C'est quand même étrange de voir comment quelques années peuvent faire changer quelqu'un à ce point. Je n'avais jamais vu Karla dans un tel état. Secrète, opposée à l'autorité, demandant à la fois liberté et protection.... Comme si elle combattait quelque chose en elle, l'empechant de prendre une decision.
L'heure n'est plus à la réflexion mais à l'action. Tout ce dont j'ai rêvé semble se réaliser. Et si les évènements continuent à suivre ceux que je rêves, il me faudra agir. Il n'est pas question que la fin de ce périple se termine de cette facon.

« Des Oriphons ! protégez vous autant que vous le pouvez ! »　hurle Hatuka.
Les insectes, gros comme un poing, volent autour de nous. Ils ne sont pas mortel, ni réellement dangeureux, mais leur épaisse carapace, leur vitesse de vol et leur taille en fond des projectiles ambulants pouvant blesser sérieusement un groupe d'homme à pied.

Les bras autour de la tête nous avancons vers la troisième arche. J'entends les chocs sourds des insectes contre l'armure de Jarhol ainsi que les cris et les jurons de mes autres conpagnons. A chaque fois qu'un insecte me touche, j'ai l'impression qu'il m'arrache à la vie petit à petit. La douleur est terrible. Mais je survivrais, je l'ai vu dans mon rêve.

Après quelques minutes de ce traitement, la horde d'insectes passe son chemin. En me tournant vers mes compagnons, je me rends compte que je ne suis pas le plus sévèrement touché. Karla se tient les cotes droites, je suppose que certaines sont brisées, Jarhol se masse les avant-bras, Mandrax semble ne pas avoir été touché. C'est Hatuka qui semble souffrir le plus, non pas de blessures physiques mais plus de voir Kota, inconscient, à quelques mètres de lui. Le faucon a été frappé par un insecte sur son aile droite lors de son retour, celle-ci fait maintenant un angle étrange avec le corps de l'animal. Hatuka s'approche rapidement de l'oiseau et semble se détendre en voyant le petit corps réagir à son approche. Il n'est pas mort, juste bléssé.

« Reposons nous avant d'aller plus loin » Dis-je.
Tous hochent la tête et l'un après l'autre je leur fournit les soins dont ils ont besoin.

C'est bien la derniere chose que je puisse faire avant de partir.

Karla a deux cotes félées, rien de grave. Les autres membres du groupe ne portent que quelques échymoses. Je fais ce que je peux pour Kota, fournissant à Hatuka toutes l'aide dont il a besoin pour le soigner.
Apres cette courte pose nous repartons pour l'arche suivante.

L'arche de pierre est en vue. Magestueuse et pourtant si simple d'aspect. Un nombre important de personnes sont à terre. Agonisants, assomés voir même tuer par la nuées d'insectes. Il semble que nous n'aiyons eu le droit qu'a une partie du groupe d'Oriphons. Jarhol retourne les corps à la recherche d'un homme conscient. Il fini par en trouver un.
L'homme porte une armure usée par les batailles, sa forte carrure contraste avec son age avancé autant que sa barbe sombre avec la couleur clair de ses cheveux.
« Orkhan... » dit Jarhol en serrant les dents. Sans l'intervention de Karla, celui-ci aurait immédiatement décapité le vieux guerrier.

Mandrax et Hatuka rejoignent le combattant. Personne ne semble faire attention à moi. Il est temps de faire ce que j'ai à faire. La troisième arche ressemble vraiment à celle de mon rêve. Imposante comme les deux autres, sauf qu'ici une sorte de voile irrisé bleutée ferme la porte. La porte est innactive et pour l'activer...

Des larmes roulent sur mes joues

Il n'est pas question que je revive cette scène une deuxième fois. Ou Mandrax périt pour activer la porte, et ou plus-tard, pris d'une crise de folie, possédé, je poignarderais ma fille dans le dos, et combattrais mes compagnons avec acharnement, succombant sous les coups d'un Jarhol agonisant.

Ravalant mes larmes, je ne prêtes aucune attention aux avertissements de Karla et Mandrax, je les connais déj à :
- « Ne passes pas la porte ! Il faut l'activer avant ! Si tu fais ca tu vas.... »
- « ...mourir »
Je franchis la porte. Et disparait avec elle.
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naaaan!
je ne suis pas un animal!

« Père! Noooooooonnn! »

Je crois que toute ma vie je me souviendrai du cri glaçant de Karla, du regard décomposé de Mandrax et du sourire narquois d'Orkhan. Lorsque William a franchi la porte, une intense lueur bleutée nous a tous aveuglé et propulsé au sol. Le voile fermant la porte a maintenant disparu mais William, notre ami, est réduit à un tas de poussières fumantes. Nous restons là debout, abasourdis par son geste tandis que Karla tombe à genoux et fond en larmes.

« C'est de ma faute... j'aurais du tout lui dire » Laisse-t-elle échapper dans un sanglot.

Un bruit nous fait nous retourner. Orkan profite de la situation pour tenter d'échapper à l'emprise de Jerhol mais notre guerrier est vigilant.

« Frahyr! »

C'en est trop pour Jerhol. Il plaque Orkahn au sol et lui envoie une série de coups de poings au visage jusqu'à ce que celui-ci ne soit qu'une bouillie de sang et de dents cassées. Jusqu'à ce que sa rage se dissipe. Heureusement Orkhan est encore en vie. Nous l'enchaînons avec les mercenaires survivants tandis que nous décidons de prendre le temps d'offrir une sépulture décente à William. L'obscurité tombera dans deux heures, nous passerons la nuit ici. Par respect pour Karla nous décidons de ne pas interroger Orkhan tout de suite. Mandrax rassemble les cendres de William dans une petite boîte trouvée dans le campement que mes compagnons enterrent en suivant les sacrements des cultes de leurs dieux. Je reste légèrement en retrait, assis en tailleur, à méditer.

L'ambiance de la veillée est pesante et personne ne parle. Nous sommes assis tous les quatre autour du feu. Nos regards se croisent et nous ne savons pas si ce que nous lisons dans celui de l'autre est le chagrin de la perte d'un ami ou l'inquiétude de ce que nous réserve cette expédition. Je m'interroge d'ailleurs sur mon intérêt à continuer cette mission et je pense que j'arrêterai là les frais si ne vieil Awama n'avait pas montré autant d'intérêt pour elle. Mais la voix tremblante de Karla me sort de mes pensées.

« Mon père est mort à cause de mes mensonges. »

Tous les yeux se retournent vers elle et nous comprenons que cette révélation lui coûte et qu'il ne faudra pas l'interrompre.

« Aussi loin que je me souvienne j'ai rêvé de la porte de Thaun. Enfant je ne connaissais pas le nom de ce lieu mais je sais que c'était la porte de Thaun. Je rêvais que j'y jouais avec d'autres enfants, que la vie y était douce, les cités majestueuses, la nature généreuse. Mais ces rêves étaient ponctués d'une inquiétude sourde, du regard sévère de mes parents et des autres parents.
Mon père faisait aussi ces rêves, tout comme son père et sa grand-mère et le premier enfant de chaque génération.
En grandissant j'ai voulu en savoir plus sur ce lieu et sur ces rêves alors je l'ai étudié. Les écrits sont souvent contradictoires mais tous s'accordent en un point : La grande civilisation de la porte de Thaun fut balayée en quelques jours par l'affrontement divin d'Ororus et de Manarus »

Mandrax acquiesce d'un signe de tête approbateur mais ne dit mot. Karla reprend son récit.

« Les écrits sont encore plus flous sur ce qui advint ensuite et les prophéties sont nombreuses. Mais l'une d'entre elle prétend qu'une poignée de rescapés a senti l'approche du grand cataclysme et s'est exilée loin de la porte de Thaun, dans les contrées alors sauvages de notre actuel empire. Ces hommes connurent des destins divers et furent éparpillés sur tout le continent pas les hasards des voyages et les conséquences du cataclysme. »
Karla marque une nouvelle pause. Mandrax est suspendu à ses lèvres.

« Un lien fort unit les habitants de la porte de Thaun, un lien de plus en plus fort tandis que le temps passe, comme si leur destin était de se réunir tous à nouveau. De nombreuses générations plus tard, deux groupes de rescapés réunis par ce lien s'organisèrent et décidèrent de se renseigner sur leurs origines. Ainsi furent fondés les ordres d'Ororus et de Manarus. Mais il s'agit plus de la récupération d'un folklore que du culte réel de divinités dont nous ne savons presque rien. »

La voix de Karla se fait plus tremblante.

« M-mon père est... était un descendant de ces rescapés, ce qui explique ses rêves, même si je ne pense pas qu'il ait un jour compris. Le fait est que comme toutes les personnes de notre sang, ses rêves sont devenus prémonitions avec l'age. Mais venons-en à ce qui vous intéresse le plus... les raisons de mon enlèvement... la prophétie... »

Un ange passe, Karla reprend.

« La prophétie prétend que lorsque sept mille ans se seront écoulés après le grand cataclysme naîtront deux enfants, les élus, et qu'ensemble ils ouvriront la porte de Thaun, et bien entendu l'accès aux richesses, connaissances et pouvoirs qui y sont enfouies depuis des millénaires.
Mais elle stipule aussi que ceci doit être fait avant l'age de leurs premières prémonitions. Ensuite il sera trop tard et les prochains élus ne naîtront que dans sept millénaires.
Que cette prophétie soit vraie ou non, sept mille ans ce sont écoulés, les ordres d'Orurus et de Manarus la connaissent et font tout ce qui est en leur pouvoir pour retrouver ces élus. C'est pour cette raison que ces enfants et moi avons été enlevés et avons subit ces expériences et c'est là bas que j'ai appris ce que je vous révèle ce soir »

Karla marque une nouvelle pause, comme si elle se demandait s'il est prudent de continuer

« Le SIAT, donc l'ordre de Manarus, nous a confronté aux effets de différentes variantes de Manaryl ou à cette humeur noire récupérée en petite quantité aux abords de la porte et... j'ai été la plus réactive à ces substances. Sans votre intervention ils se seraient sans doute débarrassés des autres enfants et jeunes gens comme ils l'avaient fait de leurs parents. L'élimination des parents pouvait sembler superflue mais n'oubliez pas le lien fort qui nous unit. N'oubliez pas comment le destin est intervenu pour me ramener à mon père.
- Tu penses donc être une élue ? Mandrax est le premier à interrompre Karla
- Je ne sais pas. Je ne sais même pas si tout cela est fondé. Mais eux semblaient considérer que oui. Cependant ils ont pu se tromper... surtout qu'ils ont selon moi sous-estimé l'age de l'apparition des premières prémonitions chez certaines personnes... surtout que certains descendants de rescapés ne sont pas identifiés et pour de multiples raisons ne font pas ces rêves »

La fatigue nous prend petit à petit et nous savons qu'une bonne nuit de repos ne sera pas de trop pour récupérer de nos blessures physiques et morales et pour méditer aux révélations de Karla. Je me couche en prenant le pauvre Kota au creux de mon bras et tourne la tête de manière à conserver en même temps Jerhol et Orkhan dans mon champ de vision.
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Now that we've fattened the cow and set out to plow unknown enemies - "Wow!" Shouts the startled crowd "Oh no did you see what I did see?" - The ravaged cabbage drifts on dark red skies - And it looks so nice

Vainqueur BB1, BB3, BB5 et BB6

Orkhan ! Juste à côté de moi ! Ma soif de vengeance va bientôt être assouvie ! Si ça n'avait tenu qu'à moi, mon ancien capitaine serait déjà mort ! Mais les autres semblent répugner à le tuer de sang froid... Et Mandrax m'a fait comprendre qu'il serait sage de l'interroger... ce qui, tout compte fait, ne me déplait pas. Je m'endors alors que Hakuta assure le premier tour de garde.

La nuit a été calme et c'est dans un petit matin blafard que nous commençons à questionner Nefud Orkhan. Je lui dis d'une voix calme et lourde de menaces :
« Parle, mon capitaine. Réponds à toutes les questions. Tu sais bien que je me ferai un plaisir de te découper en morceaux si tu ne coopères pas.
─ De toute façon, tu me tueras après ! geint le traître.
─ Non ! intervient Karla. Je vous donne ma parole que nous n'attenterons pas à votre vie si vous nous aidez.
─ Et tu penses que je vais te croire ? Quelle garantie me fournis-tu ?
─ Les traîtres se méfient toujours ! je hurle. Parle ou tu vas endurer les pires tourments ! »
Mandrax prend la parole :
« Du calme, Jehrol ! Il ne faudrait pas que ce vieux Nefud nous mente et que nous nous en apercevions après l'avoir occis ! Il faut donc le garder en vie. »
Je me vois obligé d'acquiescer. Le magicien se tourne alors vers Orkhan et lui dit :
« En plus de la parole de la jeune demoiselle, je vais te prouver nos bonnes intentions : nous allons libérer tes hommes. Qu'ils quittent ce lieu ! Que les valides aident les blessés ! »

Voilà autre chose ! Ça ne me plait pas, ni à Hatuka ! Mais cela semble convaincre Orkhan de parler :
« Alors voilà mon histoire. Jehrol vous en a certainement appris un peu, mais il n'est pas au courant de tout. Et puis, qu'est-ce qu'un guerrier de première ligne entend à la politique ?
─ Un guerrier de première ligne a au moins de l'honneur et ne trahit pas ses compagnons !
─ Calme-toi, Jehrol ! me coupe Mandrax. Allez, Nefud, continue !
─ Bon... La compagnie des Haches Sanglantes était bien trop puissante. N'importe quel seigneur suffisamment riche pour se payer nos services aurait pu mettre à mal l'équilibre impérial. Je sentais les menaces se rapprocher de nous. Il me fallait une échappatoire. C'est alors que j'ai été contacté par Tharken Kauwitz...
─ Lui !
─ Oui, Jerhol Laophraig, le Maître Assassin, le seigneur de l'Ombre. Il m'a proposé d'emmener la compagnie près de la porte de Thaun sous un prétexte quelconque. Et là, elle serait écrasée par une division de l'armée impériale à ses ordres. Moi, j'aurai la vie sauve et j'entrerai à son service contre une forte rémunération. Ce qui fut fait !
─ Salaud ! Je vais t'étriper sur le champ ! »

Mais Karla, Hatuka et Mandrax s'interposent. Malgré ma haine, je ne peux me battre contre eux. D'autant plus que, d'après Mandrax, il y a encore des choses à tirer de Orkhan.

« Mais bon sang, pourquoi Kauwitz t'a-t-il demandé d'emmener ta compagnie ici, à la porte de Thaun ? Ne pouvait-il pas l'anéantir ailleurs ?
─ Comment savoir ? Qui peut pénétrer les dessins de ce démon ? Enfin, il me semble qu'il voulait un prétexte pour envoyer des troupes occuper cette région. Des troupes qui lui seraient dévouées bien sûr... Et il m'en a donné le commandement.
─ Et, bien sûr, tu l'as trahi ! Traître un jour, traître toujours ! »

Nefud me lance un regard stupéfait.
« Mais... comment le sais-tu ?
─ C'est moi qui pose les questions ! Continue !
─ Ah, vous ne pouvez pas savoir ce que c'était ! Je croyais avoir échapper à l'anéantissement grâce à ma trahison, mais je suis tombé dans un nid de serpents ! Kauwitz ne me disait rien ! Un seul ordre : empêcher quiconque de passer... sauf les types en robes noires qui portaient sa marque, un croissant de lune noir. Et pour passer la troisième arche... Enfin, vous avez bien vu.
─ Oui, dis Mandrax, il faut activer la porte.
─ En sacrifiant un être humain. A chaque fois que les gars de Kauwitz voulaient passer, il fallait tirer au sort en secret le nom d'un de mes hommes... et l'envoyer dessous l'arche. Ça active la porte pour un jour. Je n'en pouvais plus de rester dans ce pays maudit, des mystères autour de ces arches. Un jour, une troupe portant un ordre de l'Empereur lui-même est arrivée. C'était le S.I.A.T. Ils venaient faire des recherches sur un liquide noir. J'ai d'abord refusé de les laisser passer, puis, devant le sceau impérial, j'ai cédé.
Le lendemain, trois types de Kauwitz sont venus me voir. Ils m'ont dit que j'avais trahi et que je devais être puni. Mais je pouvais me racheter en tuant avec mes hommes les gens du S.I.A.T. J'ai feint d'accepter et j'ai alerté la troupe du S.I A.T. Ceux-ci m'ont débarrassé des hommes de Kauwitz et ils m'ont engagé.
─ Ouh, ça explique la colère de Kauwitz !
─ J'imagine, reprend Orkhan, mais je pensais être sous la protection du S.I.A.T et donc de l'Empereur. Seulement, mes nouveaux compagnons ont découvert quelque chose – je ne sais pas quoi, inutile de me le demander – vers la cinquième arche. Et aussitôt, le liquide noir a cessé de les intéresser. Et il me semble que désormais, ils agissent pour leur compte, et pas du tout pour l'Empire.
─ Que manigancent-il ? demande Mandrax.
─ Je n'en sais rien. Il y a deux jours, ils m'ont ordonné de disposer des gardes devant les trois premières arches. Puis, ils ont franchit la troisième porte en utilisant un prisonnier pour l'activer. Depuis, je n'ai plus de nouvelles.
─ Il faut donc que nous allions voir, dit Karla. Profitons que l'arche soit activée... Grâce à... mon...père... »

La jeune fille éclate en sanglots. Je me désintéresse de Nefud Orkhan. Je m'approche de Karla et la prend dans mes bras.
« Pourquoi veux-tu aller là-bas ?
─ Par devoir... Je ne sais comment l'expliquer... Tous mes actes semblent n'avoir eu d'autres buts de me conduire ici. Je veux savoir ce qui se trouve au-delà de la porte de Thaun, savoir si je suis manipulée... Mon père a dû faire des rêves terribles. Je veux savoir pourquoi il est mort, pourquoi il a cru bon de se sacrifier.
─ Tu as raison, petite. C'est une question d'honneur envers lui. Je t'accompagnerai, où que cela nous mène.
─ Un instant, interviens Hatuka. Il nous faut savoir ce qui nous attend de l'autre côté de la troisième arche. Orkhan ?
─ Rien à craindre, répond mon ancien capitaine. La zone entre la troisième et la quatrième arche est déserte et calme. C'est là que le S.I.A.T récoltait le liquide noir. Depuis que celui-ci ne les intéresse plus, tout est à l'abandon.
─ Bien. Alors en route », conclut Mandrax.

Nous passons sous l'arche et nous nous retrouvons sur une plaine rocailleuse et déserte. Nous marchons quelques heures dans un silence absolu. Il ne semble pas y avoir la moindre vie par ici. Des constructions étranges ponctuent le paysage : des espèces de tours surmontant des puits que surmontent des norias abandonnées. Au fond des récipients de celles-ci stagne encore un liquide épais, noir et nauséabond.
« Quel dommage que je n'aie pas le temps d'étudier cette substance ! déclare Mandrax. Je pressens des possibilités extraordinaires.
─ Bah, tu t'en occuperas au retour ! » je lui dis en souriant
Le magicien ne me rend pas mon sourire.

Nous arrivons bientôt au pied de la quatrième arche. Hatuka s'apprête à la franchir quand Mandrax hurle :
« Stop ! N'avance pas ! »
Puis, il s'approche de l'arche et pose ses mains sur la pierre.
« Oui, c'est bien ça. C'est le même type d'arche que la précédente. Il faut l'activer... de la même façon... »
Nous nous regardons, abasourdis. Nefud Orkhan souris narquoisement :
« Et comme vous m'avez promis la vie sauve... »
Il n'a pas le temps de finir. Je l'empoigne par le col et, avant que les autres aient pu me retenir, je l'expédie hurlant de rage et de désespoir, à travers l'arche.
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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel

Nous regardons abasourdis Orkhan subir le même destin que William la veille. Puis Karla se jette sur Jerhol.
« Espèce de salaud! Je lui avais donné ma parole de l'épargner! Crie-t-elle en lui tambourinant la poitrine.
Jerhol la saisit par les poignets sans peine.
- Pas la peine de s'énerver pour ça, ma jolie. Tu as tenu parole, ce n'est pas toi qui l'a tué mais moi, réplique-t-il avec un sourire de satisfaction.
La jeune femme parvient à se libérer et gifle le guerrier.
- Imbécile!
- Du calme, interviens-je. De toute façon nous n'avions pas d'autre choix. Qui d'autre aurais-tu voulu sacrifier? Hatuka ? Jerhol ? Moi ? Ou toi même ? Te suicider aurai pu te permettre d'éliminer définitivement tes problèmes et ton chagrin pour la perte de ton père mais tu aurais également gaspillé tout ce pourquoi tu t'es battue jusqu'à présent. Nous avons encore besoin de toi.
Voyant que Karla se contente de faire la moue, je continue. J'espère la calmer et faire passer la pilule.
- Orkhan méritait son sort, il a trahi et causé la mort de nombreuses personnes. Cela dit, il est vrai que Jerhol aurai pu nous consulter avant de le balancer à travers la porte. »
Tout en disant cela, je fais un clin d'oeil au guerrier pour lui signifier que je ne pense pas vraiment ma dernière phrase. Il est toujours bon de ménager les susceptibilités. Hatuka, lui, ne pipe mot.
Finalement, Karla finit par se calmer et nous franchissons le portail de la quatrième arche.

Je crois que rien n'aurai pu nous préparer à ce que nous découvrons alors.
Tout autour de nous se déploie un désert fait de rocaille et de poussière grise à perte de vue. Pas une once de végétation ni de forme de vie quelconque. Pire que tout, un silence pesant. Au loin nous pouvons distinguer une sorte de muraille où que nous regardons. Nous devons être dans un cratère.
Mais le plus étonnant - ou devrais-je dire merveilleux ou encore pire ? - est le ciel ou plutôt l'absence de ciel. Au dessus de nos tête il y a le dôme étoilé le plus pure que je n'ai jamais vu. Les points lumineux sont innnombrables et magnifiques, tout autant que les nuages gazeux multicolores qui s'élèvent plus loin à une distance inimaginable.
Enfin le meilleur pour la fin: dans un coin du ciel, se tient une planète multicolore à dominantes bleues, vertes et brunes, parfois voilée de nuages et partiellement éclairée par un astre solaire éblouissant qui se tient plus loin en retrait.
Nous en restons tous le souffle coupé pendant plusieurs minutes. Karla est la première à briser le silence.
« Je... je crois que nous sommes sur la lune, parvient-elle à articuler. »
Sa phrase à l'effet de l'explosion d'un baril de poudre gnome. Bien que notre esprit voudrait crier à l'hérésie, notre intuition nous souffle qu'elle a raison et nous ne pouvons qu'acquiescer.
« Attendez... il y a quelque chose d'étrange. » dit soudainement Hakuta en regardant autour de lui.
« Oui, c'est ça. Nous sommes sous une sorte d'énorme cloche en verre qui recouvre le cratère.
- Et moi je sens la présence d'une magie très puissante, répliqué-je.
- Les connaissances et la puissance de ceux qui ont bâti la porte de Thaun devaient être immenses, enchaîne Karla, pour oser venir bâtir jusqu'ici.
- Ca ne me rassure pas particulièrement, rétorque Jerhol. Cet endroit me donne la chair de poule, je propose de poursuivre notre chemin.
- Il y a des traces de pas, nous n'avons qu'à les suivre » dit Hatuka.
Ce que nous faisons.

Après deux heures de marche intensive, nous apercevons enfin la dernière arche du haut d'une butte. En approchant, nos craintes se dissipent légèrement car l'arche semble différente des deux précédentes et apparemment il n'y aura pas de sacrifice supplémentaire nécessaire. Une sorte de liquide argenté et vertical constitue le portail. Des runes sont gravées sur le pourtour en pierre de l'édifice.
En approchant nous découvrons au pied de l'arche plusieurs cadavres horriblement brûlés et méconnaissables. D'après les restes, certains semblaient faire partie de la S.I.A.T. et d'autres de l'ordre d'Ororus.
« Apparemment il y a encore un prix à payer pour passer cette arche, dit Jerhol en désignant les cadavres.
Je m'approche de l'arche et pose les mains sur la pierre en me concentrant.
- En tous cas, ce n'est pas un nouveau sacrifice, je finis par dire. Le secret du passage semble résider dans l'inscription.
- Qu'est-ce que ça dit? demande Hatuka.
J'essaye de déchiffrer l'inscription avec Karla. Bien qu'ancien, l'alphabet m'est familier car je l'est déjà rencontré sur des sites archéologiques en d'autres endroits lors de mes recherches sur la Porte de Thaun. Nous finissons par tomber d'accord sur une traduction potable.
- Parlez, ami, et entrez, dit la jeune femme.
- Une énigme, je dis platement.
- Cette phrase m'est familière, dit Hatuka en se frottant le menton. On la dirait sortie tout droit d'un compte pour enfant.
- En tous cas il est évident qu'il faut prononcer le mot de passe dans la même langue que l'inscription, dit Karla en hochant de la tête.
- Avant tout essai, je vais mettre un bouclier magique en place. J'espère que ce sera suffisant.
Je me concentre et un halo bleu apparaît et entoure le groupe. Karla se place à ma gauche tandis que Jerhol et Hatuka restent en retrait. La jeune femme avance et tente un premier mot.
- Ssaëxam!
Aussitôt un rayon argenté jaillit de la porte pour frapper Karla. Heureusement le trait mortel est stoppé par mon bouclier. Nous tentons plusieurs autres mots, tous infructueux.
- La magie ambiante me permet de maintenir le bouclier sans effort, je finis par dire. Mais il faut nous dépêcher si nous voulons rattraper nos adversaires.
- Comment dit-on ami, dans cette langue? demande Jerhol.
Je me tourne vers lui avec étonnement. Ce guerrier est plus malin qu'il n'en a l'air.
- On dit khalÿun ».
Cette fois un rayon ne jaillit pas mais des ondes se forment à la surface du liquide argenté pour finalement laisser place à un paysage qui semble être la destination du portail. Le semblant de végétation que nous apercevons nous réconforte. Il semble que nous allons être de retour sur notre bonne vieille planète.

Nous franchissons le dernier portail l'un après l'autre pour finalement arriver sur un sol rocheux. Bien que familière de loin, la végétation nous est en fait inconnue et elle est également composée d'énormes champignons.
En explorant les environs, nous finissons par découvrir que nous sommes en haut d'une falaise. En bas nous apercevons émerveillés les restes d'une antique cité en ruine à l'architecture inconnue. Mais ce qui attire le plus notre attention est la pyramide au centre de la cité, à sommet plat, et surmontée d'une énorme boule en lévitation composée de deux énergies, l'une blanche et l'autre noire, qui tournoient sans jamais se mélanger. La boule émet une forte lueur qui se reflète sur le dôme au-dessus de notre tête et qui illumine l'immense caverne dans laquelle nous nous trouvons et que nous découvrons avec stupéfaction.
« Qu'est-ce que c'est ? me demande Hatuka.
- Je n'en suis pas sûr, mais je crois que ce sont les essences de Manarus et d'Ororus.
- Et la Porte de Thaun ? Ou est-elle ? demande Jerhol.
- C'est aussi la Porte de Thaun, dit Karla, j'en suis certaine.
-Allons-y prudemment, finit par dire Hatuka. Ca ne me plaît pas de rester ici surtout que la S.I.A.T. et Tharken ne doivent pas être bien loin.
- Tu ne crois pas si bien dire! » s'écrie une voix derrière nous.
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Mounty Hall, la Terre des Trolls
La clérocratie

Des Intrus. Encore des Intrus. Il en vient beaucoup. Nous devons arrêter la venue des Intrus. Il faut fermer la porte.
Les Nouveaux Intrus sont attrapés par les Anciens Intrus. Les Anciens Intrus chassent aussi les Intrus ?.... Nooooooon ! Nous, on chasse les Intrus pas eux. Eux se sont des Intrus. Il faut les chasser...

Ho ! Ils se battent. Les Intrus se battent entre eux. C'est bien... C'est bien...
Les Nouveaux Intrus sont forts... Le plus grand assomme deux Intrus avant de vraiment se battre contre un troisième. Trois Anciens Intrus sont repassés par la porte. L'Intrus moustachu les a poussé là-bas sans les toucher. Le troisième Intrus a rien fait... il doit être faible. Et le dernier Intrus, celui sombre comme nous, a tiré des flèches. Mais il est plus grand que nous alors c'est plus efficace. Il a pas besoin de Piliti.

Les Anciens Intrus sont tous par terre. Les Nouveaux Intrus sont forts mais nous sommes plus nombreux. Il faut fermer la porte.

- « Écoutez. Il faut attraper l'Intrus Faible. Après nous contrôlerons les autres Intrus. Regardez, ils parlent entre eux. Attrapons les pendant qu'ils ne font pas attention. »


- « Bon Karla, on va par où ? » Demande Mandrax. « En tant qu'élue tu devrais le savoir ou le « sentir » non ? »
- « Je n'en sais rien. Je... je ne sais même pas si je suis cette élue. Mais je sais une chose : c'est que la porte de Thaun est juste là . » Elle désigne alors du doigt la pyramide où brille le globe.
La flore étrange qui couvre ces lieux semble avoir poussé grâce à la lumière que dégage le globe. Champignons géants, fougères épaises d'un vert sombre, arbres aux formes torturées... une vrai jungle souterraine.
- « Je n'ose même pas penser à ce qui se cache sur notre trajet pour rejoindre la porte.» dit Jerhol.
- « Qu'est ce que c'est que ça !? » s'exclame Hatuka.

- « Nous sommes repéré ! Dépêchons nous de les attraper ! »
De la végétation luxuriante jaillissent une multitude de petites flèches, grande comme la paume d'une main.
Hatuka se jette à terre mais c'est trop tard pour Jerhol et Karla qui s'effondrent, criblés de petits dards empoisonnés. Mandrax dans un réflexe de survie, dresse une barrière qui arrête sans difficulté les projectiles.

Les Intrus sont vifs mais ils ne pourrons pas résister longtemps.
Hatuka fini par se faire toucher par une flèche, puis deux , et comme ses amis il reste allongé à terre.
Seul Mandrax reste debout.

- « Toi ! Arrêtes ta magie ! Nous avons gagné ! Nous avons vaincu les Intrus ! »
Mandrax affiche un grand sourire en entendant ma voix sur-aiguë. « Il n'en est pas question ! »
- « Si ! Nous vous avons attrapés ! Ma stratégie est meilleure que la tienne ! Arrêtes ! Ou alors nous ferons arrêter ta magie ! »
- « Et comment vous all... »
Avant qu'il ai pu finir sa phrase, Mandrax s'envole. Lentement. Il s'approche dangereusement du bord de la falaise.
« D'accord ! D'accord j'arrête ma magie ! »
Une dernière volée de flèches crible Mandrax qui s'effondre, à son tour, inconscient.

« Nous avons eu les Intrus ! »
C'est dans les piaillements, et les cris de joies que nous rentrons au village.

Il a fallu au moins cinq hommes pour porter chaque Intrus que nous avons chasser et les amener au village. La descente de la falaise fut le passage le plus délicat. Mais nous sommes fort et avons l'habitude de cet endroit.
Les Intrus sont allongés sur la place et je vais chercher mes habits d'apparat. C'est moi le chef après tout.
Un à un, ils se réveillent, attaché comme tout les morceaux de viande que l'on va manger. Leurs yeux deviennent ronds en nous voyant. Pourtant hormis la taille on est pas très différent. Les cheveux peut-être, ils sont plus frisés chez nous.
Dans mon beau costume fait de palme, de tissu et de toile, je m'approche, fier. Et je baisse les yeux pour regarder la Nourriture Intrus saucissonnée à mes pieds.
« Nous avons gagné ! La porte est fermée ! Et vous avez perdu ! Donc... vous serez mangés. »
L'oiseau, de l'homme à la même couleur de peau que nous, s'approche de son maître difficilement. Il a du mal à respirer. Ces Intrus sont pitoyables, ils ne savent pas soigner correctement.
Je ramasse l'oiseau sous le regard affolé de Hatuka. Le caresse doucement, le soigne, et à nouveau il peut voler.

Le chaman arrive et me montre le Livre Sage.
- « Il faut parler Chef Ma. Les Intrus sont étranges. »
- « Mettez la viande dans la Mangerie! J'arrive. »
Les corps incapables de bouger sont transportés dans une grande hutte, propre, ou une dizaine d'autres humains, nus, sont aussi ligotés. Mais il semble avoir rendu l'âme il y a plusieurs jours.


« Vous avez vu ça !?» Hatuka semble au ange malgré la situation plus que précaire. « il a prit Kota dans ses mains pendant quelques secondes et Kota s'est envolé ! Guéri ! »
« J'ai surtout vu qu'ils avaient tous le même tête ! Des répliques de la même personne en miniature ! Il doit y en avoir des centaines dans le village » Reprit Mandrax.
« Mandrax, tu peux nous libérer ? J'aimerais montrer à ces...ces..pigmés miniatures ce qu'il en coûte de me capturer. » dit Jerhol en serrant les dents.
« Je partage ton sentiment... Surtout que je ne peux rien faire. Pas de pouvoir. Enfin... plus de pouvoir... Qu'est ce qu'il m'a fait? »
« Et il y avait quoi sur ce ridicule bout de parchemin pour qu'ils s'agitent comme ça?» rajoute Karla

J'ouvre la porte à la volée, entre rapidement et regarde l'Intrus Faible avec mes yeux d'ébènes. Je regarde à nouveau dans le Livre Sage.
« Ces Intrus sont des amis à toi ? » dis-je en désignant les trois autres.
« Oui...pourq... »
« Détachez les Intrus Amis . Nous allons donner la Guerre ! »

Sortant tous ensembles de la Mangerie , devant près de deux cents hommes, tous identiques, la peau tannée par le soleil, n'arrivant même pas au niveau des genoux de Karla, je brandis le Livre Sage.
« Amis ! Moi, Chef Ma, de notre tribu Suran, donne la Guerre aux Anciens Intrus et donne la Guerre à la Pyramide. Le Stratège...euh... » Je me tourne vers l'intrus faible « C'est quoi ton nom Intrus ? »
« Karla, mais je... »
« Le Stratège Karla avec ses Guerriers Intrus Amis viennent avec nous demain pour prendre la Guerre!! »

Une grande ovation accueille la nouvelle !
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naaaan!
je ne suis pas un animal!

Je me réveille avec un mal de crâne horrible, en sueur. Une angoisse sourde et irrépressible m'étreint, une trouille sans nom pour être honnête. Je jette un œil autour de moi et m'en trouve presque rassuré – devrais-je l'être ? – Jerhol, le fier guerrier, semble dans le même état. Karla n'a pas passé la nuit avec nous et Mandrax ne semble pas dans les parages. Je me souviens vaguement avoir entendu ces petites créatures l'emmener en pleine nuit mais je ne suis plus sûr de rien.

« Tout va bien Hatuka ? Tu as vu ta tête ?
- Et toi la tienne ? Non... ça ne va pas... j'ai une trouille pas possible, une envie irrésistible de m'enfuir, c'est presque surnaturel...
- Ca me coûte de l'avouer mais je ressens la même chose. Quelque chose, ou quelqu'un, joue avec nos nerfs.
- Je commence à comprendre pourquoi ceux qui sont parvenus jusqu'ici sont devenus complètement fous... »

L'odeur de cadavres humains n'est pas faite pour soulager nos estomacs déjà noués d'angoisse. Nous sortons du lieu ou nous avons passé la nuit sans nous souvenir comment nous y sommes entrés. D'un coup d'œil circulaire je constate que cette habitation est en fait creusée au cœur d'un des champignons géants qui abondent dans cette région, tout comme le reste du village. Nous avançons au hasard au milieu de ces créatures étranges, écoutant à peine les phrases à peine déchiffrables qu'ils lancent à notre encontre. Les Suran... Dans un éclair de lucidité me reviennent certaines paroles du vieil Awama.

On raconte que seule une race non humaine a réussi à survivre au cœur de la porte de Thaun, leur esprit et leur mode de pensée primitifs les immunise à la malédiction de ce lieu. On prétend que leur affinité à la magie est telle qu'ils savent l'utiliser de manière innée

Nous avançons comme dans un rêve –ou un cauchemar- au milieu de ces immenses champignons, dans une chaleur moite et détestable, dans cette odeur de mort, luttant toujours contre cette terreur insoutenable quand nous sommes soudains pris d'un immense réconfort, comme une chaleur intérieure réchauffant nos entrailles figées d'effroi. Elle se tient devant nous, magnifique, rayonnante. Habillée d'une longue robe dorée, toute auréolée de lumière. Sa beauté nous semble infinie, royale, divine. Son visage de jeune fille effrontée est maintenant celui d'une femme sévère et douce à la fois, paisible. Son regard se porte vers nous et toute peur nous quitte, nous nous sentons prêts à mourir pour elle.

« K-K-Karla ? La bouche de Jerhol semble refuser de se fermer
- Bonjour vous intrus amis, le stratège Karla elle prête à guider armée, vous êtes en forme ? La question est posée avec un naturel inouï, comme si nous venions de passer la soirée tranquillement au coin du feu.
- Je pense que nous n'avons pas le choix. Qui allez vous nous faire combattre ? qu'avez-vous fait de notre ami Mandrax ? Et Karla... que lui arrive t-il ?
- Vous n'écoutez pas et vous posez questions alors que tout est simple. Le stratege Karla est prête à guider armée. Les transparents vont plus nous embêter, oh ça non. Nous avons attendu longtemps le stratège mais maintenant nous allons être tranquilles. »

Les transparents ? allons donc... Jerhol me donne un léger coup de pied pour me rappeler que le chef du village, ce Ma, ne nous a pas répondu à propos de Mandrax.

« Lui intéressant alors nous lui posons questions, ça normal. Il va venir pour grande guerre contre les transparents. Oh ! je presque oubliais ! Voici vos armes mais elles sont mieux, elles ne passent pas à travers les transparents »

Des petits hommes nous remettent notre équipement qui brille d'une lueur nouvelle. La petite armée se met alors en marche dans un relatif désordre, au milieu des sons d'instruments de musique stridents que nous ne pouvons identifier. Karla et Ma sont transportés au sein de cette « armée » sur le dos d'une étrange créature ressemblant vaguement à un scarabée géant. Ma gigote dans tout les sens et lance à ses troupes des ordres contradictoires tandis que Karla reste debout, immobile, regardant droit devant elle. Mais son regard vaut tous les mots d'encouragement, tous les ordres, toutes les raisons de mourir. Nous suivons abasourdis la démarche chaloupée de l'étrange moyen de locomotion, constatant qu'il n'est pas unique. Sans en être certain je pense distinguer Mandrax sur l'un d'entre eux. Kota vole au dessus de nos têtes.

La pyramide se rapproche, semblant maintenant encore plus imposante. Il me semble que la sphère d'énergie qui la surplombe accélère sa course à notre approche. Soudain, sur un ordre de Ma, l'armée s'arrête en haut de la dernière colline. Nous n'entendons plus que le silence mais la présence de Karla réchauffe nos cœurs et aucune peur ne semble capable de nous atteindre. Kota émet un cri rauque tandis que j'aperçois en contrebas une sorte de forme mouvante gigantesque, comme un torrent en furie. Mais les torrents ne remontent pas la pente et ne sont pas de cette couleur gris-noir. En un instant il nous submerge, fauchant des dizaines de surans avant de se replier dans la vallée dans un vaste mouvement ondulant. A peine le temps d'apercevoir qu'il est constitué d'une multitude de visages et de corps fantomatiques. Ma sonne alors d'une corne au son criard et une myriade de flèches pleut sur la vallée avant de se consumer dans l'air. Le torrent d'âmes en peines, le fleuve des esprits, fond une seconde fois sur nous, emportant avec lui de nouveaux surans.

Alors Karla descend du scarabée –ou quoi que ce puisse être – et se place à l'avant de son armée. Elle lève deux bras au ciel, auréolée de lumière tandis que sur l'ordre de Ma, une seconde volée de flèches dorée illumine la valée, sans se consumer cette fois ci.

« Vous à l'attaque !
- Frahyr ! »

Nous nous ruons à l'encontre de la nuée, esquivant ses milliers de bras, frappant ces créatures immatérielles de nos épées, ou les transperçant de nos lances et de nos flèches. A chaque instant des dizaines de surans tombent mais des centaines d'ombres s'évanouissent, éclaboussant le sol d'une substance noire. La victoire est proche, la présence réconfortante de Karla ne nous en fait pas douter un instant. Le torrent d'âmes, ce qu'il en reste, bat alors en retraite au cœur de la pyramide. Le silence se fait à nouveau. Ma avance triomphant à l'avant de son armée. La pyramide n'est plus qu'à quelques centaines de mètres devant nous, uniquement séparée par une monumentale arche de pierres. Une des ombres s'avance alors lentement vers nous, seule. Ma semble circonspect et regarde vers Karla à la recherche d'une réponse. Un visage se matérialise alors dans la forme éthérée.

William ?
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Now that we've fattened the cow and set out to plow unknown enemies - "Wow!" Shouts the startled crowd "Oh no did you see what I did see?" - The ravaged cabbage drifts on dark red skies - And it looks so nice

Vainqueur BB1, BB3, BB5 et BB6

Frahyr ! Quelle lutte ! Nous avons repoussé les ombres et nous avançons vers la pyramide avec l'armée des Surans. Je ne sais pas ce que ces êtres veulent, mais ils ont apparemment le même but que nous : entrer dans ce sanctuaire.
Tout à coup, on s'arrête quand une ombre isolée s'avance. Notre nouvelle Karla, altière et impassible jusque là, gémit :
« Papa.... »

Et ce sont bien les traits de William que je reconnais dans cette ombre.
« Je dois vous parler... »
C'est la voix de notre compagnon, mais assourdie, déformée, comme s'il nous parlait sous l'eau, comme si la substance de l'ombre qui l'entoure lui emplissait la bouche.
Karla descend de sa monture et s'avance. Ça n'a pas l'air d'être du goût du chef Ma qui tente de lui barrer la route. Il commence à m'énerver, le nabot, avec ses grands airs. Sans réfléchir, je le saisi d'un bras et lui plaque ma lame sur le cou :
« Ça suffit, bas-du-cul ! Laisse faire la demoiselle ! »

Mauvaise idée.... Aussitôt, les Surans se retournent vers moi, menaçants. Mais il y a comme un frémissement dans l'air. J'ai déjà ressenti cela, les rares fois où je me suis trouvé près d'un puissant mage en train d'incanter. Et tout les Surans s'arrêtent, paralysés. Par Gortharyk, dieu de tous les Enfers ! Quel mage est assez puissant pour immobiliser toute une armée, fût-elle formée d'aussi petites créatures. Je me retourne. Mandrax !

« Bien, dit-il calmement, maintenant nous pouvons parler.
─ Je croyais que ton pouvoir avait disparu ? s'étonne Hatuka.
─ Disons qu'il m'est revenu au bon moment... »
Ah ! Encore des mensonges et des mystères !
Karla s'est avancée vers l'ombre de son père. Nous la rejoignons.

« Nous t'écoutons, père.
─ J'ai peu de temps. Bien que je fasse désormais physiquement partie de l'Armée des Ombres, j'ai encore une volonté autonome... Mais ça ne va pas durer.
─ L'Armée des Ombres ? intervient Karla.
─ Oui, ma petite fille. Une armée composée de ceux qui ont été transformés par les arches. Le processus a été initié il y a sept mille ans par Ororus et Manarus. Puis, il se sont affrontés pour savoir qui dirigerait cette armée. Leur affrontement a ravagé la région et il se poursuit toujours, dans la sphère.»

Je jette un coup d'œil sur la boule d'énergie noire et blanche surmontant la pyramide. Des dieux y seraient enfermés et s'y battraient ?
« Je sais, reprend William, ça paraît difficile à croire, mais les deux dieux, pour ne pas détruire toute la région, et peut-être même le monde, se sont enfermés dans cette sphère pour y terminer leur affrontement. En attendant le Rituel...
─ Le Rituel ? demande Hatuka.
─ Une cérémonie destinée à donner la victoire à l'un des deux dieux et à prendre le contrôle de l'Armée des Ombres. Voilà le but ultime des ordres d'Ororus et Manarus. »
Je le coupe :
« L'Armée des Ombres, l'Armée des Ombres ! Faut pas exagérer ! Avec les Surans, on l'a quasiment vaincue l'Armée des Ombres ! »
William éclate de rire... et Mandrax aussi.

« Mon pauvre Jehrol, dit l'ombre du docteur. Vous n'avez fait que résister à une infime partie de l'Armée des Ombres. Certes, grâce au traitement que les Surans ont appliqué à vos armes, vous avez détruits quelques centaines d'ombres. Mais peux-tu seulement imaginer combien ont été créées depuis sept mille ans ? Tous ceux qui, attirés par les fausses légendes sur la porte de Thaun, sont passés par les deux arches de transformation ?
─ Comment ? s'exclame Karla. De fausses légendes ? Et le peuple de la porte de Thaun ? Les rescapés ? les élus ?
─ Désolé, ma fille...
─ Mais, pourtant, les expériences sur les enfants avec l'humeur noire ?
─ Oh, ce n'est qu'un essai. L'humeur noire est un produit engendré par Ororus, comme le manaryl l'est par Manarus. Si Ororus triomphe, la seule façon de combattre l'Armée des Ombres, c'est d'enchanter des armes avec de l'humeur noire. Si c'est Manarus qui l'emporte, il faudra utiliser du manaryl. Pour le moment, l'un ou l'autre fonctionne puisqu'il n'y a pas encore de vainqueur. Le groupe qui t'avait enlevée et qui a réalisé des expériences sur les enfants faisait sans doute partie de l'ordre de Manarus... »

Et, en prononçant des dernières paroles, William se tourne vers Mandrax... Karla, Hatuka et moi attendons une explication de sa part mais il enchaîne par une nouvelle question :
« Pourquoi l'Armée des Ombres s'est-elle retirée ?
─ Parce que quelqu'un a commencé le rituel. L'affrontement des dieux touche à sa fin. L'Armée des Ombres va bientôt avoir son maître.
─ Quoi ! rugit Mandrax.
─ Et oui, ô Grand Maître de l'Ordre de Manarus. Il semblerait que ton ennemi Tharken Kauwitz, Grand Maître de l'Ordre d'Ororus ait été plus prompt que toi... »
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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel

Ah ! Je sens quelqu'un qui s'approche. Un homme, semble-t-il. Son corps entier sent l'essence du jumeau Sombre... Ainsi, c'est l'Obscur qui a gagné. Intéressant. Mais où est donc le représentant Clair ? Ah, le voilà qui arrive en courant. Bizarre, ses suivants semblent rechigner à le suivre. Les disciples du Clair sont pourtant sensé pouvoir convaincre leur auditoire à cent pour cent... Bah, après tout ce temps, l'influence du Jumeau Clair a sûrement dû perdre en la puissance. Ils ne pourront pas arrêter le rituel, de toute façon... Pas sans moi en tout cas ! Intéressante façon d'utiliser les insectes locaux, soit dit en passant.
Évidemment, l'autre ricane. Il ne sait pas qu'un des jumeaux va devoir investir son corps...

Il est temps pour moi d'agir.

" Uh ? Où sommes-nous ?
- Aucune idée ! On combattait les Ombres avant de se retrouver ici. Quelle blancheur !
- Du blanc à perte de vue...
- Salutations
- Vous ! Vous êtes la plus grosse des Ombres, n'est-ce pas ? Pourquoi n'attaquez-vous pas ?
- Je ne vous veux pas de mal.
- Où somme nous ? Que nous voulez-vous ?
- Vous êtes dans une bulle temporelle. Vous êtes dans une matrice à l'intérieur de moi-même, en quelque sorte. Ce que je veux de vous ? Hum... Votre aide.
- Comment ?
- Laissez-moi vous raconter une petite histoire.
Il était une fois une mère. Elle était enceinte et un beau jour, donna naissance à deux bambins. Ceux-ci, en grandissant, devinrent de puissantes créatures, capable de modifier le tissu même de la réalité. Ils ont créé, et détruit, de nombreuses choses.
Une de leur création est un dispositif capable de convertir leur énergie spirituelle en une matière palpable, qui pouvait être réutilisé plus tard non seulement par eux-mêmes, mais par le commun des mortels aussi. Ils découvrirent vite que la machine pouvait aussi absorber l'énergie d'autre personne, au prix de leurs corps et de leur vie. Pris d'une soif de pouvoir, ils décidèrent de conquérir le plus de territoires qu'ils pouvaient.
Heureusement, un troisième frère était là. Agissant discrètement, il modifia la machine afin de qu'il ne produire qu'un minimum de substance et de laisser la majeure partie de l'énergie s'échapper. Effet secondaire, les personnes dotées d'une volonté assez forte jetés dans la machine peuvent garder un semblant de vie, mais sans grande volonté.
Ayant découvert ce sabotage, les deux jumeaux tentèrent de jeter leur cadet dans la machine. Celui-ci avait prévu ce coup, et réussi à attirer ses agresseurs dans le même piège que lui. Les jumeaux furent transformés en esprit pur, tandis que le cadet semblait avoir disparu. Les deux continuèrent donc leur conquête, en utilisant les « restes » de la machine comme outil. Mais ce faisant, ils étaient également devenus des rivaux : qui aurait le plus d'Ombre ? Apparemment, le monde était condamné à---
- S'il vous plait, est-ce que vous pourriez abréger ? Une sorte de dieu est entrain de renaître !
- Hum. Très bien. J'ai besoin de vous pour détruire ce que vous appelez « Ororus ».
- Comment ?
- Si vous m'aviez laissé finir mon histoire, je vous aurais dit que les jumeaux ont trouvé un moyen de réintégrer le monde physique, mais au prix de nombreuse année d'attente et d'une grande quantité d'énergie. Je pense que vous avez deviné de quoi il s'agit, c'est le rituel qui est entrain de se produire. Heureusement pour nous, le début du rituel par l'un signifie la disparition de l'autre...
- Attendez un peu ! Qu'est-ce qui vous dit qu'on va vous aider ?
- Avez-vous seulement le choix ?
- Humpf...
- Bien. Voilà mon plan : j'ai moi aussi besoin d'un corps. Je crois que vous l'avez deviné, je suis le Troisième. On peut empêcher une renaissance complète d'Ororus en me faisant renaître en même temps. Il sera alors affaibli et nous pourrons l'éliminer. Après ça, je tenterai de quitter mon hôte.
Malheureusement, je ne peux assurer l'intégrité physique de celui-ci..."
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Securom, ça suxe

- "Où sont les intrus !? Cherchez les !! La porte passé, ils ont disparu ! Cherchez ! Cherchez !"

Les Transparents ont peur de nous. Ils ne nous ont plus attaqué depuis que NOUS avons passé la porte. Mandrax va nous le payer ! Il a utilisé sa magie contre nous, et il a disparu avec les autres et le grand stratège Karla. Nous allons nous venger.
Il nous a bloqué trop longtemps, maintenant nous sommes moins, peut-être dix ou cent...

- "Chef Ma ! Nous les avons retrouvé !"
- "Menez nous à eux."

Des grands Intrus sont au pied de la pyramide. Le plus petit mais celui qui a l'air le plus méchant est dans un drole d'état. Il regarde la sphère de Lumière et semble la manger. La quantité de Lumière diminue... C'est pas bon ça...
A ses pieds, il y a une dame bien habillée. Elle est morte. Le ventre ouvert. Il va la manger ?
Les autres semblent effrayé, enfin pas tous, mais certains, ceux qui ressemble le plus aux Intrus gardiens des Portes.

- "Chef Ma, il faut faire quelque chose. La Lumière disparait... Apres ca sera le NOIR."
- "Tu as raison Chaman. Et d'ailleurs ce ne sont pas les bons Intrus."

Je me lève et avance fièrement vers les Intrus sous le regard médusé de mes hommes.
- "Hola Intrus !! Que faites vous ici ? Vous venez manger ?" Dis-je en designant la femelle gisant à terre. Trois hommes, deux combattant et un en robe courent vers moi, les armes à la main.
- "FEU!!"
Une volée de flèches part des fourrés derrière moi, clouant mes trois Intrus Assaillants sur place.
- "Partez d'ici et laissez la Lumière. Nous avons besoin de la Lumière."
- "Le petit a raison." Coupa Jerhol.

Une brume épaisse dépose les uns après les autres les Intrus Amis à coté de moi.
Le Stratège, Hakuta et Mandrax.
- "FEU !!"
Une volée de flèches part vers ce dernier.
Ils les arréte toutes d'un mouvement de la main, et me fusille du regard.
- "Espèce d'ahurit ! On est en train de te voler ta Lumière et toi tu penses qu' à.... qu' à une stupide revanche ! Je te la donnerais ta revanche mais pas avant d'avoir réduit en miette ce bon Tharken!"

Le regard de Mandrax dit vrai.
- "Tu as peut-être raison....Magicien Intrus. Nous donnerons vengeance plus tard. FEU !!"

Un volée de flèche part vers le groupe de personne au pied de la Pyramide. Elle se consument en un instant lorsque les gens en robe les regardent.

- "Cinq gardes, huit prêtres et Kauwitz, ça va pas être facile..." murmure Hatuka
- "Qui est à ses pieds?" demande Karla .
- "L'impératrice... Il semble que le rituel demandait un sacrifice..." reprend Mandrax.
- "Bon on fait quoi, on continu à se regarder dans le blanc des yeux ou on agit? Frahyr me démange..."
- "Combien te reste t'il d'hommes?" demande Karla
- "Je ne sais pas stratège, pas beaucoup."
A ces mots mes hommes sortent de la végétation.
- "Il sont encore plus d'une centaine!!" S'exclame Hatuka
- "Et bien tant mieux" repond Mandrax. "Allez, à toi de jouer." Dit-il en levant les yeux.

La brume épaisse se relève et nous emmène.

- "C'est pas normal Chef Ma, il fait blanc dans la brume sombre."
- "Là!! Un transparent géant!" Hurle un soldat
- FEU!

Le transparent s'approche de nous, ignorant totalement les traits empoisonnés.
- "Ils semble que le choix ai été plus que judicieux..."
Il attrape le premier homme à sa portée et l'engloutit.
- "Ah, que c'est bon. Viens par ici mon frère." Il engloutit plusieurs de mes hommes, en se raprochant de nous.
En une poignée de secondes, il engloutit plus des trois-quart de mon être. Chaque partie de moi essaient de fuir la prison de Thor. Mon frère maudit.
Plus il mange des parties de moi, plus mon âme se regroupe, se recompose.
Je suis Manarus. Mon corps et mon âme furent réduit en minuscule petit fragment lorsque nous le combatîmes avec Ororus. Lui ne fut plus que Ombre et Lumière, barrière qui emprisonna Thor. Si la Lumière ou bien l'Ombre venait à disparaitre alors Thor reviendra et nous ne pourrons rien faire.
Il ne reste plus que dix bouts de moi. Je dois prevenir les autres. Ils doivent arrêter le rituel, et renoncer au leur...

Karla; Voici venir ta première vision...
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naaaan!
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L'équilibre au sein de ton groupe ne doit pas être rompu

Les mots du vieil Awama ne reviennent. Je les ai longtemps retournés dans ma tête sans trouver de réponses mais devant les derniers événements ils se rattachent à d'autres paroles, alors anodines ou énigmatiques, distillées par le sage lors de notre rencontre.

Il n'est pas d'ombre sans feu pour la faire danser

L'aube n'existe que par la nuit

Il n'y a pas de vie sous le soleil brûlant du désert

Il n'y a de vrai repos que dans le noir

Le mal et le bien n'existent pas. Seuls existent la trahison et la loyauté, la duperie et la confiance

Ororus et Manarus ne peuvent exister l'un sans l'autre. De leur affrontement ne peut résulter que leur mort à tous les deux et la fin de toute vie. Thor... La duperie... sept millénaires de duperie et de mensonges pour attirer ici de quoi retrouver sa puissance, de quoi forger son armée et surtout attirer ici ceux qui réaliseront le rituel qui le libérera. Et nous lui avons tout amené sur un plateau. Nous nous sommes laissés bernés par ses légendes. Nous nous sommes laissés bernés par cette apparition de William. Nous nous sommes laissés bernés par son discours. Nous lui avons permis de se matérialiser.

Karla semble avoir compris, elle aussi. Elle a retrouvé toute sa sérénité et se tient droite, les yeux fermés.

L'équilibre au sein de ton groupe ne doit pas être rompu

Mandrax grand prêtre de Manarus. L'équilibre... Elle ne peut qu'être liée à Ororus. Difficile de déceler en elle cette ombre pourtant. Pourtant...

Il n'est pas d'ombre sans feu pour la faire danser

Kauwitz nous donne la réponse.

« Bien Mandrax. Je vois que tu as amené avec toi l'autre élue. Je sais que c'est elle. Elle dégage la même aura que la première. C'était la moindre des choses cela dit. S'approcher de l'impératrice et gagner sa confiance fut une tâche bien plus complexe que la tienne. Etrange clin d'œil du destin tout de même que tu amènes ici l'héritière d'Ororus et moi celle de Manarus.
Par contre tu aurais pu nous épargner à tous deux cette alliance douteuse ! »

Il désigne du regard l'ombre qui a encore grandit. La situation est de plus en plus confuse. Kauwitz se tient à côté de l'autel, le corps sacrifié de l'impératrice gisant à ses pieds. Les surans restants sont dans notre dos. Ils semblent terrifiés. Devant eux Jerhol, épée au clair et sur le qui vive. A côté de moi Karla, plus ténébreuse de seconde en seconde, toujours plongée dans une sorte de transe. Devant moi Mandrax, brûlant d'en découdre avec Kauwitz mais ne sachant comment réagir face à l'ombre. Et cette ombre, ce Thor, au milieu. Avançant vers nous, toute sa volonté concentrée sur les surans. Pourquoi sur les surans ?

Il passe à hauteur de Mandrax, laissant le champ libre aux deux grands prêtres pour leur affrontement. Des éclairs lumineux de toutes couleurs partent alors de leurs mains, une aura lumineuse entourant Mandrax, une aura sombre entourant Kauwitz.

« Mandrax ! Non ! Karla s'adresse à lui d'une voix posée et autoritaire
- Alons donc. L'élue d'Ororus qui prend enfin partie pour son clan. Je me demandais quand tu le ferais
- Non Mandrax, tu te trompes, ce n'est pas lui notre ennemi !
- Tais-toi, traîtresse ! Que compte tu faire ? Le rejoindre pour te faire éventrer comme l'impératrice ? C'est tout ce qu'il attend de toi »

Déconcentré par ce dialogue, Mandrax ne peut éviter une attaque de Kauwitz et se retrouve propulsé au sol. Il se relève difficilement, le visage grimaçant de douleur.

« Maintenant je sais que je n'aurais aucun scrupule à te sacrifier pour le rituel, traîtresse ! »

L'équilibre au sein de ton groupe ne doit pas être rompu

L'ombre s'avance toujours vers les surans, déterminée. Je me mets en opposition. Jerhol semble perdu mais imite mon attitude.
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Vainqueur BB1, BB3, BB5 et BB6

« Ô Jehrol, Grand Maître de Toutes Choses, Sublime Seigneur aux Milles Vertus, Puissant Dieu du Combat, Reproducteur Suprême...
─ Oh, ça va, abrège, Nefud ! »dis-je en faisant un geste désinvolte dans sa direction.
En poussant un gémissement de surprise et de terreur, Nefud Orkhan se est propulsé à cinq mètres. Geignard et obséquieux, voilà dans quel état je l'ai réduit après l'avoir ressuscité.
« Mais, Maître, vous avez de la visite...
─ Et tu ne penses pas que je le sais déjà ? A quoi me servirait mon omniscience ? Va accueillir Hatuka avec tous les honneurs dus à son rang ! »
Mon larbin s'éloigne, courbé et presque rampant, pour se prosterner devant Hatuka qui fait son entrée dans le hall de mon palais. Je sens la puissance émaner de lui. Et je sais qu'il ressent la même chose à mon endroit.
Une frêle silhouette claudicante et servile porte la traîne de son immense cape verte. Cette vieille fripouille de Mandrax ! Ainsi, Hatuka a agit vis-à-vis de lui comme je l'ai fait pour Orkhan. J'apprécie l'ironie de la chose à sa juste valeur.
L'ancien rôdeur au faucon s'immobilise à quelques pas de moi. Nos regards se croisent et se verrouillent. Aussitôt, les souvenirs nous submergent.

La Porte de Thaun... La lutte entre les trois frères... Ororus, Manarus et Thor. Et les deux grand prêtres des deux premiers, Kauwitz et Mandrax s'affrontant dans une lutte à mort. William, disparu parmi les ombres... Sa fille Karla, attendant le vainqueur, brebis promise au sacrifice... Et nous deux, les combattants, les esprits loyaux perdus dans un combat qui n'était pas le nôtre. Trahis, dupés, mais pas inactifs.
« Suis-moi, Hatuka ! ai-je dit.
─ Pour aller où ? Nous ne pouvons lutter contre les forces qui se déchaînent !
─ Justement, mon ami. Ne combattons pas. Il me semble que l'on se désintéresse de nous. Entrons donc à l'abri, dans le Temple. »
Hatuka acquiesça et me précéda dans le mausolée. Tout était sombre, et calme. Dehors, l'affrontement des dieux faisait rage. J'éprouvais une sensation étrange : un combat avait lieu et je n'y prenais pas part.
« Visitons un peu cet endroit, proposa le rôdeur. Histoire de savoir dans quoi nous allons mourir. »
Les immenses salles étaient vides, les couloirs interminables déserts. Nous arrivâmes dans ce qui me paraîssait être le centre du Temple. Un autel trônait, enveloppé d'une lueur venue de nulle part. Au-dessus de lui, une sorte de... bouteille flottait. Avant que je ne puisse dire le moindre mot, Hatuka s'en empara. Un triple cri venant de l'extérieur et perçant les murs épais retentit. Un cri de rage, de frustration, de défaite millénaire et de peur. Il me sembla que l'univers en était ébranlé. Comme une machine gnome sans âme, Hatuka porta la fiole à ses lèvres et bu. Je sentis l'air frémir autour de lui. Il me tendit la bouteille en prononçant ces paroles à jamais gravées dans ma mémoire :
« L'équilibre doit être préservé. »
Je bus à mon tour. La substance à l'intérieur de la bouteille n'était ni liquide, ni gazeuse. Glacée, elle s'écoula étrangement dans ma gorge et envahit mon corps. Et je SUS.
Je compris la significations de mots comme DIVINITE et PUISSANCE. Nous venions d'absorber « l'âme » des trois dieux qui s'affrontaient au dehors. Leurs machinations stériles les avaient conduits à se séparer de la plus grande partie pour faire fonctionner leur piège et le reste reposait ici, dans cette bouteille, depuis des millénaires. Et Hatuka et moi venions de nous en emparer, de la faire nôtre. Je voyais tout, savais tout, percevais tout. Des sens nouveaux naissaient en moi, le pouvoir m'inondait.
Soudain, trois formes surgirent du couloir : Ororus, Manarus et Thor. Hurlant de colère, ils s'avançaient vers nous. Nous ne sortîmes même pas nos armes. Au fur et à mesure de leur progression, ils se ratatinaient, se flétrissaient et finirent par disparaître totalement. Hatuka et moi étions seuls, deux Dieux surpuissants. Je sentis d'autres présences divines, tel Frahyr ou Derydhael, mais tellement plus faibles que nous. Par contre, Hatuka était comme une ombre dans mes nouvelles perceptions. Et j'étais de même pour lui. Nous avions absorbé chacun une partie de l'âme des trois dieux. Nous étions désormais tout-puissants, omniscients.. sauf en ce qui concernait l'autre. Egaux.
Une lueur dans l'œil d'Hatuka. J'eus moi aussi la tentation du combat. Demeurer le Seul. Quelques instants s'écoulèrent et, comme mon compagnon me le fit remarquer ironiquement plus tard, ce fût moi qui dit le premier :
« Non mon ami. Je suis las des guerres. Je peux parfaitement supporter ta présence.
─ Oui, répondit Hatuka. Seul, je m'ennuierais.
─ J'ai juste quelques dieux minables à vaincre, ajoutais-je. Frahyr, entres autres.
─ Je te comprends. J'ai aussi quelques comptes à régler.
─ Ensuite je m'établirai dans les montagnes du nord.
─ Je t'y retrouverais. »

Et nous voilà de nouveaux réunis. Et de nouveau je ressens, et je pense qu'Hatuka éprouve la même chose, l'envie de le combattre. Puis, la tentation disparaît et mon égal m'adresse un large sourire.
« Non.
─ Tu as raison. J'ai terminé mes combats.
─ Frahyr ?
─ Vaincu.
─ Tu l'as tué ?
─ Non. J'en ai fait mon jardinier. Passer son immortalité à s'occuper des fleurs, beau châtiment pour un ancien dieu de la guerre. »
Nous éclatons de rire.
« Tu as réservé à Orkhan le même sort que moi à Mandrax. J'apprécie.
─ Et William ?
─ J'ai voulu le rappeler à la vie mais il a refusé. Karla ?
─ La plus belle de mon harem.
─ Petit salaud, va ! s'exclame Hatuka en riant. Tiens, pendant que j'y pense, je t'ai amené quelques herbes d'Awama. Nous pourrons les fumer devant le spectacle.
─ Riche idée !
─ Comme la tienne d'avoir aboli les guerres...
─ Abolies, abolies...
─ Disons de les avoir remplacées par ce ... jeu ?
─ Le Bloodbowl ! J'adore ça ! Des match superbes nous attendent.
─ Ah oui !
─ Les Amazones d'Ayane contre une équipe gobeline... avec en vedette notre ami Aruk. Puis des elfes emmené par Renato et dirigés par un entraîneur prometteur... Saelis, contre les terribles orcs de la Division Ruine et leur coach Gottorp.
─ N'est-ce pas un dieu mineur celui-là ?
─ Oui, le dieu des Zoophiles.
─ Bon arrête de parler et fait tourner le joint Jehrol ! »
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Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras.
Le droit à la différence s'arrête quand ça commence à m'emmerder sérieusement.
Le Colonel