendues et enseignes lumineuses de toutes sortes. Mais tout autour ce n'est que crasse, murs lépreux et brumes acides d'où s'élève soudain une voix.

« Regardez moi ça, 4 gugusses sortis de nulle part et un sale Bosoth sur notre territoire ! »
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Now that we've fattened the cow and set out to plow unknown enemies - "Wow!" Shouts the startled crowd "Oh no did you see what I did see?" - The ravaged cabbage drifts on dark red skies - And it looks so nice

Vainqueur BB1, BB3, BB5 et BB6

Nous nous retournons d'un coup, tous ensemble, comme dans un magnifique ballet. Instinctivement, je porte ma main à la ceinture prêt à recevoir l'arme s'éjectant de son étui mécanique, puis je me ravise très vite. D'une part, parce que je me rappelle que je ne suis pas seul, comme j'ai l'habitude, et donc quelqu'un pouvait être blessé. D'autre part, l'arme qui est pointé sur nous est tout, sauf rigolote. C'est un zodiaque, une arme capable de tuer tout être vivant dans un rayon de 300 mètres devant elle, sans détruire le décor. Et nous le savons tous, c'est pour ça que nous ne bougons plus.

Nos gestionnaires de territoire, au nombre de 10 environ, sont des Imparfaits : leurs corps horriblement déformés, leurs capacités cybernétiques pas totalement maîtrisées, tout ceci étant le résultat de fusions ratées entre l'homme et la machine. L'UHG avait fini par les abandonner dans ces souterrains, autant pour cacher cette laideur, que pour ne pas à fournir d'explications embarrassantes. Mais leur instinct de survie était tel qu'ils s'étaient finalement organisés en une vaste bande. Ce dernier détail souligna qu'il allait être difficile de négocier avec eux.

Je remarque que les autres Imparfaits n'ont pas pris la peine de dégainer leurs armes, comptant seulement sur le zodiaque. Si ça devait tourner mal, ça peut avoir son importance. Semak décide de prendre la parole :
- Bon, dites-nous combien vous voulez et on arrivera sûrement à s'arranger. Evitons que tout le monde perde son temps.
- Absolument !! aboye le chef zodiaque. Donnez-nous tout, car Notre temps est précieux.
- Même les armes ? demande presque timidement Semak
- Oui ! Tout !
- C'est cela repris Zyrkk. Pour qu'on se fasse tirer dessus comme des cibles. Pas question !
Chef zodiaque le regarde avec un mélange de colère et de mépris. Son doigt se crispe sur la détente. Il va tirer, c'est sûr !...

Quand tout à coup, May se met à gémir. Mais pas d'un gémissement de douleur, cela ressemble plus à celui du plaisir, et qui monte petit à petit d'intensité.
- Qu'est-ce qu'elle fout cette conne ??!! questionne l'Imparfait.
- Je ne sais pas réponds Semak. Ses circuits sensitifs ont du se détraquer.
May continue, de plus en plus fort. Elle en arrive à un tel point qu'elle en dit des obscénités sexuelles.
Tout le monde oublie tout le monde, les yeux rivés sur ce corps agenouillé qui se caresse partout. C'est le moment ! Je dégaine mon bolter, tire sur le bras du porteur de l'arme pour qu'il lache son foutu zodiaque, cours vers lui, et enfin fout violemment mon flingue dans sa bouche.
- Personne ne bouge !! Personne !! hurlai-je. Ou alors sa tête rejoins le mur.
Les compagnons de Mr. Zodiaque n'ont pas osé prendre leurs armes, et tout le monde a changé de spectacle.

Zyrkk confisque l'arme lourde et May se relève, comme si de rien n'était. Nous ne pouvons nous empêcher de croiser nos regards. Elle est plus qu'une simple prostituée, et elle sait que je doute d'elle. Comme je sais qu'elle se questionne sur moi. Les 3 secondes passées à nous regarder, je reviens vers mon otage :
- Ecoute, je vous laisse tous partir si vous nous dites comment sortir de la surface, loin des autorités.
- Tu n'oseras pas salir ton honneur en tirant sur un homme désarmé, Space Marine fait remarquer l'un d'eux.
Je sort mon arme de sa bouche et lui lâche une rafale de bolter. Il tombe, troué d'une vingtaine de balles.
- Ex Space Marine...Je menace maintenant celui qui avait causé la mort de son collègue.
- Vous y passerez tous si tu continues à faire le malin. Alors ?
Il sait qu'il n'a pas le choix et se décide à nous indiquer un chemin. Mais la prudence me lui fait demander que pour la peine, il nous accompagnera. Seul. Après un quart d'heure environ, nous arrivons sous une ouverture assez large qui montre que c'est l'aube et que tout est calme. Zyrkk maintient fermement notre guide pendant que je sors prudemment la tête pour observer le dehors qui représente une large route déserte, sans aucune habitation ou quoi que ce soit. Ca doit être vraisemblablement juste à la sortie de la ville. Je re-descends, rassure mes accompagnateurs, et assomme l'Imparfait pour nous laisser le temps d'évacuer les lieux.

May et moi décidons d'atteindre les portes de la ville en éclaireur. Tous les 2 sommes certainement les plus discrets du groupe. Arrivés à destination, et en jetant un œil examinateur, je remarque que la ville s'éveille doucement, et surtout qu'il y a un autre disruptor. Ou plutôt UNE disruptor. Avec cette taille élancée, ces formes discrètes, mais malgré tout pulpeuses, sous cette éternelle armure de titane organique rouge... Pas de doute, c'est elle : Red Shadow. Je me tourne vers la droide :
- Merde ! Faut vite rejoindre les autres.
- Déjà là ?! s'étonne Roland à notre retour dans les égouts.
- Oui, on a un souci. On a un disruptor à nos trousses.
- Comment le sais-tu ??
- Je la connais. Elle s'appelle Red Shadow, et c'est une vraie pro. Sa présence ici coïncidant avec la notre ne peut pas être le fruit du hasard.
- Qui vous dit qu'elle n'est pas ici pour une autre mission ? demande à son tour Semak.
- Si c'était le cas, on aurait pas pris la peine d'envoyer quelqu'un de la trempe de cette femme. Ce n'est que de la basse racaille ici, un disruptor moyen aurait largement suffit.

Pendant cette conversation interrogative, ou les Imparfaits peuvent débouler à tout moment derrière nous, et que devant une disruptor est peut-être à notre recherche, un grand bruit sourd se fait entendre au-dessus de nos têtes...
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Alors qu'est-ce qu'on fait ? On continue dans la grâce ?

TSHAW.

Une déflagration au-dessus de nos têtes, puis une autre et encore une autre. Le toit de l'égout s'effondre à quelques mètres de nous. Il y a beaucoup de poussières et de gravats. Il faudrait détaler avant que ça ne nous tombe dessus. Le premier à réagir est le space marine :
- Pas question de rester piégés ici comme des rats. On sort !
- Mais est ce que nous ne serions pas plus a l'abri ici dans ces égouts souterrains suggèrent Geol ?
- A l'air libre nous aurons au moins l'avantage de savoir qui nous tire dessus et avec quoi.
- Entièrement d'accord le soutient le Bosoth, surtout que Cecilia est beaucoup plus efficace en plein air...
Je n'ai aucune objection. De toute façon, je suis Geol à la trace, ce fils de p... ne m'échappera pas. Oser se réclamer du Peuple des Exclus, j'ai failli le tuer sur place. Surtout ne pas oublier que mon objectif est maintenant de le protéger. Il pourrait peut-être être utile au Peuple des Exclus dans sa Juste Lutte. Le tuer n'était peut-être pas une bonne idée. Néanmoins ça reste une option et qui en plus me ferait plaisir.
Nous émergeons à la surface au moment où le bombardement semble s'arrêter. Car il s'agit bien d'un bombardement en règle, un bombardement aérien.
- Des navettes de bombardement automatique nous dit Arraxas. Elles préparent un débarquement de troupe. Ça va carrément grouiller de soldats dans quelque temps par ici. Et en plus ce seront des troupes de l'UHG aux vues des logos peints sur les coques.
- A quoi ça rime tout ça demande le Bosoth ? Qu'est ce que l'UHG a a foutre d'une planète de contrebandier ? À moins que...dit il en se retournant vers Geol
Geol a pali, il a rapidement compris lui aussi.
- Il semblerait que votre ami Kyrsazo est deviné vos intentions Geol, dis-je. Et il semblerait qu'il ne soit pas d'accord. Fonçons vers la ville pour trouver mes contacts avec la Troisième Rébellion. Ils pourront nous évacuer.
- Et l'autre disruptor ?
- Elle n'est pas immortelle et a dû se planquer du bombardement elle aussi, c'est le bon moment pour y aller.
Je me mets à courir vers la ville en espérant que les autres suivent le mouvement. Ce qu'ils finissent par faire.
Les faubourgs de la ville sont crasseux et pleins d'entrepôts vides. La population s'il y en a se terre.
- Vous avez vu les nouvelles navettes, dis le space marine, ce sont des cargos de débarquement ! Elles sont pleines de mecs comme moi, en moins bien bien sur. Exosquelette, armure de titane, déflagrateur de poing, totalement shooté avec la pharmacopée de base. Autant prendre les ruelles que les avenues maintenant.
C'est au bout d'une de ces ruelles entre deux entrepôts miteux qu'elle est apparue.
- Disruptor ! hurle Arraxas qui menait la marche tout en plongeant sur sa droite à travers une fenêtre.
Zyrkk le suit dans le même mouvement en ouvrant le feu de son fusil à ion.
May entraîne Geol sur la gauche et nous retrouvons tous les trois dans une pièce qui semble être l'arrière-boutique d'un magasin. Des cartons eventres traînent partout. May observe par une fenêtre les échanges de salves ioniques entre Zyrkk et Arraxas d'un côté et l'autre disruptor de l'autre.
C'est le moment que je choisis pour me débarrasser de May. Elle me tourne le dos, Semak à ses cotes. Je fais appel à mes années d'entraînement pour focaliser toute ma force et ma volonté en un seul endroit de mon être, mon poing. Le coup part et ne rencontre que la fenêtre qu'il défonce entièrement. À la limite de ma vision périphérique apparaît le tranchant d'une main que j'évite de justesse en faisant un salto arrière. C'est May qui après avoir glissé pour éviter mon poing contre-attaque immédiatement à une vitesse inimaginable. Ainsi commence notre Danse de la Mort. Esquive, feinte, glissade, je dois déployer tous mes talents, toutes les techniques enseignées par mon Maître pour seulement rester en vie. Impossible de prendre le dessus, chaque partie du corps de cette fille est une arme mortelle. Le pouce de son pied passe à un millimètre de ma tempe. Il aurait pu la perforer. Je commence à fatiguer et la peur s'insinue en moi. Je lutte contre elle en récitant intérieurement la litanie contre la peur, la petite mort. Ça me calme immédiatement et je peux faire face à May de nouveau d'autant que ses coups ralentissent. Nous nous observons, deux animaux aux aguets guettant le moindre frémissement de l'autre. Soudain ces doigts se mettent à remuer frénétiquement, du shakobsa, le langage de chasse des Hommes Libres. Seuls les meilleurs des élèves de mon Maître le connaissent. Un échange silencieux commence entre nous. Je lui demande :
- Comment connais-tu ce langage ?
- Je parle la plupart des langues et idiomes connus à ce jour, y compris les langages gestuels.
- Je croyais que mon Maître avait inventé ce langage pour les besoins de la Cause.
- Ton maître devait descendre du peuple des Hommes Libres depuis longtemps disparus de la Terre.
- Que me veux-tu ?
- Tu te défends pas mal pour un humain. C'est même remarquable pour quelqu'un qui n'est pas amélioré.
- Merci du compliment mais répond plutôt à ma question que me veux-tu ?
- Cessons ce combat ridicule. Je ne pense pas que tu puisses me toucher...
- Ça reste à voir...
- ... et je n'ai pas intérêt à ta mort surtout depuis que je connais ta valeur au combat rapproché. Décidons d'une trêve au moins en attendant de sortir de cette souricière.
- Soit mais on ne sait toujours pas qui a gagné entre nous deux, il faudra reprendre ce combat en temps voulu.
- Si ça peut te faire plaisir dit elle a voix haute.
Notre conversation n'a duré que quelques secondes et Semak nous regarde bizarrement.
Zyrkk et Arraxas déboule dans notre piece.
- La disruptor se débine et on ferait mieux d'en faire autant les soldats de l'UHG ont atterri et ils sont au bout de la ruelle.

La situation se complique. Comment l'UHG a-t-elle fait pour retrouver ma trace aussi rapidement ? Certes, je ne m'attendais pas à ce que ma fuite demeure inconnue, mais ces retrouvailles sont bien trop précoces. Il y a quelque chose de louche là-dessous.

Pour le moment, je n'ai pas vraiment le temps de penser à tout cela. Nous progressons rapidement dans les ruelles, Arraxas en éclaireur, puis May, puis moi, puis Roland, Zyrkk fermant la marche en surveillant nos arrières, histoire que les Space Marines ne nous tombent pas dessus par surprise. Des bruits de combats emplissent l'air derrière nous. Quelqu'un a lancé une contre-attaque et les Marines refluent. Pas pour longtemps. le bombardement reprend aussitôt. Nous progressons par petites courses rapides, en nous abritant derrière des tas de gravats. Nous empruntons un égoût sur une centaines de mètres. Nous refaisons surface dans un quartier apparemment intact. Les combats n'ont pas atteint cette partie de la ville. Visiblement, les troupes de l'UHG sont tombées sur forte partie. Les rebelles ? Cela veut dire qu'ils auraient pu concentrer des forces dans le plus grand secret. Or, le Système de Kochab, bien que périphérique, était encore entièrement sous le contrôle de l'UHG...

Nous nous enfonçons dans les rues sordides serpentant aux pieds d'immenses tours. Curieuse impression de se promener à la frontière entre l'enfer de destruction derrière nous et une zone de calme absolu devant. Je me tourne vers Roland :
“Où sont vos contacts de la Rebellion ?
- Plus loin. Dans le quartier de Casablanca. Au Rick's Café.
- Combien de temps nous faudra-t-il pour y arriver ?
- Quelques heures à ce rythme... Mais ça semble plus calme devant. On devrait pouvoir accélérer.”

Effectivement, nous nous regroupons bientôt. La ruelle s'élargit et devient une vaste avenue. Le traffic des glisseurs est arrêté mais pas mal de gens circulent dans une sérénité étonnante, la plupart sont des humains mais je distingue aussi des Strouls d'Epsilon Eridani, humanoïdes rougeâtres ches qui tout semble être triple – yeux, bras, jambes et, paraît-il, sexes -, des Wuccab de Spitzberg – mais comment supportent-ils le climat chaud de Solutris avec leur fourrure grisâtre. J'ai même vu deux Eschhs. Méfiance avec ceux-là.
“ Mais qu'est-ce qu'ils foutent ? s'exclame Zyrkk. Ils ne sont pas au courant que ça bastonne pas loin ?
- Vous n'avez rien remarqué, bien sûr, dit Arraxas. Nous avons franchit un champ de confinement de niveau 20, à environ cent mètres d'ici. Rien ne peut le franchir. Pour arriver ici, il faudrait que les Marines puissent le désactiver de l'intérieur... ou alors qu'ils décident de scorifier tout un hémisphère.
- Et comment avons nous fait pour passer ?
- Je dirais pluôt, Consul, qui nous a laissé passer ? J'ai à peine senti le grésillement de l'air caractéristique d'un champ. May m'a rejoint, elle a juste eu le temps d'analyser le phénomène et pschiiiittt... La zone devant nous s'est désactivée.
- Mais, bordel, d'où sort ce champ ? Aboie le Bosoth. Que je sache, les générateurs de champ de niveau supérieur à 10 sont considérés comme des équipements militaires et coûtent une fortune. Seuls les bases de l'UHG et quelques bâtiments gouvernementaux en sont équipés.
- Je confirme. Pour vous faire une idée, le palais consulaire de Jarnac ne dispose que d'un champ de classe 15. Ceux qui ont installé ce truc sont vraisemblablement les mêmes qui contrôlent les troupes affrontant actuellement les Space Marines. Et qui les ont visiblement repoussés. Quant à savoir qui ils sont... C'est un mystère.”
Je me tourne vers Roland :
“Des rebelles, peut-être.
- Non, répond-il. Nous n'avons que quelques agents ici. Je n'en sais pas plus que vous. Quoi qu'il en soit, nous devons atteindre le Rick's Café. Mes contacts en sauront certainement plus.”

Le gamma paraît être sincère. Mes informations étaient correctes. Les rebelles n'ont pas de base ici. Mais alors, qui ?
Plus nous avançons, plus la situation semble étrangement normale. Les transports sont même rétablis. Je propose l'air soudain guilleret :
“Et si nous y allions en taxi ?”
Avant que mes compagnons n'aient pu répondre, je me dirige vers les taxis-glisseurs rangés le long de l'avenue. Le premier comporte trois places de format huamin maximum, excatement ce qu'il me faut.
“Arraxas, Roland et May, prenez donc le premier. Je ferai le voyage dans le suivant avec Zyrrk. Je ne vais quand même pas le laisser seul.”

J'invite aussitôt le Bosoth à s'installer et je grimpe tant bien que mal à côté de lui. Je vois bien que, tout en montant dans l'autre glisseur, Roland et May me lancent un regard agacé. Je crois que mon intuition ne m'a pas fait défaut. Il se trame quelque chose entre ces deux-là depuis leur affrontement bizarre et assez effrayant. Leurs capacités m'ont stupéfait. Et puis, que signifiait leur brusque et rapide échange de signes manuels ? Un code, très certainement. Seraient-ils liés ? Voire de mèche ?
Il faut que j'assure mes arrières si jamais la Mantis se retourne contre moi. J'avais le choix entre le militaire et le Bosoth. Je n'ai jamais apprécié les soldats. Trop obtus. Arraxas a beau être un EX-marine, il ne m'apparaît pas comme un homme capable d'apprécier mes méthodes. Il n'y a rein qu'à voir comme il s'est impliqué dans le groupe. Je m'attends toujours à le voir clamer Semper Fi chaque fois qu'il ouvre la bouche. En revanche, Zyrrk me semble être une parfaite ordure. Splendide, tout comme moi.

“Au Rick's Café”, dis-je tout haut pour être entendu su sysème de commande vocal.
“Alors, Zyrrk. Parlez-moi un peu de vous. Quels sont vos projets ?
- Vous croyez que c'est le moment de causer avenir ? s'étonne le Bosoth.
- Plus que jamais. Vous ne me paraîssez pas du genre à vous engager dans des causes perdues. Vous savez tirer votre épingle du jeu. Tout comme moi.
- On dirait que vous avez une proposition à me faire...
- Exactement. Une proposition pour l'avenir. Fort intéressante. Mais, bien sûr, il faut que nous nous sortions de ce coin. Ce dont je ne doute pas."
Zyrrk émet un grondement sourd qui me semble à mi-chemin entre le rire et l'approbation. C'est un bon début.

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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel

Une proposition ? J'espère qu'elle n'est pas sexuelle, tu n'es pas du tout mon genre, consul !
Non, c'est quelque chose de nettement plus excitant ... à base de 6 chiffres.
Ha là vous m'intéressez Geol.
Et bien disons que pour l'instant nous sommes tous dans la même galère. Mais il faudra bien se séparer discrètement à un moment ou un autre. Et c'est la que j'aurais besoin de vous et de vos contact. Et une chose m'échappe également : pourquoi l'UHG déverse des flots de troupes d'assaut d'élite et attaque une planète riche, lui appartenant et ... si rapidement après mon arrivée. Non, il y a autre chose. Ce n'est pas moi qu'ils cherchent. Cette planète est un lieu de débauche pour tout ce secteur galactique. Il y a autre chose.
Et bien on verra cela plus tard consul. Nous voici arrivé !
Bien entendu notre petit arrangement doit rester secret ...
Bien entendu !

Le Rick' Café s'avère être une sorte de temple Melmakien. Affreusement kitch, trop bas de plafond pour moi et plein à craquer. Nous nous frayons tant bien que mal un passage vers une table libre.

Voila, je pense que mon contact devrait arriver dans l'heure qui vient.
Bon, Roland, c'est quoi ce bordel ? Qu'est ce qui se passe sur cette planète ?
A vrai dire, je n'en sais rien ! Il y a un vice gouverneur en charge de représenter l'UHG. Il est totalement corrompu, veule et secret mais envoie tous les ans toujours plus d'argent. Donc on le laisse tranquille. Il fait fructifier les affaires quoi
Et il les fait bien fructifier ! Un champ de confinement classe 20 et installé en secret ! C'est colossal !
Oui Arraxas c'est énorme. Mais cela peut expliquer la réussite de l'endroit ! Et comme l'argent rentre, les seuls officiels qui viennent ici vont directement vers les lieux de plaisir sans même voir le bouclier.
Cela n'explique pas les troupes d'assaut, la disruptor et qui nous a ouvert !

C'est moi messieurs.

Un Kenku, sorte d'homme oiseau (je ne vois pas d'autre terme) se tenait devant nous.

Et vous êtes ?
Jek, directeur de cabinet du gouverneur.
Je failli m'étouffer en recrachant l'orchat que j'avais commandé.
Attendez là, expliquez nous
Ho c'est simple. J'ai du temps libre, des autorisations de niveau Omega et, grâce a certaines taxes, énormément d'argent. C'est fou ce que l'on peut découvrir. Surtout dans les dossiers administratifs, n'est-ce pas Mr Biusfa. Apres, quand on se tient au courant de pas mal de choses, il était logique de savoir où Mr Geol, s'il survivait, tenterait de se rendre. Restait à savoir avec qui. Je suis désolé sur mes « associé » d'un jour aient été maladroit .... On ne peut pas faire confiance à ces gens là
QUOI !
Et bien oui, ne faites pas l'étonné Monsieur l'Ex-Space marine. Pour vous amener a moi, j'avais pensé aux créatures vivantes dans la zone extérieure, les Imparfaits. Mais ils ne sont pas fiables. Enfin, ceux que j'avais engagés ont dut être doublés. Ou trop lent. Mais après tout cela, avec les bons traqueurs senseurs il a été facile de deviner où vous arriveriez et de faire désactiver le champs de confinement le temps que vous entriez ...

Mais pour le reste, ce débarquement ?
Ha oui, dommageable. Mais cela ne fera baisser la recette annuelle que de 0,67%.
PARDON ?
Oui, il s'agit en fait d'une attaque menée sur ordre du vice gouverneur contre une communauté de la Triple Entente Monothéiste. Mais c'était prévu pour dans une semaine. Le commandant de la Légion « Ordre et Justice » a du avancer pour je ne sais quelle raison son attaque. Cela dit, ces gens voulaient monter un parti politique aux élections et renverser le gouverneur. Ce n'est pas comme cela que l'on fait tourner l'économie ! Remarquez, les troupes de l'UHG étant sur place et vous aussi, vous avez encore plus de bénéfice à tirer en passant par moi !
Oui et bien nous verrons, nous avons à faire et ..
Je sais Mr Roland. Et votre « contact » ne viendra pas. Je le remplace. D'ailleurs pour vous prouver ma bonne foi, je vais vous annoncer que la Disrutpor est ici pour le vice gouverneur. Une fois celui-ci éliminé, et moi qui suis pour l'instant n°2 sur cette planète avant d'en devenir le n°1, je pense que la Rébellion y trouvera son compte.
Pour l'instant, hélas, il va falloir distraire les Spaces Marines qui vont sûrement avoir l'intelligence en fin de compte de penser que vous avez survécu et que vous êtes ici. Et je me vois mal m'opposer à leur entrée dans cette partie de la ville. Pour répondre honnêtement à leurs questions, il faudrait que vous partiez vite d'ici et sans que je sache exactement où. Etant donné l'espérance de vie du gouverneur, il ne verra pas d'inconvénient à ce que vous preniez son yacht spatial personnel. Ne vous ne faîtes pas, j'arrange tout.

Vous permettez quelques instants ?
Faites

Il se lève et nous laisse entre nous
Alors ?
Alors je dis bingo ! Cet homme est encore plus sournois que tout le sénat réuni et après ce qu'il nous a dit, il a besoin de « référence » par Roland pour garder sa place. Il n'a donc pas d'intérêt à nous éliminer et doit être bien plus gêner qu'il le dit par la présence de la Légion. Donc je dis bingo
OK Zyrrk, et pour les autres ?
Le tour de table fut rapide : nous avions tous besoin de sortir d'ici. Moi le premier si l'association de Geol était bien ce qu'il promettait.

20 minutes plus tard, nous étions dans un navire grand luxe, équipé de tous les brouilleurs, triche lumière et champs de force que la technologie et le marché noir pouvaient offrir.
La vache ! Encore mieux que mon Flying-V ! Celui-là, je me le garde après le voyage !
Au revoir messieurs et n'oubliez pas Mr Biusfa de transmettre ma position à vos amis. Une sécession en bonne et due forme lors de votre expansion. Et une base arrière tellement plus favorable qu'elle ne l'était.

Le vaisseau quitte l'atmosphère de la planète sans soucis, nous voyons au loin les navettes de débarquement des Spaces Marines finir de vomir leurs troupes de combat et nous nous préparons un saut vers une zone plus tranquille.

Champagne ! Nous dit Geol en découvrant la réserve d'alcool du gouverneur. Oui, il n'avait pas tord ! Là c'était du grand, du très grand. Seul May, aux commandes du vaisseau, ne trinque pas avec nous.

Elle arrive quelques minutes après : Le saut est presque prêt, il est temps, la fréquence codée de troupes de l'UHG vient de recevoir l'ordre de fouiller le secteur afin de voir si un navire dont le code était celui de notre cargo n'est pas dans le secteur.

Nous étions tirés d'affaire quand le saut quantique eut lieu.
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Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges

J'appelle l'équipage en urgence dans la cabine de pilotage. Quelque chose d'anormal s'est produit. Roland arrive le premier.

- Que ce passe t-il May ?
- Une erreur sur les coordonnées. Nous ne sommes pas du tout où nous devrions être.
- Où sommes nous alors ?
- Pour faire simple, au milieu de nulle part. En plein no man's land spatial. J'attends que le système me fournisse des coordonnées plus précises mais nous sommes à quelques années lumières du système le plus proche. C'est comme si notre saut s'était achevé à mi-chemin...

Un événement tout aussi étrange m'interrompt. Un panneau pivote et laisse apparaître un projecteur holographique. Une image se forme progressivement, celle d'un homme d'une quarantaine d'année élégamment vêtu et au visage digne.

- Pardonnez la frayeur que je viens sans doute de vous causer et n'ayez crainte. Le système de navigation a été reprogrammé pour s'arrêter en ce lieu le temps de vous transmettre ce message mais votre voyage pourra reprendre normalement ensuite. J'admets que la méthode est peu orthodoxe mais par les temps qui courent il est difficile de communiquer sans risquer la présence d'oreilles indiscrètes. Si vous êtes ici c'est que vous avez décidé de faire confiance à Jek malgré son côté grandiloquant, mais il n'est pas un Kenku pour rien et c'est un bon élément.

L'homme sourit aimablement.

- Laissez moi me présenter, mon nom est Mot Negah. Je suis le conseiller d'un homme de grande influence. Le nom de mon employeur n'a pas besoin d'être connu mais sachez qu'il contrôle le jeu, les femmes, la contrebande et tout un panel d'activités lucratives à travers une bonne partie de la galaxie. C'est un homme d'affaires voyez vous et savez vous ce qui est le plus mauvais pour les affaires ?

L'homme marque une courte pause donnant l'impression qu'il est possible de lui répondre.

- Le sang. Le sang coûte très cher et ne rapporte rien. Et beaucoup de sang risque de couler d'ici peu de temps si les choses restent en l'état. Kysarzo a présenté l'attaque du Titanesque comme la plus intolérable des infamies et a utilisé l'impact de l'événement sur l'opinion publique pour durcir sa politique et justifier une large offensive sur les troupes de la rébellion. Le régime d'ordre et la guerre qui se préparent sont particulièrement mauvais pour les affaires. De l'autre côté la rébellion saccage les installations, instaure la terreur aux frontières et nuit elle aussi gravement à nos intérêts.

Il marque encore une pause et adopte un ton moins virulent.

- Nous ne croyons pas en la possibilité d'une victoire militaire de la rébellion mais le conflit pourrait s'installer durablement. Nous voulons éviter à tout prix cette situation et pensons qu'il reste une issue politique. Kysazo a forgé sa popularité en utilisant les exactions – réelles ou non – des rebelles. Cependant il est encore possible de renverser cette opinion L'indignation provoquée par la destruction du Titanesque est encore tellement présente dans les esprits qu'en faisant éclater la vérité au grand jour, preuves à l'appui, la légitimité de Kysazo volerait en éclat, tout comme la dictature qu'il instaure progressivement.

Il marque une nouvelle pause en souriant.

- J'imagine parfaitement vos expressions en ce moment. Vous vous demandez comment nous savons que l'attaque du Titanesque est l'œuvre de l'UHG. Ce que je vais dire à ce sujet est pour partie issu d'informations remontées par nos agents infiltrés au sein de l'UHG, pour partie pure spéculation. Je vous laisserai vérifier avec May leur degré de véracité.

Tous les regards se tournent vers moi.

- Sur le Titanesque, May a tenté en vain de se connecter au système central. Ceci a eu deux conséquences. La première fut l'émission d'un signal d'alerte et la transmission de son signalement numérique. Ce même signalement numérique fut ensuite détecté lorsqu'elle s'est connectée à la logosphère du spacioport de Jarnac ce qui fait que l'UHG sait qu'elle a « survécu » et la recherche. La seconde conséquence est celle qui nous intéresse. Si nous ne nous trompons pas, elle a conservé la signature de l'algorithme de cryptage utilisé sur le Titanesque. Le fait qu'elle n'ait pas réussi à franchir les sécurités ne signifie qu'une chose : Cet algorithme est d'un genre nouveau, tout droit issu de la recherche militaire de l'UHG. En pensant éliminer tout risque par son utilisation, ils nous ont fourni la meilleure arme contre eux. Cet algorithme établit un lien direct entre l'UHG et l'attaque du titanesque. Il est l'atout principal dont nous disposons pour faire éclater un scandale capable de faire couler Kysarzo. Toute donnée numérique est falsifiable de nos jours, ainsi les enregistrements pris par May lors de l'attaque et de la fuite n'ont aucune valeur. Par contre elle n'a pas pu inventer un algorithme qu'elle ne connaît pas elle-même. La difficulté maintenant reste de trouver une trace de cet algorithme au sein de l'UHG : Le laboratoire qui l'a conçu, son inventeur, ou qui sait un autre endroit où il est utilisé. Il reste forcément une trace.

Je confirme ces informations à l'équipage d'un hochement de tête. Je réservais cette carte pour la jouer en temps voulu, mais ce Mot Negah semble voir mon jeu.

- Bien... Je vais bientôt vous laisser reprendre votre route et vous vous retrouverez face à un choix. Trois solutions s'offrent à vous et je vous demande de les étudier avec soin avant de décider de votre cap. La première solution est de nous faire entièrement confiance. Un de nos agents, une Tanide du nom de Kalaa vous attend dans le système Kechuot. Elle vous contactera au sein de la station orbitale de transit. C'est un lieu de passage cosmopolite et la foule dense qui peuple en permanence ce lieu sera votre meilleure cachette. Une fois en contact, elle vous communiquera nos avancées sur la recherche de l'algorithme ainsi que de nouvelles instructions. Sachez que si cette mission réussit, tout le monde y trouvera largement son compte. La seconde solution est de rejoindre la résistance comme vous projetiez de le faire, de leur communiquer ces informations et de les inciter à tenter de les exploiter avant toute action militaire. Vous pourrez ainsi utiliser leur propre réseau. Le risque est de ne pas être écouté, chose que nous ne tolérerons pas. La dernière solution est à peine envisageable. Vous pouvez ignorer ce que vous venez d'entendre. Sachez dans ce cas que nous vous retrouverons et ferons tout pour récupérer le droïde. Mais je ne pense pas que nous arriverons à ces extrémités. Messieurs, mademoiselle, je vous remercie de m'avoir écouté et je vous laisse faire le bon choix. Ne sous estimez pas votre importance dans le conflit actuel...

L'hologramme disparaît aussitôt.
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Now that we've fattened the cow and set out to plow unknown enemies - "Wow!" Shouts the startled crowd "Oh no did you see what I did see?" - The ravaged cabbage drifts on dark red skies - And it looks so nice

Vainqueur BB1, BB3, BB5 et BB6

Nous restons là pendant de longues minutes, se demandant encore si ce que l'on venait d'entendre était vrai, ou vraiment faux.. Je décide de rompre ce silence un peu gêné :
- Simple prostituée, hein ? Tu m'en diras t'en...
- Je pourrai te retourner la même réflexion, Arraxas. Qu'est-ce que tu fous encore avec nous ? Et surtout pourquoi ?
C'est vrai que c'est une question qui mérite d'être posée. Mais ce fut difficile avant, à cause des nombreuses péripéties.
- Je fais du tourisme, ça se voit non ?!
-Arrête de nous balader ! intervient Zyrkk. Dis nous... Tiens, dis nous pourquoi tu cherches cette fameuse Akasha Bdzeroig. C'est bien pour elle que t'es venu me trouver, non ?
Roland fait la suite :
- Et comment connais-tu cette Red Shadow ? Cette... disruptor ? C'est une de tes collègues ?
Il faut que je détourne vite cette conversation vers autre chose, ne pas gâcher ma discrétion :
- Vous voulez faire le jeu des jugements ? Ok. Zyrkk, qu'est ce que Semak t'a proposé pour qu'il insiste à prendre le taxi qu'avec toi ? Et ainsi te pouvoir donner une raison de rester dans ce groupe. Roland, qu'est ce qu'un agent des rebelles fricote avec un gars qui, même s'il ne fait plus partie de l'UHG, représente ton ennemi ? Surtout que tu sais que c'est une vraie pourriture. Et toi, May ? Qu'est ce qu'une soldat déguisée en prostituée doit faire comme réelle mission ? A part, soi-disant, protéger Semak.
Je laisse passer un court instant :
- Ma raison est bien précise, et elle ne regarde que moi. Et si je suis avec vous, c'est parce que mon vaisseau a reçu une avarie sérieuse lors de l'incendie de Jarnac. Sinon, y'a longtemps que je me serais barré vite fait bien fait, tout seul, et surtout sans attendre l'aide d'un Bosoth qui est un vrai guignol dans les renseignements.
Je continue, sans laisser les autres réagir :
- Seulement par la force des choses, je me suis retrouvé embarqué, et mêlé par la même occasion, dans vos histoires. J'en ai rien à foutre de toutes vos salades ! Ce que je veux, c'est trouver un stabilisateur pour mon Flying-V et retourner sur Jarnac pour le réparer...
Semak m'interrompt :
- Retourner sur Jarnac va être difficile, surtout que l'UHG vous a certainement vu fuir avec moi.
- Et c'est bien pour cette raison que je suis encore avec ce foutu groupe, et ça ne m'enchante guère !
Je tiens là une bonne excuse pour ne pas dévoiler mes liens avec la FSSH, et indirectement avec l'UHG.

Le silence gêné revient. Tout le monde a quelque chose à se reprocher, ou à cacher. Et ma brillante plaidoirie vient de faire éclater tout ça au grand jour.
- Bon d'accord continue Semak. Vous venez de nous faire une belle démonstration de défense et on ira pas plus loin. Alors qu'est-ce que vous proposez ? Vu que vous avez gardé de votre passé de Marine 2-3 restes d'esprit de commandement.
- Aller voir cette fameuse Kalaa. Si on va voir d'un côté ou d'un autre, on va devoir encore fournir tout un tas d'explications, et on est même pas sûr d'être écoutés. Là, on tient quelque chose de précis, et dont la "propriétaire", je dirais, vient de nous le confirmer. Et on pourra avoir enfin un peu de calme pour réfléchir, et éventuellement, continuer sa route chacun de son côté. Moi, en tout cas, c'est ce que je veux.
- Parce que tu crois qu'après ce que tu viens d'apprendre, cette Tanide va te laisser partir comme ça ? me demande Zyrkk.
May décide de prendre la parole :
- Ca sera certainement plus facile avec l'entourage de ce Mot Negah. Peu de monde connait l'existence de mon créateur. Il n'aurait pas pris le risque de nous dévoiler ce secret s'il savait qu'on pourrait rejoindre facilement l'armée ou les rebelles. Et d'ailleurs, il nous a laissé le choix de faire ce que l'on veut... mais avec des poursuivants en plus si on prend l'option "rebelles" ou "ignorer".
Elle nous dévisage tous, avec son regard mi-inquisiteur, mi-interrogateur.
- Bon, soupire Semak. Je crois que le choix s'impose de lui-même. Je vais faire un tour de table, histoire de....
- C'est bon Consul ! coupa Roland. Pas la peine de faire votre numéro de négociateur. Allons-y.
May n'attend pas qu'on lui demande de re-programmer le système de navigation.
- Voilà, direction pour le système Kechuot paramétré.

Je décide d'aller me reposer dans une des confortables chambres, et me mets à re-penser à tous ces évènements : Jarnac, Solutris, les Imparfaits, Red Shadow, Jek... Quand un détail me fait relever du lit. Lorsque j'étais en éclaireur avec Zyrkk à Solutris, et que nous ayons croisé Red Shadow, j'ai plongé sur le côté. C'était plus par réflexe maladif d'éviter un tir... qui n'aurait pas pu se faire, car elle était désarmée. Mais Zyrkk n'avait pas hésité : il avait tiré tout de suite. Oui, j'en suis sûr maintenant ! Il a tiré dès qu'il l'a vue ! Sur le coup, j'avais répliqué car je pensais qu'elle en avait après nous. Mais là, le fil des évènements de cet instant précis est très clair. Pourquoi Zyrkk a ouvert le feu sur elle ? La connaît-il ? Est-elle sur ces trousses ? Surtout que c'est lui qui a essayé de me compromettre en parlant le premier d'Akasha... Décidément, plus vite j'aurai quitté ces gens, mieux ça vaudra pour moi.

Je sais que nombreux mâles de toutes races me vantaient la beauté des Tanides. Mais là, j'en ai eu la confirmation visuelle, car celle qui nous interpelle à notre arrivée à la station de transit est une femme avec un joli museau ressemblant assez à celui d'un chien (dire le mot chienne aurait été déplacé), et un corps superbe ressemblant, lui, à celui d'un humain. Mais leurs capacités étaient semblables aux canidés. Elle semble assez pressée et nous dit d'une voix monocorde et basse :
- Je dois vous emmener dans un endroit tranquille, mais marcher en groupe nous ferait vite repérer. Je pars devant avec Mr Arraxas. Pour les autres, je vous donne un plan numérique qui vous donne les indications très précises pour rejoindre l'endroit. N'hésitez pas à prendre des détours. Je vous retrouve là-bas.
Avant qu'on n'ait pu réagir, Kalaa empoigne mon bras et me dirige vers la sortie. Quelques instants plus tard, elle me demande :
- Vous devez vous étonner que je parte seule avec vous. En fait, je dois vous remettre un message, mais vu votre métier de disruptor, vous préférez sans doute la discrétion. Ne me posez pas de questions, je vous prie. Je n'y répondrai pas, enfin pas tout de suite.
C'est une boîte rectangulaire d'acier qui s'ouvre avec une reconnaissance digitale. Kalaa hoche la tête : cet objet attend l'identification de mon doigt. Seul les autorités et quelques autres chasseurs de primes ont accès au fichier des empreintes digitales, dont Red Shadow, qui m'avait laissé un message : "méfies toi de Zyrkk, je ne peux hélas t'en dire plus. Mais je t'en prie, tu dois me croire, il est contre toi. Anna." Je reconnaîtrai son écriture entre des centaines de messages.
- Tout va bien Arraxas ?
- Oui, rassurez-vous. Nous sommes bientôt arrivés ?
- Presque, d'ici une vingtaine de minutes.

Et me voilà embarqué vers une nouvelle destination inconnue, avec en prime une nouvelle énigme.
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Alors qu'est-ce qu'on fait ? On continue dans la grâce ?

TSHAW.

L'habitat de Kalaa est tout sauf petit. Un habitat de cette taille dans une station de transit représente plusieurs années de salaire d'un gouverneur de classe I. Tout y est de qualité mais sans luxe ostentatoire. Décidément nos nouveaux « amis » ont beaucoup de ressources.
Après nous avoir réuni dans son salon Kalaa nous distribue des cubes mémoires et commence :
- Tout ce que nous avons pu réunir comme données sur l'algorithme se trouve réunies dans les cubes mémoire que je viens de vous donner. Pour résumer, il s'agit d'un algorithme de cryptage jamais encore rencontré. Il n'est pas simplement numérique, mais doit aussi mettre en jeu des notions provenant d'autres branches des mathématiques voire de la physique. Ça n'est pas nouveau mais c'est la complexité de celui-ci qui fait sa rareté. L'UHG a l'habitude de travailler avec des entreprises privées pour développer ce genre de « matériel ». Néanmoins ces entreprises ne sont que des couvertures et n'existent que le temps d'un projet. Ils emploient toujours les mêmes spécialistes qu'ils paient généreusement et a qui ils donnent tous les moyens pour travailler. L'UHG va même jusqu'à subvenir à leurs besoins plus...personnels dirons nous. L'homme que vous voyez en photo s'appelle Roderick Kezerlian. Il est connu comme le plus grand cryptologue de tous les temps. Si ça n'est pas lui qui a créé l'algorithme que vous cherchez alors il saura qui l'a fait. Vous trouverez tout ce qui a trait à sa vie dans le cube mémoire. Je vous laisse l'étudier. Si vous avez des questions, je suis là pour y répondre.

Chacun se plonge dans l'examen de son cube mémoire. Rapidement nous nous relevons et nous regardons l'air entendu.
- Ce Kezerlian est transparent comme de l'eau claire dit Zyrkk. Aucune aspérité, aucun angle d'attaque. Une enfance sans problèmes, des études dans les plus grandes écoles, un génie des maths, sous l'aile de l'UHG depuis 20 ans, richissimes, pas de vices...rien quoi.
- Tout homme a son point faible Zyrkk, croyez-moi sur parole dit Semak, Faisons preuve d'un peu d'imagination.
- Faut lui rentrer dans le lard, dit Arraxas. On investit sa baraque, on l'enlève, on le tor...
- Un peu d'imagination Arraxas j'ai dit, le coupe Semak. Et un peu de jugeote aussi. Croyez vous que l'UHG laisse un type comme ça sans protection ? Le premier problème est d'arriver à approcher discrètement de ce type-là. Kalaa, avez-vous ses coordonnées ?
- Oui nous savons ou il habite. De plus, ça nous a coûté assez cher, mais nous avons même le moyen d'accéder à sa ligne privée.
- Excellent, excellent, opina Semak. Maintenant comment faire pour le manipuler...
- Moi je sais dit May.
Tout le monde se tourne vers elle.
- Parlez, parlez très chère, dit Semak l'air dubitatif.
- Il aime les automates.
- C'est exact dit Kalaa. C'est même sa seule passion en dehors de son travail. Il en fabrique durant ses heures de loisir. Il les monte, les démonte. Il est un des plus grands collectionneurs de la galaxie probablement.
- Euh...Et alors demande Semak ?
- Et alors May est un automate ! m'exclamé-je. Un droide très perfectionné mais quelque part toujours un automate. C'est ton idée May ?
- Exact Roland. On peut effectivement dire que je suis l'héritière des automates de Houdin si quelqu'un connaît encore ce nom. Je pense que ce Kezerlian ne refusera pas une occasion de jeter un œil sur moi.
- Pfff ! Ce type a déjà dû voir tous les types de droide possible et imaginable rétorque Arraxas.
- Je ne suis pas un droide « ordinaire », faites-moi confiance quand il saura qui je suis, il voudra me voir. Il suffira de lui dire que je suis issu du programme Mantis, et de lui donner le numéro 000. Ça devrait suffire.
- Moi ça ne me dit rien, mais OK, nous vous faisons confiance May. Voilà comment nous allons procéder dit Semak qui a vite repris ses esprits.

Quelques instants plus tard je suis assis en face d'un visiophone attendant que Kezerlian réponde.
- Kezerlian.
L'homme se tourne vers la cam.
- Mais je ne vous connais pas, qui etes vous ?
- Mon nom est Roland et je suis amateur d'automate tout comme vous.
- Vous etes bien renseignés mais je n'ai besoin de rien.
- Mantis, ca vous dit quelque chose ?
Interloqué Kezerlian répond :
- Décidément vous etes au courant de chose que peu de personne encore en vie connaissent. Qu'est ce que vous savez du programme Mantis ?
- Moi ? Oh rien du tout. Sauf que je possède un des droides.
- C'est ca. Sauf qu'ils ont tous été détruits. J'ai même participé au démantèlement en tant qu'expert. Allez ça suffit, j'ai assez perdu mon temps, au revoir !
- Attendez c'est le 000.
- Quoi ?
- Son numéro de série est le 000.
- Hahaha ! Je le savais que ce salaud en avait mis un de côté. Il ne pouvait pas voir l'œuvre de sa vie réduit en miette comme ça. Où est-elle ? C'est une femme non ? Je parie qu'elle est belle et de type asiatique ?
- C'est exact. Approche May.
May se met dans le champ de la cam.
- Incroyable, magnifique, extraordinaire, la perfection. Il me la faut. Mais comment avez-vous fait pour la récupérer ? Et comment...
- Si vous etes intéresses par les réponses a ces questions il faudra venir me voir Mr Kezerlian et payer le prix fort.
- Soit. Je suis riche, je paierai ce qu'il faut.
- Il faudra venir seul aussi.
- Ah, oui bien sûr...Je m'arrangerai avec la sécurité. Donnez-moi vos coordonnées.

Quelques instants après je me retourne vers les autres.
- Il arrive.

Kezerlian s'est décidé très vite. Apparemment, les mots “Mantis” et “numéro de série 000” ont eu un effet magique sur lui. L'ennui, c'est que cela ne nous laisse pas énormément de temps pour nous préparer. Je m'adresse à mes coéquipiers :
- Comment procède-t-on, chers collègues ?
- Bah, on lui pose des questions et il y répond, sinon... déclare Zyrkk en déployant ses quatre énormes bras au-dessus de sa tête.
Arraxas s'empresse de l'approuver. Un peu primaires, ces deux-là... Roland, May et moi-même sommes un peu plus dubitatifs sur la méthode préconisée.
- Attention, nous n'avons pas le droit à l'erreur ! Peut-être faudrait-il envisager des moyens plus, comment dire.... subtils.
- Qu'est-ce qu'il y a, Consul ? me demande Zyrkk. La violence vous fait peur ?
- Pas du tout, cher Zyrkk. Je reconnais même qu'elle est parfois nécessaire.
- Ben alors ?
- Ce que veut dire le Consul, intervient Roland, c'est que Kezerlian peut très bien nous raconter n'importe quoi si on le bouscule. Et il est hors de question de le laisser libre de mouvements derrière nous.
Il faut l'éliminer ? Pas de problème.
Je reprends la parole :
- Je suis certain que cela ne vous en pose aucun, Arraxas. Il est certain qu'on ne pourra pas laisser à Kezerlian la possibilité de raconter partout qu'une bande assez pittoresque lui a extorqué des renseignements confidentiels sur un algorithme de l'UHG vraisembement classé secret. Mais cela veut dire qu'on ne pourra l'interroger qu'une fois. Il faut donc être certain qu'il nous dise la vérité. Qui s'y connait suffisamment en ce domaine pour vérifier ses dires ? Pas moi.
Tout le monde se tourne vers May.
- Comme Mot Negah l'a dit, je ne connais pas cet algorithme. Je pourrais à la limite vérifier qu'il ne raconte pas n'importe quoi, mais sans certitude que ce soit la vérité. Et je préfère ne pas me connecter à la logosphère locale pour éviter d'être répérée.
- On pourrait lui injecter quelques produits, non ? propose Zyrkk. Tu dois bien avoir ça en stock, n'est-ce pas May ?
- Ce sera délicat, répond celle-ci. Je dispose de telles subtance, mais plus elles sont fiables, plus elles sont puissantes. Il faudrait d'abord analyser son métabolisme pour ajuster les doses. Je n'ai pas ici l'équipement adéquat.
Notre hôtesse Tanide se manifeste alors :
- Je suggère d'emmener Mr Kezerlian au Centre Médical de Kechuot. Notre... organisation y a des contacts. Vous disposerez ainsi de tout le matériel dont vous avez besoin.
- Dans ce cas, il y aurait bien un moyen... commence Roland.
Il est interrompu par l'annonce de l'arrivée de Roderick Kezerlian.

L'homme est grand, maigre et déguingandé. Il a l'allure des gens nés sur les mondes à faible gravité. D'ailleurs le cube mémoire indiquait son lieu de naissance : Base Armstrong/ Lune/ Terre/ Système Origine.
Roland l'accueille mais Kezerlian l'ignore et porte immédiatement son attention sur May.
- Fantastique, extraordinnaire ! Oh, que j'ai hâte de l'examiner en détail !
En même temps, il tente de poser ses mains sur le corps parfait de notre Mantis n°000. Mal lui en prend. Elle le saisit par les poignets et le plaque au sol. Il se met aussitôt à hurler. Roland se penche sur lui et lui plaque une main sur la bouche. Nous nous approchons. Son regard affolé parcourt le groupe hétéroclite qui l'entoure. Ses yeux s'écarquillent quand ils se posent sur le Bosoth. Je le comprends.

- Monsieur Kezerlian, autant vous le dire franchement, vous êtes tombé dans un traquenard. Nous ne souhaitons pas vous faire de mal, mais uniquement des renseignements. Je vous assure que vous nous les fournirez. Je répugnerais à vous laisser aux mains de mes deux compagnons, dis-je en montrant Zyrkk et Arraxas. Pouvons-nous compter sur votre pleine et entière coopération ?
Il opine vigoureusement. Le courage n'est visiblement pas sa qualité première.
Arraxas s'approche de moi :
- On ne l'emmène pas au Centre médical ?
- Plus tard. Pour vérifier, recouper les différentes informations.

Puis, me tournant vers Kezerlian :
- Nous savons qu'un nouvel algorithme est utilisé par les militaires de l'UHG. Comme vous êtes LE spécialiste en la matière, nous pensons que vous y avez mis la main. Vrai ou faux ?
- Je ne vois pas de quoi...
- Vrai ou faux, on t'a demandé ! Gronde Zyrkk.
Kezerlian se ratatine. Il bredouille :
- Vrai... Mais vous ne pouvez pas me demander d'en parler...
- On va se gêner, le coupe Arraxas.
- Vous ne savez pas où vous mettez les pieds.
- Ne vous en faites pas pour ça. Il nous faut des informations sur cet algorithme : ses concepteurs, le nom du laboratoire où il a été mis au point, d'autres exemples d'utilisation, bref, quelque chose qui permette de l'autentifier.
Vous n'y arriverez pas ! Je ne suis pas le seul à y avoir travailler, il n'est utilisé que par les forces militaires et les clés d'identification sont bien gardées.
- Et bien voilà, vous savez ce que nous voulons.
- Hein ?
- Nous voulons les noms des autres concepteurs et le moyen de récupérer ces clés.
- Pour les concepteurs, c'est bon. On n'est pas nombreux dans ce domaine : Turan Aling, Diffield Whitfie et Zimphil Mermann.
- Très bien. Et les clés d'identification ?
- Je ne sais pas... Une base militaire secrète, je pense.
- Bon, c'est un bon début.
- Quoi ? beugle Zyrrk. Il en sait certainement plus que ça. Laissez-le moi !
- Au secours ! hurle Kezerlian.
- Du calme, du calme. Je suis certain que Mr Kezerlian en sait davantage. Mais il a des scrupules, tout à fait honorables d'ailleurs. C'est pourquoi nous allons poursuivre cette discussin ailleurs. Au Centre Médical. Je crois que Roland avait une idée.
- Euh, oui, dit le gamma. C'est une technique mise au point par la rebellion : dérivation neuro-corticale intégrale.
En entendant cela, Kezerlian s'évanouit. Diantre !
- De quoi s'agit-il ?
- C'est simple, répond May. Roland me corrigera si je me trompe, mais je crois qu'il propose d'extraire le cerveau de Kezerlian, de le plonger dans un bain nutritif et de s'y connecter pour avoir accès à sa mémoire.

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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel

- Mouais .... Ils sont équipés de cela dans ce centre ? Parce que déjà que l'on a eut du bol que Kezerlian soit dans le coin, faudrait pas à avoir à courir à l'autre bout de la galaxie pour trouver le matos. Moi je peux vous le dépecer et l'empailler dans une cave de Spacio-pub mais cela m'a l'air un peu plus complexe !
- Ne t'en fais pas Zyrrk, ils sont à la pointe du progrès.
- Bon ben alors y'a plus qu'a ...

Pendant que la Tanide s'éclipse pour joindre ses contacts, Semak prend la parole :

- Très bonne idée Roland, excellente même. Je vais vous apprendre un petit « secret d'état ». Pour un petit nombre de personnes très haut placées, et surtout ayant accès à des secrets à haute valeur, il existe une sorte de blocage cérébrale. Histoire que même sous la plus grande douleur, il soit impossible de révéler certaines choses. Ou de trahir.
- Et comment tu as fait pour t'en libérer ?
- Enfin Arraxas, avec les bons contacts, on évite toujours ce genre de désagrément. C'est une sorte de conditionnement mental comme dans les Spaces Marines. Mais en plus poussé. Avec l'idée de Roland, et les capacités de May, cela devrait être plus simple de « hacker » sa mémoire.

C'est arrangé – Kalaa était revenue – et pour rester discret, une ambulance viendra nous chercher ici. Cependant, toujours dans un soucis de discrétion il faudrait mieux que ...

- C'est bon, j'ai compris, je reste dedans au parking et j'attends que vous reveniez ! Amusez vous bien avec la cervelle de ce détraqué.
- Détraqué ?
- Ben oui, détraqué, il faut être sacrement pervers pour prendre son pied en imaginant tripoter un robot au look d'humaine avec deux minuscules mamelles dis-je en partant d'un grand éclat de rire.

Toujours est-il que le plan de la Tanide commençait parfaitement : une ambulance anti-grave marqué par le logo du Centre Médical Kechuot arriva dans l'heure qui suivit ! Pendant ce temps, Kezerlian était sorti du coma pour y replonger aussi sec, devant la réitération des menaces envers sa cervelle.

En route tout le monde ! Arraxas prit les commandes du véhicule, avec Kalaa et Roland à ses cotés, le reste de la troupe – et Roderik – à l'arrière de l'ambulance.

- Un neurochirurgien de nos amis nous attendra à l'arrivée. Officiellement, il s'agit de réparer une déchirure neuronale du à un trop grand excès de drogues.
- Ok et ensuite ? On fait comment ?
- Simple, on débarque, on endort Roderik, on le branche à un système de survie, on ouvre, on place le cerveau dans une solution spéciale, on branche les câbles et May fait œuvre de son talent.
- Vu comme cela, c'est simple !
- Avec le bon matériel et les bonnes compétences c'est simple. Juste une question de temps.
- C'est-à-dire ?
- Cela va dépendre de May. Mais au minimum 6 ou 7 heures. Une douzaine au maximum.
- Et après ?
- Apres ? Mes amis vont se charger de la « rééducation » de Kezerlian et vous et bien vous ferez en fonction de ce que notre ami aura dit.

En effet, une fois arrivé dans la zone d'entrée des glisseurs, un homme nous attendait

Tout le monde débarque ... Sauf moi. Logique.

- Bon, je vous attend là, si jamais il y a du grabuge, ne m'oubliez pas.
Ne t'en fais pas !

Et me voila seul dans l'anti-grave, au milieu du parking, avec une dizaine d'heures à attendre et pas même un casse-croûte. Tu parles. Bon et bien espérons qu'ils auront des détails intéressant pour prouver que ce code est un truc de l'UHG et que l'on puisse prouver que Kysarzo est un salaud. J'ai vraiment envie de me payer du bon temps dans une planète loisir moi. En attendant, je vais piquer un petit somme.

Je suis réveillé par un tambourinement sur la porte arrière. Tiens, cela fait que 4 heures. J'ouvre. Deux gardes de la société de sécurité du Centre. Qui recule devant ma masse. Ils ne devaient pas d'attendre à un Bosoth !

- Heuuuu dit le premier en mettant la main à sa ceinture où se trouve un taser.
- Oui ?
- Vous n'êtes pas stationné où il faut ... Et d'ailleurs vous faites quoi ici ? Où est votre badge ?
Et merde ...
- Qui je suis ? Je suis le garde du corps d'une personne qui n'aime pas être dérangée !
- Ha oui ? Et qui donc ?
Je sors du véhicule, heureux d'avoir toujours les Karatagpoignes sur moi.
- Un très gros notable qui a un peu abusé de certaines choses avec certaines filles ... si vous voyez ce que je veux dire.
Les gardes se regardent l'air dubitatif. Au temps pour moi, je n'ai pas le bagout du consul.
- Vous croyez vraiment qu'un pékin de base peut s'offrir les services d'un type comme moi ? Allez les gars, je vais aller me ranger où il faut, mais si je peux vous donner un conseil, évitez les emmerdes et ne cherchez pas la petite bête a mon patron, il est un peu le propriétaire du coin, dis-je avec un clignement d'œil.
Je me demande si cela va passer ...

Zyrrk, ramène toi, 7ème étage, block B. La radio venait de crépiter.
- C'est quoi cela ? Le garde venait de sortir son Taser.
- Cela ? C'est le patron !
- Hein ? Le second venait de sortir son arme aussi.
Coup d'œil à droite, à gauche ... personne, pas de camera. Mes bras firent un aller-retour entre les deux humains. Deux craquements simultanés. Bon, je sens que je vais me faire engueuler mais tant pis !

Je pris le micro « j'arrive ».

Juste le temps de déplacer l'ambulance en ayant pris soin de mettre les deux corps sous les banquettes - brancards.
_________________
Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges

Kalaa nous guide vers l'entrée des urgences où nous attend son contact, le docteur Kowinski. Ce dernier nous emmène dans une petite salle où il nous asperge d'une solution odorante. Cet hopital regorge sans doute d'identificateurs olfactifs, inutile de risquer de se faire repérer par cette voie. Impressionnant, les brouilleurs olfactifs sont particulièrement difficile à trouver. Quelques minutes plus tard nous poussons le lit de Kezerlian à travers les couloirs jusqu'aux blocs. Le personnel que nous croisons est trop affairé pour prêter attention à nous. De plus Kowinski semble disposer de toutes les autorisations d'accès nécessaires. Nos nouveaux amis semblent être parfaitements organisés et ont tout méticuleusement préparé en très peu de temps. De vrais professionnels.

Les préparatifs de Kowinski prennent deux longues heures au bout desquelles le cerveau de Kezerlian finit par baigner dans une solution, relié par un jeu complexe d'electrodes d'un côté à son corps et de l'autre à une console d'analyse.

- J'ai fait ma part du travail, c'est maintenant à votre amie droïde de travailler. Je vais faire le nécessaire pour maintenir le patient en vie mais faites en sorte de ne pas le brusquer outre mesure si vous sentez une résistance. Cette technique est encore expérimentale et le sujet peut se mettre en état de choc au moindre traumatisme. Veuillez donc tenter de ne pas stimuler les zones douloureuses de sa mémoire, il ne s'agit pas de le perdre avant d'avoir obtenu les informations que vous cherchez.

Je m'avance vers le terminal, extrait mon interface de connexion universelle (quelle idée ont eu mes concepteurs de la placer à cet endroit) et me connecte.

> DESACTIVATION MODE SIMULATION COMPORTEMENTALE
> ...
> DESACTIVATION OK
> CONNEXION PROGRAMME EXPLORATION NEURONALE
> ...
> CONNEXION OK
> DEBUT ANALYSE MEMOIRE
> ...
> 5% REALISES
> ...
> IDENTIFICATION VOCALE: ARRAXAS > Qu'est-ce qu'elle fout? Y'a un bug ou quoi? Ca fait 15 minutes qu'elle est immobile!
> IDENTIFICATION VOCALE: SEMAK GEOL > Je suppose qu'elle s'est "déconnectée" le temps de transférer les données
> IDENTIFICATION VOCALE: ROLAND BIUSFA > Amusant comme situation mon cher Geol. Vous ne vous sentez pas vulnérable lorsque votre garde du corps ne veille pas sur vous? Vous savez que c'est pour moi une occasion inespérée...
> IDENTIFICATION VOCALE: SEMAK GEOL > Allons, vous bluffez Roland!
> EVALUATION COMPORTEMENTALE: ROLAND BIUSFA. PROBABILITE DE BLUFF: 60%
> IDENTIFICATION VOCALE: DR KOWINSKI > Je pense qu'il bluffe.
> IDENTIFICATION VOCALE: ARRAXAS > Mmm... Pas sûr!
> IDENTIFICATION VOCALE: KALAA > Ecoutez, ce n'est pas le moment. Les interêts de votre mission vont au delà de vos querelles idéologiques et personnelles. Vous aurez tout le temps de régler cela plus tard.
> ...
> 10% REALISES
> ...
> 15% REALISES
> ...
> 20% REALISES
> ...
> INFORMATION TROUVEE > Zimphil Mermann > "Kezerlian, vous rejoindrez l'équipe de Mr Mermann" [...] "éminent chercheur" [...] "informatique" [...] "directeur de recherche programme IWP sur les armes intelligentes" [...] "Kerzelian, je ne tolérerai plus ce genre d'erreurs" [...] "Je vous demanderai de bien vouloir quitter notre équipe"
> SUJET REFRACTAIRE - ARRET DE L'ANALYSE
> ...
> 25% REALISES
> ...
> IDENTIFICATION VOCALE: SEMAK GEOL > Il n'y a vraiment pas moyen de se faire livrer un café?
> ...
> 30% REALISES
> INFORMATION TROUVEE > UHG > "Chérie, j'ai enfin obtenu ma nomination comme chercheur pour l'UHG, je vais rejoindre l'équipe de Zimphil Mermann" [...] "Qu'est-ce qu'ils vont faire de moi maintenant que Mermann m'a viré?" [...] "C'est donc avec honneur que je vous présente aujourd'hui le résultat de mes recherches" [...] "Enfin j'ai prouvé ce que je valais!" [...] "Chérie, nous allons déménager sur Keshuot, je suis nommé responsable d'un programme de recherche"
> EXPLORATION PISTE UHG - KESHUOT
>...
> INFORMATION TROUVEE> UHG - KESHUOT> "Je te présente le brillant professeur Turan Aling qui a rejoint notre équipe, et Diffield Whitfie dont je t'ai déjà parlé. Je vous présente Arlene, mon épouse" [...] "Tu crois que ça m'amuse d'aller bosser tous les jours au milieu de ces forges et de cette crasse? Ce n'est pas moi qui ai décidé d'installer un labo de recherche informatique en plein milieu des chantiers orbitaux!" [...] "Ecoûte Diffield, il faut que je te parle à propos d'Arlene" [...] "Arlene, dis moi que tu n'as pas fait ça? Pas avec Diffield!"
> SUJET REFRACTAIRE - TENTATIVE FORCAGE ANALYSE: LOCALISATION EXACTE LABORATOIRE
>...
> INFORMATION TROUVEE > "Diffield Whitfie vous attendra Section A - Bloc 13 - Chantier des SpaceCargo Yutani" [...] "Arlene, je trouve que tu me parles souvent de Diffield"
> SUJET REFRACTAIRE - TENTATIVE FORCAGE ANALYSE: CODE ACCESS LABORATOIRE
>...
> IDENTIFICATION VOCALE: DR KOWINSKI > Qu'est-ce qu'elle fait? On est en train de le perdre! Il convulse!
> ANALYSE DONNEES BIOLOGIQUES: PROBABILITE SURVIE 78%
> TENTATIVE FORCAGE ANALYSE: CODE ACCESS LABORATOIRE
>...
> INFORMATION TROUVEE > "Je t'en prie Arlene, tu ne peux pas me quitter"
> ANALYSE DONNEES BIOLOGIQUES: PROBABILITE SURVIE 65%
> TENTATIVE FORCAGE ANALYSE: CODE ACCESS LABORATOIRE
>...
> IDENTIFICATION SONORE: ALERTE APPAREILS DE MONITORING
> IDENTIFICATION VOCALE: DR KOWINSKI > Et meeerde, on le perd!
> IDENTIFICATION SONORE: OUVERTURE PORTE
> IDENTIFICATION VOCALE: HUMAINE INCONNUE > Docteur, vous avez besoin de... qu'est-ce...
> ANALYSE COMPORTEMENTALE: TERREUR. CAUSE: CERVEAU EXTRAIT
> IDENTIFICATION SONORE: FUITE HUMAINE INCONNUE
> IDENTIFICATION VOCALE: HUMAINE INCONNUE > hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
> ANALYSE COMPORTEMENTALE: ARRAXAS > Panique
> IDENTIFICATION SONORE: Blaster lourd Weyland KR-12
> IDENTIFICATION SONORE: chutte corps humaine inconnue
> IDENTIFICATION SONORE: cris de panique. ORIGINE: couloir
> IDENTIFICATION VOCALE: KALAA > Et merde, c'est quoi cette bande d'amateurs!
> IDENTIFICATION VOCALE: SEMAK GEOL > Zyrrk, ramène toi, 7ème étage, block B
> ARRET ANALYSE MEMOIRE
> ACTIVATION MODE SIMULATION COMPORTEMENTALE
> ...
> ACTIVATION OK
_________________
Now that we've fattened the cow and set out to plow unknown enemies - "Wow!" Shouts the startled crowd "Oh no did you see what I did see?" - The ravaged cabbage drifts on dark red skies - And it looks so nice

Vainqueur BB1, BB3, BB5 et BB6

- Et merde, c'est quoi cette bande d'amateurs !
Kalaa semble plus dépitée que réellement horrifiée à la vue du cadavre qui gît à mes pieds.
- Vous ne pouviez pas vous contenter de l'assommer ?
- Bin, j'ai improvisé.
- Vous avez... improvisé ?!...
- Hé ! j'ai pas demandé à être ici ! j'aurai été tout seul, une telle chose ne serait jamais arrivé, de plus...
- De plus, intervient Semak, c'est pas le moment de discuter de vos états d'âme égocentriques, on a des soucis plus urgents : May et Kowinski essayent de récupéré Kezerlian, et...
A ce moment, Zyrkk apparaît dans le couloir :
- Dites, je viens de croiser plein de gars de la sécurité qui montent, ils ont l'air d'être plein de tension. Et pourquoi ça crie dans les couloirs ?....
Il aperçoit alors le corps :
- Merde !
Mes réflexes à commander re-font surface :
- Il faut faire vite ! Je vais servir de cible pour éloigner ces gardes. Semak, Roland, assistez le doc du mieux que vous pouvez. Zyrkk, cours te planquer quelque part, ta présence ici sera louche. Kalaa, dès qu'ils arrivent, faites leur croire que je suis un rebelle qui tentait d'enlever ou de tuer quelqu'un. Vous m'avez compris ? Il faut absolument vous couvrir pour vous éviter des ennuis ! Il ne doivent pas regarder dans la salle d'opé !
- Mais enfin... Haaa !!!
Un tir de laser vient de la frôler.
Zyrkk se retourne :
- Trop tard ! Arraxas, je file avec toi !
- On va être trop voyants à deux !
Les tirs commencent à être de plus en plus nombreux. Le Bosoth hurle d'une voix presque syncopée :
- C'est foutu ! Faut qu'on se casse !
Et nous nous mettons à courir. J'entends la Tanide hurler :
- Au secours ! Au secours ! Ce sont des fous ! Arrêtez-les !...
Tout en courant, je me mets à penser que j'avais là une occasion de me séparer d'eux, mais qu'il y a toujours quelqu'un ou quelque chose qui me les ramènent vers moi. Pourquoi je pense à ça maintenant ? La lassitude d'avoir l'impression de ne rien contrôler sans doute.

Une voix crie derrière :
- Hector, avertissez l'UHG que 2 rebelles sont au Centre Médical ! Dan, prenez votre groupe, et montez sur les toits pour leur couper une éventuelle sortie !
Car il est vrai que nous avons pris la décision de continuer à monter les escaliers.

Pendant notre course effrénée, arrivés au 11 ème étage, la porte menant aux escaliers suivants est fermée. Nous nous ruons alors dans le couloir, et là, sur la droite, j'aperçois une pièce marquée "BUANDERIE". J'ouvre à la volée la porte, puis celle du conduit d'évacuation du linge sale, et m'y engouffre. Idée classique mais qui reste toujours aussi efficace.

Le gabarit de Zyrkk ne lui permet pas de me suivre. Que va-t-il faire maintenant ? Franchement, je m'en moque totalement !

J'atterris lourdement dans une caisse métallique vide, un bruit sourd remonte en écho par le conduit jusqu'à quasiment tous les étages. J'ai du répit, mais très peu. Il n'y a personne dans cette pièce du sous-sol, le lavage doit être fait à certaines heures. Je cherche alors la bouche d'égout ou l'eau s'évacue : bingo ! Je prends mon blaster, explose la plaque, et descends dans les profondeurs puantes. Le temps que la sécurité revienne jusqu'ici, je peux être loin.

Je marche ainsi pendant au moins deux bonnes heures dans ces égouts. Il faut que je m'éloigne du centre de Kechuot, avec une seule idée en tête : pouvoir rappeler mon contact du FSSH au plus vite. Je suis au moins satisfait de m'être détaché de ce groupe, mais j'espère sincèrement que Kalaa et les autres n'ont pas de soucis.
_________________
Alors qu'est-ce qu'on fait ? On continue dans la grâce ?

TSHAW.

A peine Arraxas et Zyrkk ont-ils quittés la pièce que les forces de sécurité du centre l'investissent. Certains sécurisent le périmètre pendant que d'autres poursuivent nos compagnons. Dans l'agitation ambiante May en profite pour se déconnecter de Kezerlian. Mais pourquoi diable ont-ils été mettre son connecteur universel à cette place ?
Un homme se présentant comme étant le directeur de la sécurité du centre interpelle le Dr Kowinski :
- Que se passe-t-il ici Dr Kowinski ? Et qui sont ces gens ?
- Ce sont...des étudiants en médecine, Commandant Levine. Je leur..euh...faisais un cours sur une technique toute nouvelle mise au point au centre.
- Une technique très invasive à ce qu'il me semble vu l'état du corps
- Oui...euh ça n'est pas forcément encore très au point et de toute façon le cobaye était d'accord...
- Admettons. Maintenant expliquez moi pourquoi l'infirmière s'est faite descendre ?
- Aucune idée commandant Levine. Nous étions entrain d'effectuer certains enregistrements neuro-corticaux quand cette infirmière est rentrée. Puis un des étudiants, un certain...euh...Aldo, je crois...a sorti une arme, l'a tuée puis a prétendu être un membre de la Troisième Rébellion.
- Des rebelles ? Ici ? Au centre médical ? Mais pourquoi ?
- Aucune idée, commandant Levine. Je pencherai plutôt pour un affabulateur à comportement schizophrénique
- Bien nous verrons.
Le commandant s'interrompt pour recevoir un message.
- Dites moi docteur, mes hommes détiennent un Bosoth, dénommé...zyrkk...hmmm, il prétend avoir été pris en otage par le rebelle, qui a réussi a filé soit dit en passant, et faire partie de votre groupe ? C'est aussi un de vos étudiants ?
- Euh...oui, pourquoi ?
- Il faudra tout de même que je vérifie tout ça docteur Kowinski, dit le commandant Levine d'un air peu convaincu
- Dites moi commandant, ça va mieux votre addiction aux porno-drogues ? demande à brûle pourpoint le Dr Kowinski.
Le commandant blêmit.
-...c'est bon docteur débarrassez moi de votre macchabée en morceaux et disparaissez avec vos « étudiants ». Vous pouvez prendre aussi le bosoth dit le commandant alors que Zyrkk apparaît dans l'embrasure de la porte.

Pas besoin de nous le dire deux fois et nous nous engouffrons dans l'ascenseur avec Kezerlian en pièces détachées.
- Belle présence d'esprit Dr Kowinski dit Semak Geol.
- Ça peut toujours servir de connaître les dossiers médicaux des employés reconnaît le Dr Kowinski avec un sourire. En attendant vous avez foutu un sacré bordel. J'espère que vous avez obtenu les renseignements que vous cherchiez car sans l'appareillage du centre votre « ami » n'en n'a plus pour très longtemps.
- Merci pour tout Dr Kowinski le remercie Kalaa. Vous savez que nous pouvons être extrêmement généreux avec ceux qui nous servent bien.
Puis en se tournant vers nous elle ajoute.
- On se retrouve tous à mon habitat pour rassembler les données et mettre au clair une stratégie pour la suite.

- Bon. Résumons nous commence Semak. Premier point se débarrasser de ce qu'il faut bien maintenant appeler un cadavre. Deuxième point May nous fait un rapide résumé des données qu'elle a collectées ? Troisième point que faire avec ces renseignements ?
- Je peux m'occuper du cadavre dit Kalaa. Il existe sur Keshuot des hauts fourneaux qui fonctionnent automatiquement. C'est pratique...
- OK, déjà ça de moins reprend Semak. Je résume ce que nous savions avant notre petite escapade au centre médical de ce cher Dr Kowinski. Kezerlian travaille ou travaillait avec Alan Turing, euh non, Turan Aling, Whitfield Diffie, euh non Diffield Whitfie et Philip Zimmermann, décidément ma mémoire me joue des tours, Zimphil Mermann bien sur. Maintenant May c'est à vous.
- Pendant le trajet de retour j'ai pu analyser les données récupérées, commence May, et elles sont maigres mais je pense que nous avons une piste. Je n'ai pas d'autres noms à rajouter à votre liste Semak. La femme de Kezerlian, Arléne, a ou a eu une aventure extraconjugale avec Diffield Whitfie. Il semble que le labo de tout ce beau monde se situe Section A - Bloc 13 - Chantier des SpaceCargo Yutani.
- Je connais l'interrompt Kalaa. Personne n'irait chercher une labo ultra moderne dans cet endroit là.
- Par contre, reprend May qui s'assombrit, ma tentative d'accès au code d'entrée du labo dans la mémoire de Kezerlian s'est révélée infructueuse. C'est ce qui a entraîné les convulsions. Je pense qu'il s'agit d'un phénomène de défense d'une ampleur inconnue. Je n'avais jamais vu ça auparavant. Il est possible de protéger au niveau neuronal des souvenirs. Ca, je connais et j'aurai pu passer outre. Mais ici les personnes employant Kezerlian ont associé cette protection des codes d'accès avec ses sentiments pour sa femme. La réaction a été d'autant plus forte. C'est du grand art au niveau des déviations neuronales.
- Nous sommes donc sur la bonne voie vu les trésors de protection employés, dis je.
- Vous avez raison Roland, opine Semak, mais maintenant que faire ?

Que faire ? Bonne question, que je me pose depuis quelque temps... Les événements sur Jarnac me conduisaient à tenter un coup de poker auprès de la Rebellion. Puis, j'ai envisagé de disparaître de la circulation, accompagné du bosoth si possible : il me semble plein de ressources, sans scrupules, bref un associé potentiel. Le temps de réactiver certains réseaux, de me forger une nouvelle identité et de revenir dans le grand jeu du pouvoir. Mais les développements récents m'ont contraint à m'embarquer dans une entrerpise de moins en moins discrète et à m'associer, involontairement, avec des gens sur lequels je n'ai aucun contrôle.
La Tanide interrompt mes réflexions :
- Pas la peine de tergiverser : il faut pénétrer dans ce labo.
- Super ! s'exclame Zyrkk. On fait comme d'habitude ? Avec discrètion au début et puis gros foirage par la suite ?
- Vous n'avez pas vraiment le choix, reprend Kalaa. Mais mon organisation peut vous faire accéder sans problème aux chantiers orbitaux. On repart chez moi et je règle ceci dans la soirée.

Inutile de discuter. Il semble que nos “employeurs” soient pour l'instant, en position de force. Avant de quitter le centre médical, je demande quand même :
- Est-ce quelqu'un saurait où est passé Arraxas ?
Silence.

- De toutes façons, ce gars ne me disait rien qui vaille, dit Zyrkk.
- C'est tout de même ennuyeux : il sait trop de choses pour qu'on ne fasse rien à son sujet. Mais je suppose que l'organisation de notre hôtesse à les moyens de se renseigner sur...
- Parfaitement, me coupe Kalaa. J'avoue n'avoir pas songer à le faire dès le début, car je le croyais membre à part entière de votre équipe...
-Quelle équipe ? demande ironiquement Roland. Je suis membre de la Rebellion, Semak est un Consul déchu de l'UHG, May son garde du corps droïde parfaitement illégal, Zyrkk un bosoth pas très clair et Arraxas un disruptor. Franchement, vous nous voyez faire équipe volontairement ?
- Vu comme ça, dit la Tanide. Je me demande si mes supérieurs ont bien réfléchit avant de vous confier ce travail.
- On n'a pas vraiment eu le choix...
- Certes, M. le Consul. Quoiqu'il en soit, je me dois d'obéir et je vous conseille d'en faire autant.

Après cette discussion, la soirée se passe dans une ambiance passablement morose. Kalaa semble contacter pas mal de personnes tandis que chacun d'entre nous rumine dans son coin. Bon, il faudrait reprendre la main, ou, en tout cas, prévoir des solutions de repli. Je vais reprendre mon approche du bosoth.

- Dites-moi, cher Zyrkk, avez-vous repensé à notre échange de vues que nous avons eu sur Solatris ?
- Vous croyez que j'ai eu le temps d'y penser ? grogne-t-il.
- Allons, allons. Votre numéro de brute épaisse sans cervelle marche peut-être avec les autres, mais pas avec moi. Je suis certain que, comme moi, vous cherchez un moyen de vous tirez de ce guêpier.
- Admettons, dit Zyrkk d'un ton soudainement plus calme.

Puis, il se tait. Il attend que je dévoile mes batteries. Je constate que j'ai vu juste : sous ses dehors de rustre agité, c'est un malin, un calculateur. Je reprends :
- Je pense que pour l'instant nous devons faire semblant de nous plier aux volontés de cette “organisation”.
- De toute façon, nous sommes plus ou moins coincés sur ce monde...
- Nous n'avons pas de moyens de le quitter mais...
- ... Kalaa va nous faire pénétrer dans les chantiers orbitaux...
- ... où il serait fort surprenant que nous ne trouvions pas un vaisseau...
- ...dont nous pourrons nous emparer et prendre la tangente...

Nous nous sourions.
- Les grands esprits se rencontrent, mon cher Zyrkk.
- Et votre proposition pour la suite, une fois que vous aurez repris contact avec vos réseaux ?
- Elle tient toujours, je n'ai nullement l'intention de me lancer dans une croisade auprès des rebelles...
- Et ce n'est pas du tout certain qu'ils vous acceptent.
- De toute façon, je ne me vois pas passer ma vie aussi loin du Système Origine : c'est là que tout se joue.
- Et je compte bien que vous m'y introduisiez.

Nous sommes interrompus par Kalaa.
- Voilà, c'est réglé. Demain matin, nous gagnerons les Chantiers SpaceCargo Yutani. Officiellement, nous viendrons prendre livraison d'un vaisseau qui se trouve dans la Section A – Bloc 12. Nous nous introduirons dans le Bloc 13 pour y trouver ce que nous cherchons et nous quitterons Kechuot à bord du vaisseau.
- Sommes-nous certains d'y trouver ce que nous cherchons ? demande Roland.
- J'ai vérifié. Turan Aling, Diffield Whitfie et Zimphil Mermann y seront. Ils pourront donc nous renseigner.
- Vous comptez leur ouvrir le crâne à eux aussi ?
- Non, Consul, nous dervons nous rabattre sur des méthodes plus directes.
- Pour cela, intervient May, j'ai piraté les banques de données du Centre Médical. J'ai eu accès aux dossiers de ces trois-là. Je sais donc tout ce qu'il faut savoir sur leur métabolisme et je pourrai utiliser efficacement toutes les substances à ma disposition.
- Parfait, conclut la Tanide.
- Une dernière chose : avez-vous des nouvelles du regretté Arraxas ?
- Rien pour le moment. Mais nos agents auront vite fait de retrouver sa trace. Sur ce, bonne nuit à tous.

Juste avant que tout le monde aille se coucher, je murmure à Zyrkk :
- Pas question de nous embarquer dans le vaisseau prévu, on serait encore dans les pattes de cette organisation. Une fois là-haut, il faudra en trouver un autre.
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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel